Syrie - Brigade Michael Israel : des volontaires antifascistes contre l'armée turque

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Matteo Puxton, édité par la rédaction
Publié le 16 mai 2018 - 11:43
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Brigade Michael Israël
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Dans une vidéo, les combattants français de la brigade Michael Israel menacent l'Etat français.
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Des centaines de volontaires internationaux, dont des Français, se battent toujours aux côtés des Kurdes syriens, à la fois contre l'Etat islamique et l'armée turque. La brigade Michael Israel est une de ces unités internationales des Forces démocratiques syriennes. Matteo Puxton, spécialiste des questions de défense et observateur de référence du conflit irako-syrien, présente en partenariat avec "France-Soir" le témoignage exclusif d'un des ces combattants français.

A partir de 2014-2015, plusieurs centaines de volontaires occidentaux ont rejoint les rangs de l'YPG, la milice kurde syrienne, noyau des Forces démocratiques syriennes (FDS) appuyées par les Etats-Unis et la France. Beaucoup ont servi dans l'International Freedom Battalion (IFB), l'unité qui regroupe à partir du 10 juin 2015 les étrangers, répartie en de nombreuses sous-unités, mais certains ont parfois opéré avec d'autres formations.

Comme chez les djihadistes, les profils sont variés: des anciens militaires, parfois proches de l'extrême droite, des personnes qui se placent à l'extrême gauche, ce qui est logique au vu du positionnement politique du PYD (parti kurde syrien) et de l'YPG (sa branche combattante), et des gens sans motivation politique bien définie. Si ce recrutement hétéroclite existait encore jusqu'à l'an passé quand les FDS combattaient l'Etat islamique, l'invasion du canton d'Afrin par la Turquie en janvier dernier a désormais surtout réduit cette frange de combattants étrangers aux sympathisants d'extrême gauche, venus de divers courants. C'est dans ce contexte qu'apparaît la brigade Michael Israel, qui répond aussi au nom d'Antifascist Forces in Afrin (AFFA).

La page Facebook du groupe est ouverte le 13 février 2018. Cette page communique en plusieurs langues, essentiellement l'anglais mais traduit aussi ses textes en français et en italien. C'est l'organe de propagande le plus productif. Une photo présente sept hommes en armes (tenant tous différentes versions du fusil d'assaut AK, dont un P.M. 63 roumain), autour du drapeau de l'unité, qui apparaît en haut à droite, et d'un drapeau de l'Action antifasciste internationale. On reconnaît sur le drapeau les trois flèches qui deviennent, à partir de 1934, le symbole antifasciste de prédilection au sein de la SFIO. La déclaration de fondation est la suivante:

"Nous sommes un groupes de communistes, socialistes, anarchistes et antifascistes, venus des quatre coins du monde. Même si nous venons de différents courants idéologiques et de différents contextes culturels, nous sommes unis au Rojava par les principes de solidarité, d’internationalisme et d’antifascisme. De Manbij à Raqqa, nous avons combattu avec les YPG, YPJ et les Forces démocratiques syriennes (SDF) et un grand nombre de forces révolutionnaires turques contre la barbarie de Daech. Nous sommes à nouveau réunis à Afrin pour combattre le fascisme, l’impérialisme et le terrorisme aux côtés de nos camarades.

Les internationalistes ont versé leur sang pour lutter contre le fascisme. De la martyre Ivanna Hoffman, l’une des premières internationalistes au Rojava, au martyr Michael Israel, assassiné par une frappe aérienne turque à Manbij, au martyr Jack Holmes, tombé à Raqqa alors que la capitale de Daech était libérée par les forces antifascistes, nous honorons les martyrs en poursuivant leur combat.

La résistance à Afrin est l’un des moments les plus critiques dans la lutte contre le fascisme de notre époque. Le moment d’agir, c’est maintenant. Nous appelons à la solidarité internationale avec la lutte d’Afrin. Nous appelons les révolutionnaires internationaux déterminés à rejoindre notre lutte. Nous appelons également à des actions civiles larges contre l’État turc à travers le monde. Par l’unité nous triompherons. Par la solidarité, nous vaincrons nos ennemis.

Shéhid namirin ! Bijî berxwedana Efrîné !

Mort au fascisme! Mort au colonialisme!

Vive la solidarité internationale!

Forces Antifascistes à Afrin (Antifascist Forces in Afrin - AFFA)

Brigade Martyr Michael Israel

13 février 2018".

