La pêche au chalut dégage autant de CO2 que le transport aérien au niveau mondial
Alors que la crise sanitaire a drastiquement fait baisser le volume des trajets aériens, la pêche au chalut émerge comme une des autres sources principales de gaz à effet de serre au niveau mondial. Elle n’est donc pas seulement nocive pour la biodiversité qu’elle détruit avec ses lourds filets, mais elle est en plus très polluante. Une étude mesure comment le raclage des sols nous empêche de bien absorber les émissions de CO2.
Pêche interdite dans les eaux européennes, mais légale dans les eaux internationales
Pour protéger les écosystèmes profonds des ravages de la pêche industrielle et mettre fin à la destruction systématique et légale des milieux marins et des espèces profondes vulnérables, ce type de pêche ( au chalut ) a été interdit dans les eaux européennes. Mais, cette mesure n'empêche pas, chaque année, 4,9 millions de km2 de surface océanique d’être raclés par les chaluts. Selon cet article, paru le 17 mars 2021 dans la revue Nature, la pêche au chalut occasionne entre 0,6 et 1,5 gigatonne d’émissions de CO2 par an, contre 1 gigatonne pour le transport aérien au niveau mondial (918 millions de tonnes en 2018). Concrètement, en raclant le fond des océans, les chaluts remuent les sédiments marins, qui constituent le premier réservoir de carbone à long terme de la planète.
L’acidification des océans, responsable de l'accumulation de CO2 atmosphérique
En perturbant ces réserves de carbone, on reminéralise le carbone sédimentaire en CO2, ce qui est susceptible d'accroître l'accumulation de CO2 atmosphérique. Si l'eau est déjà saturée à partir de sources situées en contrebas, elle sera incapable d'absorber les émissions d'origine humaine d'en haut, ce qui entrave l'un de nos meilleurs atouts dans la lutte contre le climat.
L'acidification des océans n'impacte pas seulement les émissions de CO2, elle serait aussi nocive pour les poissons. Dans une autre étude australienne, des chercheurs ont démontré que lorsque les larves se développent dans un océan acidifié, riche en dioxyde de carbone, l’audition des poissons de récif se voit affectée. En étant moins sensibles au son, les poissons auraient plus de difficulté à survivre.
La protection des océans n'est pas incompatible avec le soutien de la pêche
Pour réduire ces émissions, les chercheurs préconisent la création de zones protégées dans les zones plus sollicitées et là où le stockage du carbone est le plus élevé. En protégeant 3,6 % de l'océan, on pourrait éliminer jusqu'à 90 % du risque de perturbation du carbone sédimentaire. L’article réfute ainsi une vision de longue date selon laquelle la protection des océans nuit à la pêche. L'étude a révélé, au contraire, que des aires marines protégées (AMP) bien placées, qui interdisent la pêche, stimuleraient en fait la production de la vie marine en fonctionnant comme des nurseries de poissons et des générateurs de biodiversité capables d'ensemencer des stocks ailleurs. Malgré les défis de la surpêche et du changement climatique, les chercheurs préconisent que, en protégeant des endroits convenables, on pourrait même augmenter la pêche de fruits de mer de plus de 8 millions de tonnes métriques par an.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.