Précarité énergétique : 12 millions de personnes peinent à se chauffer en France
Alors que se tenait, le 10 novembre, la première Journée nationale de lutte contre la précarité énergétique, 19 organismes et associations dressent un constat alarmant : malgré les aides à la rénovation énergétique, près d’un Français sur cinq n’arrive pas à payer ses factures de gaz ou d’électricité.
5,6 millions de foyers concernés
En France, ce sont près de 5,6 millions de foyers, soit 12 millions de personnes, qui n’arrivent pas à se chauffer correctement. Ce chiffre est le point de départ de la mobilisation de 19 associations dont le Secours catholique et Greenpeace.
À l’initiative de la Fondation Abbé Pierre, ils ont organisé mercredi 10 novembre la première Journée nationale de lutte contre la précarité énergétique. Son objectif : « sensibiliser un maximum sur ce sujet et l’installer dans le débat public », explique à Reporterre Hélène Denise, chargée de plaidoyer à la Fondation Abbé Pierre.
Selon l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), de plus en plus de Français se retrouvent, en fin de mois, en difficulté pour régler leurs factures d’énergie. 53 % des foyers restreignent ainsi leur consommation d’énergie pour limiter les dépenses. En 2019, près de 672 000 ménages ont subi une intervention de leur fournisseur d’énergie (réduction de puissance, suspension de fourniture et/ou résiliations de contrats) suite à des impayés, rapporte le Médiateur national de l’énergie. Soit une augmentation de 17 % par rapport à 2018.
Trop peu de rénovations qui ciblent les passoires énergétiques
Et, la situation n’est pas près de s’améliorer, si l’on en croit les récentes augmentations des prix du gaz et de l’électricité. Déjà, lors de l’hiver 2019, 14 % des Français avaient déclaré avoir souffert du froid pendant au moins 24 heures. Pour 31 % d’entre eux, cette situation était causée par une limitation volontaire de l’utilisation d’énergie pour raison financière et pour 6 % du fait d’une coupure par leur fournisseur, à la suite d’impayés.
Des situations dramatiques qui ne pourront toutes être résolues grâce à "Ma Prime Rénov", le dispositif d’aide à la rénovation énergétique mis en place par le gouvernement. Ciblant les ménages modestes et très modestes, elle sert en majorité à financer des pompes à chaleur ou des poêles à granulés, mais reste encore mineure pour lutter contre les passoires énergétiques. Sur l’ensemble des dossiers présentés, seuls 500 ont obtenu celui pour une rénovation performante. « Changer seulement son système de chauffage sans isoler les murs ou les combles, ça ne suffit pas à sortir de la précarité énergétique », rappelle Hélène Denise.
Toucher les ménages les plus modestes
Pour remédier à ce problème, les associations organisatrices de la Journée nationale de lutte contre la précarité énergétique appellent les pouvoir publics à mieux cibler les ménages modestes pour accélérer la rénovation énergétique des logements. « Les aides sont nombreuses, mais elles sont mal ciblées : elles ne touchent pas prioritairement les personnes en situation de précarité énergétique. Et, même si elles financent 80 % des travaux, il reste toujours plusieurs milliers d’euros de reste à charge », explique Jean-Christophe Goudard, co-président du CLER-Réseau pour le climat. Interrogé par Capital, il propose que le Fonds de solidarité pour le logement puisse servir à payer des travaux énergétiques, plutôt que des impayés de factures.
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