Ce communiqué insiste donc sur la communauté idéologique d'extrême gauche, la participation préalable au combat contre l'EI, au sein de l'YPG ou des FDS, et le combat à mener contre l'Etat turc, y compris en dehors du champ de bataille syrien. On observe aussi que les morts sont qualifiés de "martyrs"; le terme est fréquemment utilisé, en Turquie ou chez les Kurdes, pour désigner les morts au combat. D'ailleurs la brigade a pris le nom d'un de ces "martyrs", Michael Israel, (nom de guerre Robin Agiri) engagé dans l'International Freedom Battalion aux côtés de l'YPG, et tué dans un bombardement turc dans le village d'Arima, au nord-est d'al-Bab, le 29 novembre 2016.

Ici l'emblème associe au portrait de Michael Israel, en bas à droite, le symbole de l'antifascisme au centre à celui de l'YPG, la milice kurde syrienne. On note le terme "Sehid" (martyr).

Un autre communiqué du 13 février 2018 évoque "le fascisme d'Erdogan" et demande des actions, des manifestations et des déclarations syndicales à l'international pour soutenir le combat de la brigade. Le compte Twitter est créé le même jour. Il communique essentiellement en anglais, à l'exception des retweets parfois faits dans d'autres langues, et il est un peu moins productif que la page Facebook. Les contenus ne sont pas systématiquement les mêmes.

Selon le témoignage d'un combattant français de l'unité, la brigade Michael Israel est commandée par deux représentants directs issus de différents partis turcs membres des Forces révolutionnaires, une structure regroupant cinq différents partis communistes turcs et l'Affa. L'emblème de l'unité est un mélange entre la cause de l'extrême gauche et la cause kurde syrienne. Au centre, on reconnaît l'emblème de l'Action antifasciste (drapeau noir et drapeau rouge cerclés en noir), et autour, le soleil jaune et le vert du drapeau kurde du canton d'Afrin.

Les publications sur les deux réseaux sociaux depuis le 13 février se partagent en plusieurs thèmes. La brigade Michael Israel fait connaître son combat et ses positions idéologiques par des interviews ou des communiqués. Le 14 février, une vidéo pour AFN News, une télévision kurde basée aux Pays-Bas, montre le témoignage de plusieurs membres des Affa. Parmi eux, un Français, qui combat depuis 14 mois sur place, qui a participé à la bataille de Raqqa dans l'IFB avant de rejoindre l'Affa à Afrin.

A gauche, le Français de l'AFFA qui témoigne dans la vidéo du 14 février. Capture d'écran.

Le 15 février, un nouveau communiqué qualifie la brigade de groupe militaire de révolutionnaires d'extrême-gauche, défendant le peuple d'Afrin contre "l'invasion de l'Etat turc et des proxies salafistes". Ce qui explique évidemment le choix du nom de Michael Israel, tué par les bombardements turcs. Le communiqué dit aussi que leur foi en leur cause a été renforcé par le laps de temps écoulé entre la fin de la bataille de Raqqa (octobre 2017) et le début de l'opération turque à Afrin, qui leur aurait permis de constater l'amélioration de la vie des habitants dans les zones reconquises. Un nouvel appel aux actions extérieures est lancé (une comparaison est faite avec le Vietnam): il s'agit de viser la réputation internationale de la Turquie, ses liens économiques et ses institutions politiques.

Le 16 février, le compte Twitter partage la photo d'Abdullah Öcalan, le chef du PKK emprisonné en Turquie. Il dénonce son arrestation comme un complot des "forces de l'impérialisme": le MIT turc, la CIA, le Mossad et les gouvernements occidentaux. Le compte partage aussi un chant à la gloire de la défense d'Afrin, Efrîn Tola Salan. Un montage photo compare la résistance à Afrin à la défense de Barcelone en 1936, contre le "colonialisme appuyé par l'OTAN, le fascisme". Un communiqué du 19 février indique que la Turquie fait le jeu de l'EI en envahissant le canton d'Afrin, et soutient que cet Etat est à l'origine du groupe djihadiste. Elle indique aussi que les Etats occidentaux défendent les pays qui arment les "terroristes salafistes": Turquie et Arabie Saoudite. L'annonce promet d'aller jusqu'à la victoire quitte à déclencher "deux ou trois Vietnam" à travers le monde. Le compte Twitter partage d'ailleurs ce jour-là des photos de Che Guevara et du Viêt Cong. Le 20 février, la page Facebook partage une photo montrant les combattantes de l'YPJ (variante féminine de l'YPG). Le même jour, un communiqué annonce que la brigade a reçu des pansements hémostatiques grâce à une campagne de collecte initiée par le Secours rouge international.

