SNCF : la grève des cheminots défend "l'intérêt général", selon Bernard Thibault
"Accuser les cheminots d'être responsables du désastre des politiques publiques est un comble", alors qu'au contraire leur mobilisation "porte l'intérêt général", affirme l'ancien numéro un de la CGT, Bernard Thibault, dans une tribune parue mercredi dans le Monde.
Pour l'ancien secrétaire général de la CGT, l'exécutif se trompe de cible --et trompe les Français-- en voulant modifier le statut de la SNCF (en société anonyme), abandonner l'embauche au statut et ouvrir le transport de voyageurs à la concurrence.
"Voilà des annonces qui se présentent comme un remède de cheval mais qui plutôt que de soigner le malade risque fort de le condamner rapidement", selon M. Thibault, figure de la CGT cheminots lors des grèves de 1995.
Dans sa réforme, le gouvernement d'Édouard Philippe "fait l'impasse sur l'origine principale des défaillances et la dégradation du service public : un endettement massif et historique du transport ferroviaire généré par des choix d'investissement contestables et de plus supportés par la seule entreprise publique et ses usagers", écrit-il.
"Déjà en 1995, le travail d'un cheminot sur quatre servait à payer les intérêts de la dette contractée d'abord pour la construction des lignes TGV que l'État commandait mais qu'il refusait de payer directement", rappelle-t-il.
Dès lors, "accuser les cheminots d'être responsables du désastre des politiques publiques est un comble. Cette humiliation a la réponse qu'elle mérite", estime M. Thibault, en référence à la grève unitaire lancée mardi par les syndicats.
Selon lui, les cheminots "veulent défendre la conception du service public qui fait l'identité de la SNCF et résister à l'essorage des droits sociaux".
Telle qu'annoncée, la réforme provoquera un affaiblissement du service public ferroviaire, notamment par la fermeture de lignes, ce qui conduira à mettre davantage de camions sur les routes, prédit M. Thibault.
"Il est des grèves qui portent l'intérêt général, d'où jaillit la lumière, et ce n'est pas en cet anniversaire de celles de 1968 qu'on pourra nous dire le contraire", conclut-il.
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