Michel-Edouard Leclerc et le pass vaccinal dans ses centres : le piteux rétropédalage
Se cacher derrière les excès des réseaux sociaux : un alibi commode, mais qui ne suffit pas à dissimuler le rétropédalage du président du groupe des centres E. Leclerc, Michel-Édouard Leclerc. Une prestation relevant presque de la gymnastique artistique, mais qui masque bien mal un changement de discours assez net.
Il a affirmé hier, mardi 11 janvier, dans l’émission Apolline Matin sur RMC, qu’il n’a jamais « milité pour le passe vaccinal ». Le fils du fondateur de l’enseigne E. Leclerc est complètement revenu sur ses propos tenus une semaine plus tôt, le 4 janvier face à Laurence Ferrari, chez CNews, où il envisageait d’instaurer des contrôles de passe vaccinal à l’entrée de ces supermarchés et hypermarchés, dans le cas où la loi le demanderait. Cette volonté de contrôler les consommateurs a valu à la marque des menaces de boycott sur les réseaux sociaux, où les internautes se montraient atterrés par les propos de l’entrepreneur.
J'étais parti pour quelques courses chez E. Leclerc aujourd'hui... finalement ce sera Intermarché #BoycottLeclerc pic.twitter.com/gtblAxuMCR
— Rémi Tell (@RemiTell) January 4, 2022
Face à Apolline de Malherbe, le fils d’Edouard Leclerc affirme hier : « d’abord il y a eu un malentendu ou une manipulation, il y a plein de fake news sur les réseaux sociaux ». Dans l’extrait ci-dessus, on peut comparer les propos avant/après et constater qu’il revient clairement sur chaque assertion : le 4 janvier, le président expliquait : « d’abord nous saurons faire [en termes de contrôle], nous sommes dans une stratégie volontariste, [sur le passe vaccinal] on fera avec. Les non-vaccinés ne viendront pas. »
Voir aussi : "Michel-Édouard Leclerc sur le passe vaccinal : "Pfff, c'est quoi une rupture d'égalité ?"
Lorsque Laurence Ferrari, sur le même plateau, lui demande « N’est-ce pas une rupture d’égalité ? », l’entrepreneur rétorque, lassé par la question : « Qu’est-ce que ça veut dire une rupture d’égalité ? »
Je résume:Dans mon pauvre pays car je suis non-vaccinée,on veut m’affamer(Leclerc),ne pas me soigner quitte à ce que je meurs(médias et médecins tv)et m’exclure de la société(gouvernement).Je vais donc demander l’asile politique ailleurs!Car ici je suis en danger de mort!
— Jujusese (@Jujusese13) January 4, 2022
Sept jours plus tard, avec une assurance un peu surjouée, ses propos se transforment en : « on ne sait pas faire, on n’a pas envie d’avoir à appliquer le passe sanitaire à l’entrée des centres commerciaux. Nous ne voulons emmerder personne, ni nos clients, ni nos salariés. Ces salariés sont traversés par les mêmes hésitations et les mêmes oppressions [...] »
Le mouvement de boycott a fait plier Leclerc ! pic.twitter.com/h1T2p60x1e
— Massimo Nespolo (@saikonobiwa) January 11, 2022
Rappelons que la mise en place du passe sanitaire dans les centres commerciaux avait déjà été cassée par certaines décisions de justice dès cet été, le passe sanitaire ne pouvant pas empêcher les consommateurs potentiels d’accéder aux « biens et services de première nécessité ».
Voir aussi : "Le passe sanitaire suspendu dans les centres commerciaux des Yvelines et du Nord".
Michel-Édouard Leclerc, sentant la pression peser sur ses propos, s’empresse ensuite de changer de sujet, pour enchaîner sur les objectifs de l’enseigne en termes de croissance. Celui qui disait une semaine auparavant, à ce sujet, « on va pas en faire tout un plat » serait-il touché ? A-t-il été rattrapé par la réalité, découvre-t-il un sujet plus complexe qu’il ne le pensait ?
En définitive, ce changement de pied non assumé, avec réécriture de l'histoire, donne raison sur un point à Michel-Edouard Leclerc : « il y a plein de fake news sur les réseaux sociaux »... Y compris celles qu'il fabrique lui-même !
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