Les agents de l'AP-HP en grève pour protester contre la réorganisation des 35 heures
Quinze ans après leur adoption, les 35 heures restent une source de complexité dans leur mise en place à l’hôpital. L’organisation du temps de travail est en effet au cœur ders revendications du mouvement de grève qui touche ce jeudi les 38 établissements de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP).
Actuellement, 60% des 75.000 agents de l’AP-HP travaillent plus de 35 heures effectives chaque semaine, étant plutôt à leur poste entre 38h et 39h. Conformément à la législation, ils bénéficient pour compenser ces dépassements, entre 18 et 20 jours de RTT qui leur sont théoriquement accordés. "Théoriquement" car face à des manques d’effectifs pour répondre aux demandes de soins, beaucoup de jours de récupération ne sont pas pris par ceux qui y auraient droit, et s’accumulent petit à petit sur leur compte épargne temps (CET). La direction de l’AP-HP a d’ailleurs reconnu que l’ensemble des jours stockés sur les CET représentent un montant de plus de 74 millions d’euros.
C’est pour enrayer cette inflation que rien n’arrête que Martin Hirsch, actuel directeur général de l’AP-HP a décidé d’initier une grande réforme des 35 heures dans les établissements sous sa responsabilité. Simplement, il s’agit de ramener les agents dépassant les 35 heures vers une stricte durée de 7 heures de travail par jour, pour stopper la hausse constante des RTT. Le projet prévu devrait être mis en œuvre, en principe, le 1er janvier 2016.
Problème, l’intégralité des syndicats conteste cette mesure, craignant en effet que la baisse du temps de travail hebdomadaire et donc la disparition des RTT signifie une intensification de la charge de travail. Autrement dit que des agents déjà débordés soient obligés de faire en 35 heures ce qu’ils ont du mal déjà à faire en 36 ou 38 heures. L’intersyndicale attend donc des garanties que la direction générale peine à leur donner.
La grève annoncée aujourd’hui ne devrait cependant pas se traduire par des désagréments pour les malades, les personnels essentiels à la prise en charge des patients devraient en effet être à leur poste. Mais ce premier mouvement met en lumière la situation sociale explosive dans les hôpitaux de Paris où les contraintes issues des 35 heures n’ont jamais été réglées, alors qu’aucune amélioration sur le front des effectifs pour soulager les agents en place ne se profile.
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