En Dordogne, une surproduction éolienne piège la faune aquatique

Début janvier, la faune aquatique de Dordogne a payé un lourd tribut à la surproduction d’électricité éolienne. Le réseau électrique, contraint de réduire la production hydroélectrique, a entraîné une chute brutale du niveau de la rivière, piégeant des milliers de poissons. Ce drame souligne l'impact écologique des choix énergétiques et l’interdépendance de nos systèmes.

Quand l’éolien souffle trop fort, les rivières en paient le prix. Le 1er janvier dernier, en Corrèze, la surproduction d’électricité générée par les éoliennes a forcé RTE, le gestionnaire du réseau, à réduire la production des barrages hydroélectriques d’EDF. Résultat : une chute catastrophique du débit de la Dordogne, piégeant des milliers de poissons dans une mer de galets. "C’est un carnage", a dénoncé un pêcheur, filmant la scène désastreuse entre Argentat et Beaulieu-sur-Dordogne.

Les poissons, dont beaucoup étaient en pleine période de reproduction, se sont retrouvés pris au piège lorsque le débit est passé de plus de 200 m³/s à seulement 43 m³/s en quelques heures. Ce phénomène n’est pas sans rappeler l’impact des "éclusées", ces variations brutales de débit, qui déstabilisent gravement les écosystèmes aquatiques. Mais comme le rapporte La Montagne, la cause principale de ce désastre est avant tout la politique énergétique : EDF, bien que soucieuse de l’équilibre écologique, n’a pu intervenir à temps.

Amaury de Bonnaventure, directeur EDF Hydro - Vallée de la Dordogne, admet que "des ajustements sont nécessaires". Une convention a été mise en place depuis vingt ans pour limiter les impacts des barrages sur les salmonidés, mais selon les associations locales, cela ne va pas assez loin. En effet, la montée en puissance de la production éolienne, amplifiée par un faible besoin de consommation le jour du drame, a perturbé un fragile équilibre énergétique.

Ce triste événement soulève une question plus large : l’équilibre entre production d'énergie verte et préservation de nos écosystèmes. En voulant répondre à une demande énergétique, l’addition des choix technologiques a provoqué une catastrophe écologique. Quand l’énergie verte se transforme en piège, il faut qu'on s'interroge sur nos priorités.