En Espagne, cinq tonnes de poissons retrouvés morts à cause de l’agriculture intensive
Au sud-est de l’Espagne, sur les rives de la Mar Menor, des milliers de poissons et crustacés sont retrouvés morts depuis le mois d’août. En cause : l’agriculture intensive au nord du pays, qui déverse des produits chimiques dans les cours d’eau.
Cinq tonnes de poissons asphyxiés
Il n’y a pas que la surpêche qui est désastreuse pour les écosystèmes marins. L’agriculture intensive joue aussi un rôle prédominant dans la disparition des poissons. Comme sur les rives de la Mar Menor (la « Mer Mineure »), située dans la région de Murcie, au sud-est de l’Espagne où, depuis la mi-août, des milliers de poissons et de crustacés s’échouent, asphyxiés par le déversement de produits phytosanitaires dans les cours d’eau. Près de cinq tonnes de poissons morts ont déjà été rejetés sur les berges.
El Mar Menor se muere ante nuestros ojos
— WWF España (@WWFespana) August 26, 2021
¿La culpable? La agricultura intensiva que vierte 5.000 kg. de nitratos y fosfatos al día en la laguna
Exijamos juntos a las administraciones que lo solucionen ¡ya!
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Les engrais chimiques en cause
Selon Greenpeace Espagne, qui a publié un rapport en août sur la pollution des eaux de la Mar Menor, le problème environnemental se situe plus au nord, près de Carthagène, en Murcie, où les agriculteurs épandent régulièrement des engrais chimiques composés de nitrate et de phosphate sur leurs champs. Ces produits chimiques infiltrent ensuite les sols et les cours d’eau, notamment le Tage, un fleuve qui se déverse artificiellement dans la Mar Menor. « Quand les engrais finissent dans la lagune, ils provoquent une explosion de vie, surtout d’algues vertes, qui grandissent grâce aux nutriments, à la chaleur et au soleil. Mais ces algues ont besoin d’oxygène pour vivre. Cela débouche sur une situation d’anoxie (manque d’oxygène) : les algues consomment l’oxygène disponible et les autres animaux qui peuplent ces eaux ne peuvent plus respirer », explique à Reporterre Julio Barea, docteur en hydrogéologie et auteur du rapport de Greenpeace.
Pas de réponse politique adéquate
La situation est d’autant plus terrible qu’elle semble ne pas émouvoir le gouvernement et les pouvoirs publics, qui se renvoient dos à dos la responsabilité de ce désastre écologique. Interrogée par Reporterre, Miriam Pérez, chargée de la Mar Menor au gouvernement régional de Murcie, assure avoir fait depuis 2019 « tout ce qui relevait de nos compétences pour affronter cette situation » et affirme qu’il y a « une attitude de rejet de la part du gouvernement central envers nos initiatives ». De son côté, Teresa Ribera, ministre de la Transition écologique, estime au contraire que c’est au gouvernement régional d’agir.
En attendant, la situation presse. En 2019 déjà, deux tonnes de poissons morts avaient été retrouvées sur les rives de la lagune et, selon les ONG environnementales, la situation s’est encore largement dégradée. Des solutions existent pourtant : d’abord arrêter le transfert des eaux du Tage vers les champs de Carthagène, le nettoyage des sites pollués et la fin de l’agriculture intensive. Ce que ne semble malheureusement pas prêt à faire le gouvernement. « Tout le monde a regardé ailleurs et a cherché à mettre en place les mesures les plus faciles et spectaculaires. Mais cela ne règle pas le problème, qui est l’agriculture industrielle et intensive, dont une partie est illégale. C’est un sujet majeur nécessitant des décisions fortes. Jusque-là, personne n’a voulu le faire », constate, amer, Luis Suárez, biologiste et coordinateur chargé de la conservation pour WWF Espagne.
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