Familiers du label bio, et de la production locale, les Français sont de plus en plus soucieux du respect de l'environnement. Mais cela n’apporte pas de garantie sur respect du bien-être animal, qui est pourtant une préoccupation grandissante des citoyens. Pour y répondre, le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, Didier Guillaume a annoncé mercredi 30 octobre sur France Inter la fin du broyage des poussins mâles, pour la fin de l’année 2021.
Dans les couvoirs industriels, les poussins mâles issus de races pondeuses ne peuvent pas être valorisés, car ils produisent moins de viande que les races à chair. Ils sont donc détruits par millions par broyage ou gazage quelques heures après l’éclosion. 50 millions de poussins sont ainsi sacrifiés chaque année en France.
Les associations de protection des animaux, comme
L214 ont largement participé à la mise en lumière de cette pratique barbare en diffusant des
vidéos filmées en caméra cachée qui ont fait scandale.
De son côté, la filière avicole juge cette pratique inévitable, pour des raisons économiques vitales pour l’industrie. Il n’est pas rentable de nourrir les poussins mâles, et sans le broyage, les éleveurs subiraient donc de lourdes pertes.
Ménager les agriculteurs en attendant 2022
Le ministre Didier Guillaume doit donc respecter un équilibre subtil, en respectant les nouvelles exigences de la société en matière d’élevage, mais aussi les éleveurs, et l’agriculture française.
La mode est en effet à “l'agri-bashing" que les éleveurs subissent et vivent très mal: “Il faut à la fois tenir le temps de l'agriculture et le temps de la société. Il y a le temps de la nature, de l'élevage, et le temps de société et des 170 signes sur Twitter".
L’interdiction du broyage de poussins attendra donc fin 2021, le temps que des alternatives soient financées, et mises en place, pour ne pas mettre les éleveurs face au mur sans solutions.
Didier Guillaume dit être en négociation avec des associations "welfaristes" qui se préoccupent du bien-être animal sans être opposées à l'élevage.
La technologie pour éviter le massacre des poussins
Pour développer une alternative sans euthanasie des poussins, le ministre de l’Agriculture mise sur une collaboration avec l’Allemagne. Il avait annoncé via Twitter avoir signé le 16 octobre dernier, une « déclaration pour mettre fin au broyage des poussins d’ici fin 2021 » avec son homologue allemande Julia Klöckner.
Il s’agit en fait d’une coopération en matière de technologie et de recherche, une rencontre commune des filières et l’adoption d’une feuille de route pour pouvoir enfin arrêter le broyage.
En effet, une technologie qui permet d’éviter le broyage, développée en Allemagne est déjà testée en France. La ferme Poulehouse, dans le Limousin, utilise la technologie de la société allemande Seleggt, qui permet aux filières de connaître le sexe du poussin dès le neuvième jour d’incubation. Les œufs des mâles peuvent donc être détruits avant la naissance, ou remis dans le circuit de consommation des œufs.
Une feuille de route en ligne avec les préoccupations des consommateurs
D’autres mesures sont prévues par le gouvernement pour le bien-être animal, par exemple concernant la castration à vif des porcelets. Le Ministre annonce des "mesures très fortes", mais elles n’ont pas été dévoilées. "Je ne donne pas les dates, car je les négocie avec les éleveurs" a-t-il précisé en évoquant néanmoins "novembre ou décembre".
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