Une coalition internationale demande des mesures pour freiner la pollution textile
Les Français achètent 60 % de vêtements de plus qu’il y a quinze ans, tout en les portant deux fois moins longtemps. Par personne et par an, les Européens consomment jusqu'à 26 kg de textiles par personne, et en jettent 11 kg. Les initiatives des marques pour s’adapter aux nouvelles attentes écologiques sont nombreuses (services de recyclage et de réparation, ou même des initiatives de plantation d’arbres). Cela reste pourtant une très timide prise en charge de la pollution textile. De son côté, l’Union Européenne s'apprête à proposer des mesures ambitieuses pour lutter contre les déchets dans l'industrie textile, dans une stratégie qui devrait être proposée dans les prochains mois. Dans ce contexte, onze pays européens ont signé une lettre conjointe, appelant la Commission européenne à être très ambitieuse et à prendre en compte toute la chaîne de valeur.
Les principaux pays qui dominent l’industrie de la “fast fashion” signent la lettre
L’Autriche, la Belgique, le Danemark, la Finlande, la France, l'Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège, l'Espagne et la Suède soulignent la nécessité d'une stratégie « ambitieuse et globale » pour réaliser les ambitions climatiques de l'Europe et aider son industrie textile à devenir plus compétitive et durable. Les tendances de la « fast fashion » poussent les consommateurs à utiliser les habits pendant des périodes plus courtes. Pour renforcer la compétitivité industrielle et l'innovation dans les textiles, tout en stimulant le marché européen, la mode rapide veut se convertir aux textiles durables et circulaires.
Réutilisation, recyclage des textiles, vie plus longue des habits pour diminuer l’impact environnemental
Moins d'1 % des textiles dans le monde sont recyclés en nouveaux textiles, et la majorité du recyclage est le "downcycling", ce qui diminue la qualité du matériau. Dans le document conjoint, les onze pays demandent à la Commission européenne d'explorer quels matériaux pourraient utiliser plus de contenu recyclé de textile à textile, ce qui augmenterait les taux de recyclage. Les pays proposent également que davantage de recherches soient entreprises sur la manière d'encourager l'utilisation plus longue des vêtements, et affirment que des mesures devraient être envisagées pour empêcher la destruction des vêtements invendus, ce que certains magasins finissent par faire. Contre ces arguments, les marques jouent sur le caractère cyclique de la mode, qui assure des ventes régulières à chaque changement de saison.
Un "nutri score" des vêtements pour acheter plus “conscient”
Selon les signataires, pour éviter le "greenwashing", une étiquette obligatoire devrait montrer aux acheteurs ce qu'ils achètent et comment cela a été fabriqué. L’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, travaille depuis plusieurs années sur un outil d’évaluation, qui pourrait aider les consommateurs à valoriser les articles de mode les plus écologiques. Des marques comme Decathlon et Okaïdi ont déjà pris l’initiative d’afficher des notes environnementales pour certains de leurs produits, mais l’étiquetage des vêtements se fait attendre. Il faudra encore attendre la mise en œuvre du Fashion Pact (le pacte des grandes marques et enseignes comme Adidas, Nike, Prada, H&M et Gap, engagés à réduire considérablement les émissions de CO2 de l’industrie textile d’ici à 2050) pour une harmonisation au niveau européen, prévue pour 2023. Pour l’instant, Clearfashion, le Yuka du textile, peut aider les consommateurs à évaluer en quelques secondes les marques de vêtements en fonction de leur impact sur quatre critères : la santé, l’humain, l’environnement et les animaux.
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