L’appli Yuka condamnée à verser 20 000 euros aux industriels de la charcuterie
Le tribunal de commerce de Paris a condamné l’application Yuka pour « actes de dénigrement » envers les industriels de la charcuterie. Elle avait notamment incité les internautes à signer une pétition pour bannir les additifs nitrités de la charcuterie.
Yuka condamnée pour « actes de dénigrement »
Depuis son lancement en 2017, l’application Yuka est devenue, pour des millions de consommateurs, la référence pour s’enquérir de la composition d’un produit alimentaire ou cosmétique et ainsi en savoir plus sur son impact sur la santé.
Mais une décision judiciaire pourrait marquer un coup d’arrêt au développement de Yuka, ou du moins affaiblir son influence. Fin mai, le tribunal de commerce de Paris l’a condamnée en première instance pour « actes de dénigrement » et « pratique commerciale déloyale et trompeuse » pour avoir renvoyé les utilisateurs de l’application vers une pétition appelant à interdire les additifs nitrités dans la charcuterie.
Des « informations ambiguës » fournies aux consommateurs
Lors du scan de produits contenant entre autres du nitrate de potassium (E250), les internautes étaient incités à signer une pétition lancée avec l’ONG Foodwatch et la Ligue contre le cancer, appelant à interdire ces composants considérés comme cancérogènes.
Selon le tribunal de commerce, la pétition, déjà signée par plus de 340 000 personnes, fournit « aux consommateurs des informations ambiguës (…) en oubliant notamment de mentionner la validation légale de la composition des produits mal notés par elle ». Ses fondateurs ont donc été condamnés à verser 20 000 euros de dommages et intérêts à la Fédération des entreprises françaises de charcuterie traiteur (FICT). L’application devra aussi cesser d’afficher un lien vers la pétition de Foodwatch, et retirer ses fiches où les produits de charcuterie sont mal notés en raison de la présence de nitrites.
Yuka à nouveau attaqué
Si Yuka compte faire appel, elle n’en a pas pour autant fini d’agacer les industriels de la charcuterie. Le 25 juin, c’était au tour du tribunal de commerce de Brives de juger une nouvelle affaire qui oppose l’application à l’entreprise Auvernou, qui commercialise des saucissons secs. Celle-ci réclame 430 000 euros de préjudice et le retrait de la mention « génotoxique » sur l’application. Elle s’appuie notamment sur la réglementation actuelle, qui n’interdit pas la présence de nitrites dans les charcuteries industrielles. Le tribunal devrait rendre sa décision le 17 septembre prochain.
De son côté, Foodwatch s’est fendu d’un communiqué suite à la première condamnation de Yuka, dans lequel elle affirme que « les industriels nitriteurs de la FICT préfèrent tenter de museler le débat public pour une alimentation saine, plutôt que de reconnaître leur responsabilité et de s’engager à la suppression de ces additifs. […] Aucun parmi Herta, Fleury Michon, Cochonou… ne veut assumer ce procès fait à Yuka au détriment de l’information des consommateurs. Ils veulent juste que vous continuiez d’acheter leurs produits les yeux fermés et bloquer la proposition de loi pour interdire ces additifs. C’est inacceptable. »
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