La Commission européenne accepte de classer le gaz et le nucléaire en "énergies vertes"
Le 31 décembre 2021, la Commission européenne proposait un système de classification des énergies, dans lequel le gaz et le nucléaire étaient étiquetés "verts". À la surprise générale, l'acte délégué a été adopté le 2 février dernier par les commissaires européens. Au grand dam de l'Allemagne, de l'Autriche, et plus généralement des "écologistes", seul le Parlement peut encore faire barrage.
Une petite victoire pour le nucléaire
Après d'âpres débats autour de la question énergétique, le nucléaire et le gaz trouvent finalement leur place dans la taxonomie européenne, ce qui garantit le financement de ces deux industries. Toutefois, il s'agit d'une victoire en demi-teinte pour les adeptes de l'atome, car le label vert ne sera pas systématiquement accordé à tout projet de centrale, qu'elle soit nucléaire ou à gaz. Différentes conditions sont à remplir. On apprend dans un article de Reuters qu'une centrale nucléaire ne bénéficiera de l'étiquette verte que si elle dispose « d’un plan, de fonds et d’un site pour éliminer en toute sécurité les déchets radioactifs » et que le permis de construire est obtenu avant 2045. Pour répondre à ces critères, Emmanuel Macron parlait de « réacteurs nucléaires de petite taille » dans son plan France 2030, ce qui permettrait de mieux assurer la sécurité et de gérer les déchets plus efficacement. La Suède, de son côté, affirmait récemment avoir trouvé une solution pour le stockage du nucléaire, grâce à la société SKB.
Malgré tout, remplir ces critères ne sera pas chose aisée. Ce qui fait dire à François-Xavier Bellamy que le résultat est « nécessaire mais insuffisant ».
Après avoir bataillé deux ans sur ce sujet décisif, y compris pour exiger que le gouvernement défende enfin notre industrie, nous arrivons aujourd’hui à un résultat non suffisant mais nécessaire : le #nucléaire sera inclus dans la #taxonomie européenne. https://t.co/MVK0kPhXGS
— Fx Bellamy (@fxbellamy) February 2, 2022
L'idée de l'Union est de se servir du nucléaire et du gaz comme énergies transitoires. La Commission a reconnu « nécessaire de reconnaître que les secteurs du gaz naturel et l’énergie nucléaire peuvent contribuer à décarboniser l’économie de l’Union européenne ». Cela étant, elle est loin de faire une croix sur les énergies renouvelables et entreprend toujours des financements massifs dans ce secteur, pour remplir les objectifs de neutralité carbone du Pacte Vert d'ici à 2050.
Les "écologistes" grondent
En plus des ONG environnementales qui ont sauté au plafond en apprenant la nouvelle, certains pays de l'Union expriment aussi leur colère.
Catégoriquement opposé au texte, le vice-chancelier allemand Robert Habeck a accusé la Commission de « greenwashing, en prétendant appliquer une politique verte, pour couvrir en réalité des pratiques destructrices pour l’environnement ». L'Allemagne se repose pourtant essentiellement sur le gaz.
De son côté, l'Autriche a annoncé le 2 février porter plainte contre la création de cette classification. « Nous allons préparer le terrain juridiquement dans les prochaines semaines et si cette taxonomie prend effet, alors nous lancerons une procédure devant la Cour de justice de l’UE », a déclaré la ministre de l’Environnement Leonore Gewessler. Le Luxembourg s’est dit prêt à se joindre à cette plainte.
La France temporise pour le nucléaire
Emmanuel Macron, qui pourtant a fait fermer la centrale de Fessenheim en 2020, et annonçait vouloir « réduire la part du nucléaire à 50 % en 2035 », s'est cette fois-ci positionné en faveur du nucléaire.
Rappelons qu'en octobre 2021, il faisait part de son intention de continuer à développer le nucléaire dans son plan de relance France 2030. Par ailleurs, le rapport « Futurs Énergétiques 2050 », du gestionnaire du Réseau de transport électrique français, faisait lui aussi la part belle à l'atome. Notons aussi qu'à l'heure actuelle, 70 % de l'électricité française provient de l'énergie nucléaire. Il serait donc difficile de s'en défaire du jour au lendemain.
Pour cette fois, la désormais célèbre stratégie macronienne du « en même temps » aura permis de temporiser avec le nucléaire.
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