Pour les combattants d'extrême-gauche de la brigade Michael Israel, la référence à la guerre d'Espagne reste omniprésente.

L'unité communique aussi sur ses opérations militaires. Un texte du 15 février explique qu'elle combat en tant qu'unité constituée mais mélange parfois ses effectifs avec ceux des YPG, YPJ, TIKKO (branche militaire du Parti communiste de Turquie/marxiste-léniniste, le TKP/ML), BÖG (Forces unies de libération, milice formée de l'agglomération de plusieurs mouvements d'extrême-gauche poursuivis en Turquie), MLSPB (Union de propagande marxiste-léniniste armée), TKEP-L (Parti travailliste communiste de Turquie/léniniste) et MKP (Parti communiste maoïste de la Turquie et du Kurdistan du Nord). Le communiqué précise d'ailleurs que la brigade n'est pas engagée dans la défense active d'Afrin; il explique que le groupe compte déjà plusieurs blessés, et qu'il ne sera peut-être pas à même de communiquer en raison des contraintes locales du conflit.

Le 19 février, la brigade annonce qu'elle monte en ligne sur le front d'Afrin en unité constituée. Le 25 février, une photo du compte Twitter montre, à côté de fusils d'assaut AK (dont un P.M. 63), deux roquettes de RPG-7 portant les noms de Kendal Breizh et Baran Galicia, les deux combattants étrangers récemment tués à Afrin; la première est une PG-7, la seconde une roquette chinoise de Type 69 (copie du RPG-7) "Airburst". Un communiqué du 12 mars d'un combattant italien sur le front d'Afrin ne cache pas la situation difficile des défenseurs. Le 22 mars, la brigade annonce avoir quitté Afrin, et compte plusieurs pertes. Le même jour est annoncé la mort de Şevger Ara Makhno, arrivé le 20 janvier précédent dans le Rojava, venant de Turquie. Il a reçu son entraînement dans le canton de Cizire et a été déployé le 19 février dans le secteur de Raco (Rajo). Le 8 mars, il est en position près du village de Berbêné (Berband) lorsque celle-ci est touchée par une frappe aérienne turque, qui le tue avec 2 camarades de l'YPG. C'est le premier mort reconnu par la brigade.

La brigade a reçu des pansements hémostatiques. On note le drapeau de l'Action antifasciste. Au fond, contre le drapeau, l'arme la plus à droite semble être un AK-74M. 

Le témoignage d'un combattant français de la brigade sur les combats dans le canton d'Afrin est éloquent: "Afrîn c'était l'enfer. Les Turcs envoyaient en première ligne leurs marionnettes salafistes de la FSA (Armée syrienne libre, NDLR). L'infanterie c'était donc principalement des islamistes même sauce que Daech. Après il y avait en soutien des unités d'infanterie turques, avec des forces spéciales dont celles des Jandarma (littéralement la Gendarmerie turque, NDLR). Mais le pire c'était l'artillerie et l'aviation. 95% de nos pertes viennent du résultat de tirs d'artillerie ou de frappes aériennes (avions et drones confondus). C'était des dizaines de milliers d'obus chaque jour et je n'exagère pas hélas. En une heure c'était entre 80 et 120 obus qui tombaient dans un rayon de 100 mètres autour de notre position. Ajoutez à cela les mortiers, les frappes chirurgicales de l'aviation, les drones équipés de missiles Predator... On a aussi eu droit aux hélicoptères de combat type Cobra, et aux chars d'assaut Leopard".

Et d'ajouter: "L'enfer je vous dis, c'était surréaliste de voir la puissance de feu déployée contre nous. (…) Sur le plan purement infanterie-combat au sol nous dominions, nous étions bien plus performants. Ces factions (rebelles syriens, NDLR) en question étaient assez médiocres militairement, sans les Turcs nous les aurions aisément repoussées".

