Empreinte environnementale du numérique : pourquoi le bitcoin est un désastre écologique ?

Auteur(s)
FranceSoir
Publié le 12 avril 2021 - 11:31
Image
Des pièces souvenirs de bitcoins photographiés, le 20 novembre 2017
Crédits
© Justin TALLIS / AFP/Archives
Des spécialistes proposent des solutions pour que blockchain et crypto monnaies ne soient pas synonymes de pollution.
© Justin TALLIS / AFP/Archives

Selon une récente étude chinoise, l'empreinte carbone des activités de « minage » (le calcul informatique qui permet de sécuriser la monnaie virtuelle) de bitcoins de la Chine est de cent trente millions de tonnes. Une autre étude, de l’université de Cambridge, a démontré que le bitcoin consomme 126,36 térawattheures (TWh) par an. “L'énergie utilisée par le bitcoin pourrait alimenter toutes les bouilloires utilisées au Royaume-Uni pendant 27 ans”, selon Michel Rauchs, chercheur au Centre de Cambridge. Ces études présentent bitcoin comme une monnaie virtuelle particulièrement polluante. Dans ce contexte, des spécialistes proposent des solutions pour que blockchain et crypto monnaies ne soient pas synonymes de pollution.

Le bitcoin, de plus en plus populaire et potentiellement plus polluant

Au cours de sa première année d’existence, le bitcoin n’avait aucune valeur. En 2010 sa valeur la plus élevée était de 39 cents. Elle s’élève aujourd’hui à 50.000 euros. Des entreprises comme Tesla Motors autorisent  déjà aux Etats Unis le paiement de leurs produits avec des bitcoins, ce qui a popularisé l'utilisation de cette monnaie virtuelle.
Le bitcoin, ainsi que d'autres devises de même nature, est basé sur la technologie blockchain, qui permet des transferts entre pairs enregistrés publiquement via des réseaux informatiques cryptés, sans avoir besoin d'une autorité centralisée telle qu'une banque.
Toutes les opérations ou les échanges réalisés sont inscrits définitivement et irrémédiablement dans un « cahier » ouvert, c'est-à-dire, partagé par des milliers d’ordinateurs qui actualisent en permanence les opérations effectuées. Ce système, qui semble virtuel, dépend en réalité d’infrastructures matérielles et énergétiques “affreusement énergivores” explique Justin Carrette de (Reporterre). Mais, ce qui consomme énormément d'énergie, c’est surtout la façon de produire des bitcoins.
Les mineurs de bitcoins (appelés ainsi en référence aux mineurs d’or) reçoivent toutes les 10 minutes un problème mathématique à résoudre, à l’aide d’ordinateurs. Le premier “mineur” à finaliser le calcul grâce à ses machines gagne de nouveaux bitcoins, qui sont mis en circulation. Le minage, qui consiste donc à effectuer des calculus avec des ordinateurs, en permanence en train de résoudre des problèmes, représente une consommation d'énergie très élevée.

Les politiques climatiques actuelles ne sont pas suffisantes pour limiter l'impact climatique du bitcoin

Selon Dabo Guan et Shouyang Wang, auteurs principaux de l'étude publiée dans Nature, les interventions politiques sont essentielles pour réduire ces impacts. Cependant, en tenant compte de différents scénarios dans leur modèle, ils constatent que les politiques actuelles telles que les taxes sur le carbone, ne sont pas efficaces pour réduire les émissions de l'industrie du bitcoin. Pourtant selon eux, c’est bien le minage du bitcoin qui pourrait empêcher la Chine d’atteindre ses objectifs climatiques.
Les chercheurs estiment que les politiques publiques pourraient cibler plus précisément les mineurs de bitcoins pour modifier efficacement la structure actuelle de la consommation d'énergie, et réduire les émissions futures des opérations de la blockchain.
Jean-Paul Delahaye, mathématicien et professeur émérite à l’Université de Lille, explique qu'il existe d’autres méthodes de calcul pour miner des crypto monnaies, comme la "preuve d’enjeu" solution moins énergivore, utilisée par exemple par la monnaie Ethereum. Mais de nombreux mineurs de bitcoins s’opposent fortement à tout changement.
Bill Gates, estime que d’après les dernières études qui expliquent que le minage consomme plus d'électricité qu'un pays comme la Nouvelle-Zélande ou l'Argentine, le bitcoin est mauvais pour le climat. Pour lui, la solution passerait par l'utilisation des énergies vertes. Si le minage est basé sur de l'électricité verte et qu’il n'évince pas d'autres utilisations, finalement, “c'est peut-être OK” déclare le le fondateur de Microsoft. 
Cependant, selon le rapport de CoinShare publié en 2019, 73% de l'énergie utilisée par le minage de bitcoins serait déjà renouvelable: plus de 65% du minage mondial serait réalisé dans la région du Sichuan en Chine, une province où 90% de l'énergie utilisée est verte.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.