Invasion de nuisibles : le désarroi d'un agriculteur du Cantal

Auteur(s)
Lauriane Bernard, France-Soir
Publié le 17 février 2023 - 13:08
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vaches
LIONEL BONAVENTURE / AFP

À la tête d’une exploitation d’environ 130 bêtes dans le Cantal, l'agriculteur Cédric Viallemonteil nous fait part de ses terribles difficultés à lutter contre l’invasion de rats taupiers (campagnol terrestre) dans ses prairies. Il dénonce l’inertie du ministre de l’agriculture face à ce problème de nuisibles qui représente à la fois un enjeu économique et environnemental.  

Le 13 février, l’éleveur a alerté sur son compte Twitter « sur ce sujet qui n’a pas l’air de tracasser grand monde ». « Monsieur le Ministre, on ne vous entend pas », a-t-il interpelé.  

« Les vaches sont faites pour manger de l’herbe, pas de la terre » 

C’est le cœur du problème que rencontrent les éleveurs du Cantal. L’herbe vient à manquer sur les terres de la région. Chaque jour, un rat taupier dévore son poids en racines, soit près de 200 grammes. M. Viallemonteil nous explique qu’il y a quelques années, dans ce département montagneux, les rats se concentraient plutôt sur les hauteurs. Mais aujourd’hui, ils sont descendus sur les communes plus basses et créent des ravages dans les pâturages.  

« A la surface de nos prairies ce n’est plus que de la terre », témoigne-t-il. En manque de fourrage pour nourrir leurs vaches, les agriculteurs sont obligés d’acheter du foin, de la paille et des compléments alimentaires, ce qui représente une dépense additionnelle souvent insupportable pour la survie économique d’une exploitation laitière. « Certains sont obligés de vendre une partie de leur cheptel pour nourrir le reste du troupeau ! », dénonce l’éleveur bovin. Si en plus, le peu de fourrage récolté contient trop de terre et qu’une vache s’en nourrit, c’est la double peine. Il y a fort à parier que le lait de l’animal contiendra des spores butyriques (des bactéries naturellement présentes dans le sol). Or si ces germes sont détectés, le producteur est payé moins cher ! 

Cédric Viallemonteil invite donc le gouvernement à trouver rapidement une solution à ce cercle infernal. « Moralement et financièrement ce n’est plus possible de tenir », alerte-t-il. 

« La seule solution c’est la stérilisation de l’espèce »  

L’agriculteur du Cantal est en quête de solutions qui ne se limitent pas à faire périr les espèces nuisibles pour son activité. Il existait un poison efficace contre la pullulation du rongeur, le bromadiolone, mais il a été interdit en 2020. Il nous explique que le problème d’un poison comme celui-ci est que les prédateurs qui mangeaient les rats mourraient aussi, et « on ne veut pas faire n’importe quoi”. Pour l’instant, “ la seule solution c’est la stérilisation de l’espèce », déplore-t-il, « mais c’est aussi un traitement chimique ». 

À la fin de notre entretien, M. Viallemonteil nous confie avoir été contacté par un chercheur du CNRS. Le travail de ce chercheur porte sur les campagnols terrestres et présenterait « des pistes intéressantes », selon l’agriculteur. Pourtant le projet est à l’arrêt. Pourquoi ? L'éleveur nous affirme que l’Etat aurait arrêté de le financer.  

Situation qu’il dénonce dans une seconde vidéo publiée sur son compte Twitter le 15 février : « On a quelqu’un qui travaille sur le sujet, qui a des résultats, et aujourd’hui on ne veut plus le financer ».  

Le producteur d’Auvergne-Rhône-Alpes ne comprend pas que les autorités portent si peu d’intérêt pour la recherche en la matière et s’indigne que celle-ci ne soit pas plus avancée. Il en appelle à un sursaut du monde politique et scientifique. Il en va non seulement de la survie de sa propre exploitation, mais aussi de la sauvegarde de l’activité agricole de sa région tout entière.  

 

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