Le témoignage est intéressant. Le combattant considère que tous les groupes rebelles syriens engagés par les Turcs dans le canton d'Afrin sont des salafistes, ou même des djihadistes équivalents à l'EI, ce qui est inexact (même si des salafistes sont bien présents, cf le récent portrait que j'avais fait du groupe Ahrar al-Sharqiya). Ce témoin a l'impression qu'en combat d'infanterie pur, sa brigade dépasse en qualité celle des rebelles syriens, ce qui peut être exact. Surtout, il cite l'appui turc et la puissance de feu comme raison principale de la défaite de l'YPG. Les mots employés ("c'était l'enfer") témoignent d'un véritable choc pour des combattants qui pour certains ont précédemment combattu l'EI à Raqqa: ce type de combats, en position défensive, face à un Etat faisant usage de nombreux moyens d'appui (artillerie, aviation, drones) n'a absolument rien à voir avec leurs expériences précédentes de combat. Après la chute du canton d'Afrin, la composition structurelle de la brigade change, selon ce même combattant français. Certains combattants sont mobilisés pour le front de Deir Ezzor, et d'autres le seront, bien que certains considèrent que ce ne soit pas la priorité, ni le front le plus intéressant. Selon le combattant français, la brigade compte un certain nombre de francophones, sans que l'on puisse savoir combien exactement.

Şevger Ara Makhno aurait été tué par une frappe sur le village de Berband/Berbêné, au nord-ouest du canton d'Afrin, entre Rajo et cette dernière ville. La brigade a combattu sur ce front, entre Rajo et Afrin, ce qui est confirmé par un membre français de l'unité.

Un autre thème récurrent est l'éloge aux "martyrs", notamment les combattants étrangers tombés au combat. Le 17 février, la page Facebook relaie l'annonce de la mort de Ramazan Güleken, combattant du THKP-C / MLSPB, tué le 27 janvier sur le front d'Afrin. Le lendemain, elle relaie celle de la mort du Français Kendal Breizh, tué le 10 février sur le front de Jinderes alors qu'il combattait avec l'YPG. Le 23 février, la page relaie l'annonce de la mort de Emre Bora, membre du TKEP/L, tué sur le front de Raco à Afrin. Le 6 mars, la page diffuse l'annonce de la mort de l'Islandais Haukur Hilmarsson (nom de guerre Sahin Hosseini), membre de l'International Freedom Battalion, vétéran de la bataille de Raqqa, tué sur le front d'Afrin. Le 12 mars, la page relaie l'éloge posthume de Şehîd Nurhak Cem, un combattant du DKP tué à Afrin. Le 14 mars, la page annonce le décès de Kenan Aktaş, membre du TKEP/L (une des composantes de l'IFB), tué par une frappe aérienne turque à Afrin.

Sur ce poster d'éloge posthume, on note que les deux combattants étrangers sont à nouveau qualifiés de "martyrs".

Autre aspect qui revient fréquemment sur les réseaux sociaux de la brigade: le relais d'actions menées en sa faveur, ou pour la cause d'Afrin et plus largement des Kurdes de l'YPG, au niveau international. Le 28 février, la page Facebook invite les "camarades" à participer à une journée d'information sur la révolution kurde et en hommage à Kendal Breizh le 10 mars à Carhaix. Le 5 mars, la page relaie un article de L'Humanité sur une marche organisée dans le Rojava, au départ de Qamishli, rassemblant 1.000 femmes qui veulent rejoindre le canton d'Afrin pour la journée internationale de la femme (8 mars). Le 9 mars, la page relaie une autre page dédiée à un rassemblement en l'honneur de Kendal Breizh, le lendemain, à Toulouse. Le même jour, elle relaie l'information d'une cyber-attaque contre le site de l'AKP en soutien des combattants à Afrin. Le 10 mars, la page partage la vidéo d'une action menée à Berne en soutien des combattants d'Afrin.

Le lendemain, des photos sont partagées d'une manifestation à Manchester: des militants bloquent la station de train de Piccadilly avec des pancartes et des slogans pro-YPG. La page partage aussi des photos de la manifestation à Toulouse, qui aurait réuni 300 personnes. Dans la nuit du 12 mars, des personnes incendient l'avion de décoration à l'entrée de l'usine Leonardo-Finmeccanica située à Turin, et qui a des liens avec l'industrie turque de défense. La page Facebook répond par une photo où un homme masqué tient un carton avec une inscription remerciant l'action menée à Turin, avec à côté un de ses camarades tenant un P.M. 63.

