Le syndrome de l'imposteur, l’effet du Covid qui menace l'économie et surtout les femmes
Alors qu'en France et partout dans le monde, les mois qui viennent vont être cruciaux pour la réussite de la reprise de l'économie, un constat commence à préoccuper : la pandémie et le confinement auraient aggravé le "syndrome de l’imposteur", phénomène qui pourrait avoir des conséquences économiques et sociales graves. D’une part, de nombreuses personnes auraient quitté leurs emplois à cause de ce syndrome, et d'autre part, ce syndrome affecterait principalement les femmes, renforçant ainsi les inégalités.
Qu'est-ce-que le syndrome de l'imposteur, et pourquoi la pandémie l’a-t-il aggravé?
Le syndrome de l'imposteur est l'incapacité de croire que son succès est mérité ou légitimement atteint grâce à des efforts ou des compétences. Le concept a été lancé par le Dr Claude Steele dans les années 1980. Ses recherches ont montré que le déclenchement de stéréotypes intériorisés peut créer une menace psychologique qui affecte négativement les performances de quelqu'un. Au cours des derniers mois, le télétravail aurait empêché la validation dont les personnes qui souffrent de ce trouble ont besoin pour se sentir légitimes, et aurait poussé de nombreuses personnes, surtout des femmes, à quitter leurs postes de travail. Les récents progrès réalisés par les femmes en matière d'autonomisation économique et de représentation sur le lieu de travail sont fortement affectés par ce phénomène.
Aux États-Unis, 1 femme sur 4 envisage de rétrograder dans sa carrière ou de quitter complètement le lieu de travail
Même des chefs d'entreprises internationales, comme Sheryl Sandberg de Facebook, ou l'ancienne Première dame des États-Unis, Michelle Obama ont déclaré avoir été victimes du syndrome de l'imposteur. En octobre dernier, une étude de KPMG a montré que 75% des femmes cadres dans tous les secteurs ont connu le syndrome de l'imposteur au cours de leur carrière. En fait, plus de 85 % des 750 personnes interrogées pensaient que le syndrome de l'imposteur était un phénomène couramment vécu par les femmes. D'un autre côté, près de 74 % des femmes occupant des postes de direction ont constaté que leurs homologues masculins n'éprouvent pas autant de doutes qu'elles. Et plus de 81 % pensent qu'elles se mettent plus de pression pour ne pas échouer que les hommes. Un rapport de HBR indique que les femmes ressentent davantage le syndrome de l'imposteur que leurs homologues masculins, principalement à cause des préjugés sexistes.
En France aussi, les femmes quittent le marché du travail
Selon une enquête, dévoilée par le Boston Consulting Group (BCG) et réalisée par l’Institut Ipsos en début d’année, la crise sanitaire a eu des répercussions plus importantes pour les femmes salariées du privé. La culpabilité des femmes concernant leurs responsabilités domestiques pèse aussi plus que pour leurs conjoints. Selon une autre récente étude du Crédoc, même sans enfant, les femmes à leur compte sont deux fois plus nombreuses que les hommes à avoir cessé toute activité professionnelle pendant le premier confinement. Pour éviter qu’une génération de femmes ne décroche, ce type de phénomène et le stress supplémentaire qui peut être ressenti par les femmes doit être pris en compte, soulignent les experts.
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