Tianjin : niveaux de cyanure 356 fois supérieurs au seuil de tolérance
Une semaine après la série d'explosions qui a frappé la zone industrielle de la ville de Tianjin (Chine), les autorités ont annoncé avoir relevé des niveaux de cyanure jusqu'à 356 fois supérieurs au seuil de tolérance sur le site, désormais isolé. Au total, des traces de cyanure ont été identifiées dans 25 points d'eau au sein de la zone. Sur 16 autres points testés en dehors, en revanche, on n'a détecté du cyanure que dans 6 d'entre eux et à chaque fois en deçà des limites tolérées, ont déclaré les autorités, assurant que l'eau du robinet restait potable et que les 15 millions d'habitants de cette métropole du nord-est de la Chine ne risquaient rien.
Dans un rapport rendu mercredi 19, le Bureau de protection de l'environnement de Tianjin a indiqué que, d'après des prélèvements effectués la veille, le niveau de cyanure dans l'eau de rivière et dans l'eau de mer de la zone évacuée a fortement grimpé depuis les explosions meurtrières de mercredi 12. Dans le même temps, le gouvernement chinois a confirmé que l'entrepôt d'où avaient surgi les explosions, détenu par l'entreprise Tianjin Dongjiang Port Rui Hai, renfermait bien 700 tonnes de cyanure de sodium, un composant hautement toxique, soit des quantités 30 fois supérieures à la norme autorisée.
Mais, alors que de nombreux habitants effrayés par un risques de contamination manifestaient depuis plusieurs jours, les autorités se voulaient le plus rassurantes possible. L'eau potable de Tianjin demeure conforme aux normes nationales, a ainsi assuré un communiqué des autorités sanitaires. "Toute l'eau polluée est contenue à l'intérieur de la zone d'isolement", a renchéri Tian Weiyong, un officiel chargé de l'environnement. "Et nous n'allons pas la pomper avant qu'elle ne soit nettoyée".
Par ailleurs, les installations chimiques vont être évacuées hors de la zone, vers la zone industrielle de Nangang, située à 25 kilomètres de Tianjin, a révélé journal China Daily. Et les équipes de secours ont édifié des barrages de terre et de sables encadrant un périmètre de 100.000 mètres carrés autour du lieu des déflagrations pour éviter toute fuite de composants toxiques, ont quant à elles rappelé les autorités municipales.
Dans le même temps, dix responsables de l'entreprise Rui Hai ont été arrêtés et écroués. Ce jeudi, le président chinois Xi Jinping les a appelés à répondre de leurs actes. L'agence officielle Chine Nouvelle a notamment donné la parole à Dong Shexuan, 34 ans, fils d’un ancien chef de la police du port de Tianjin et propriétaire de 45% de Rui Hai.
Ce dernier a notamment reconnu avoir utilisé ses relations politiques pour faire en sorte que soient délivrés tous les permis nécessaires et pour passer les inspections sans problèmes." Mes connexions sont dans la police et chez les pompiers. J’allais rencontrer des responsables des brigades de pompiers du port de Tianjin, j’allais leur donner des fichiers, et très vite je recevais leur feu vert".
D'après Les Echos, l’implantation des entrepôts Rui Hai aurait été acceptée par les autorités locales, notamment sur la base d’un questionnaire soumis aux riverains. Sur les 128 personnes interrogées, la plupart d'entre elles ne voyaient pas d'objection à cette implantation. Mais, depuis la catastrophe de mercredi 12, il semblerait que la plupart des sondés n'étaient pas au courant de la présence à proximité de matières dangereuses, souligne le quotidien.
Et, d'après Chine Nouvelle, Rui Hai a même opéré sans licence pendant neuf mois. "Après l’expiration de notre premier permis, nous avons fait une demande d’extension. Mais en attendant, nous n’avons pas arrêté nos activités", a en effet déclaré Yu Xuewei, l’autre gros actionnaire de l’entreprise, qui a par ailleurs longtemps dirigé le groupe public Sinochem, géant chinois de l’industrie chimique. "Nous ne pensions pas que c’était vraiment un problème. Beaucoup d’autres firmes le font aussi ", a-t-il ajouté.
Selon Greenpeace, Sinochem possède deux entrepôts de produits dangereux près du site qui a explosé. D'après l'ONG, ces derniers violeraient également de nombreuses réglementations chinoises.
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