La page diffuse encore le 14 mars des déclarations de cyber-attaques contre les sites turcs de l'AKP. Elle partage aussi la photo d'une banderole déployée au-dessus du périphérique de Toulouse. Le lendemain, ce sont des tags sur le bureau d'un parlementaire au Canada qui sont montrés, puis, le 16 mars, les photos d'une action de soutien en Crète, à Réthymnon. Le même jour, la page relaie un appel du TKP/ML et du MKP. Le lendemain, la photo d'une manifestation à Zürich est partagée. Le 19 mars, la page montre une vidéo filmant le local de l'AKP à Bruxelles recouvert de peinture dans la nuit du 15 mars. Le 20 mars, des photos montrent un soutien venant de Buenos Aires. Le 24 mars, le compte Twitter relaie l'annonce d'une manifestation en solidarité avec Afrin à Lorient une semaine plus tard. Le 25 mars, des photos montrent les murs de l'université de Florence, couverts d'inscriptions de soutien. Le 26 mars, c'est une déclaration des antifascistes de Lyon (Jeune Garde) en soutien d'Afrin, qui est relayée, puis une autre des antifascistes de Saint-Nazaire. Le 31 mars, des photos d'une manifestation à Londres sont partagées. Le 10 avril, la page propose d'acheter le drapeau de la formation, et partage les images d'une manifestation de soutien à Berne. Le 11 avril, la page partage une démonstration de solidarité d'une ancienne femme partisane italienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Le 12 avril, la compte Twitter partage une courte vidéo montrant l'attaque au cocktail Molotov, dix jours auparavant, contre le consulat turc à Zürich. Le 15 avril, c'est le mouvement Alternative internationale, section parisienne, qui fait des graffitis en soutien à la cause d'Afrin. Le compte Twitter partage des documents issus d'une cour de justice turque, demandant la suppression à Twitter de certains comptes, dont celui des AFFA; de fait ce compte est désormais inaccessible en Turquie. Une photo du 16 avril montre un abri bus londonien avec une affiche à la gloire d'Anna Campbell, cette Anglaise de 26 ans de l'YPJ morte pour la défense d'Afrin.

Le 20 avril, une photo relayée par la page Facebook et qui sera très partagée sur les réseaux sociaux montre le TIKKO exprimer sa solidarité avec les luttes sociales en France: Notre-Dame-des-Landes, grève des cheminots et mobilisation des étudiants. Le 23 avril, de nouvelles cyber-attaques contre les sites turcs par le DKP/BÖG sont annoncées. Le 24 avril, la page commémore le génocide arménien. Elle salue la mémoire de Nubar Ozanyan, commandant de bataillon de l'IFB tué à Raqqa le 14 août 2017, passé par la branche militaire du TKP/ML, le TİKKO, puis par le FPLP à partir de 1988. Il avait pris la tête d'un bataillon de l'IFB en juillet 2015. Le 25 avril, les Italiens fêtent à leur façon l'anniversaire de la libération de l'Italie en 1945.

Le TIKKO salue le mouvement social en France: Notre-Dame-des-Landes, grève des cheminots et mobilisation étudiante.

L'élément le plus marquant, toutefois, de la propagande du groupe, est sans doute une vidéo publiée le 12 avril, rapidement effacée par YouTube et Facebook, à tel point que la page Facebook de la brigade n'ose la republier de peur d'être censurée. Dans cette vidéo d'un peu plus de 5 minutes, on peut voir dix hommes, tous armés de fusils d'assaut de type AK ou dérivés (l'un est un Zastava M05 E1 serbe) sauf un, qui semble tenir un fusil anti-matériel improvisé semblable à eux mis en œuvre par l'EI et d'autres acteurs du conflit syrien (ce qui est confirmé par un combattant français de l'unité); six sont debout à l'arrière, devant se trouve une table où deux combattants lisent tour à tour un texte, en français, encadrés de chaque côté de la table par un autre de leur camarade.

Le discours, très marqué par les idées d'extrême gauche, met en parallèle le combat armé en Syrie, contre l'EI, et maintenant contre la Turquie, et celui mené en France par les contestations sociales contre le pouvoir politique français. Il place le combat contre l'Etat français sur le même pied que celui contre l'Etat turc, considérés tous deux comme "cibles prioritaires". La vidéo se termine sur cette phrase qui conclut le discours: "La vengeance est politique". Le témoignage d'un combattant français sur ses motivations quant à sa présence en Syrie permet toutefois de relativer ce discours: "Il s'agit d'un engagement révolutionnaire logique. En tant que militant antifasciste il me paraît important de soutenir et supporter l'expérience rojavi qui porte un projet politique proche de mes convictions".

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