Agression à la prison de Condé : le détenu radicalisé interpellé, sa compagne tuée
Michaël Chiolo, le détenu radicalisé qui a poignardé mardi matin deux surveillants à la prison de haute sécurité de Condé-sur-Sarthe, a été interpellé dans la soirée à l'issue d'un assaut des forces de l'ordre au cours duquel sa compagne a été tuée.
Ce détenu de 27 ans, qui s'est retranché avec elle durant près de dix heures dans l'unité de vie familiale de la prison, a été hospitalisé après avoir été blessé "sans gravité" lors de l'assaut du Raid lancé peu avant 19H00, a indiqué le procureur de la République de Paris Rémy Heitz, qui a par ailleurs précisé que trois gardes à vue étaient en cours.
Il s'agirait pour deux d'entre eux d'un co-détenu et sa compagne, également présents dans l'unité de vie familiale au moment de l'agression des surveillants, selon des sources concordantes. L'identité de la troisième personne en garde à vue n'était pas certaine mardi soir.
Une enquête de flagrance a été ouverte pour "tentative d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs en vue de préparer des crimes d'atteintes aux personnes", a précisé M. Heitz.
"L'enquête ne fait que débuter pour établir les circonstances de cette grave agression criminelle", a-t-il ajouté.
L'attaque, qui s'est produite vers 9H45, avait été qualifiée de "terroriste" dès la mi-journée par la ministre de la Justice Nicole Belloubet. Se fondant sur de premiers témoignages, Rémy Heitz a expliqué dans la soirée que le détenu voulait "venger" Chérif Chekatt, l'auteur de l'attentat jihadiste de Strasbourg de décembre, et avait crié "Allah Akbar" au moment de se jeter sur les deux surveillants.
Ces derniers ont été grièvement blessés au visage et au thorax, selon une source policière. Âgés d'une trentaine d'années, ils ont été hospitalisés mais leurs jours ne sont pas en danger.
D'après Philippe Devique (Ufap), l'un des surveillants, blessé au thorax, "est sorti du bloc opératoire et est maintenant en convalescence, sous le choc à la fois de l'opération et de l'agression sauvage". Quant au deuxième, "il est assez gravement blessé au visage et psychologiquement très perturbé".
- "Un couteau en céramique" -
Détenu de droit commun, Michaël Chiolo, qui purge une peine de 30 ans, se serait "radicalisé en prison", selon une source policière, mais n'était pas détenu dans le quartier pour radicalisés ouvert en septembre. "Je crois savoir que c'est un individu qui était fiché", a précisé la ministre de la Justice.
Pour agresser les deux surveillants, il a utilisé un couteau en céramique qui "aurait pu lui être apporté" par sa compagne, avait avancé Mme Belloubet à la mi-journée. Selon des sources concordantes, la compagne du détenu aurait pu cacher cette arme ainsi que la ceinture d'explosifs factice dans un faux ventre de femme enceinte.
Nicole Belloubet a annoncé avoir saisi l'Inspection générale de la justice pour comprendre comment ce couteau a été introduit en détention sans être détecté lors des contrôles de sécurité. Un rapport devra lui être remis "dans un mois", a-t-elle précisé.
"Vous avez des portiques de détection mais la céramique ça ne sonne pas à moins de faire une fouille à corps de la personne extérieure. On n'a pas le droit de fouiller les personnes extérieures comme ça", a expliqué Philippe Devique.
Converti à l'islam en 2010, le détenu purge une peine de réclusion criminelle pour arrestation, enlèvement, séquestration suivie de mort et vol avec arme, et d'un an d'emprisonnement pour apologie publique d’acte de terrorisme. Il est libérable en 2038.
En novembre 2015, alors qu'il était déjà incarcéré à Mulhouse dans l'attente de son jugement en appel, Michaël Chiolo avait été condamné à un an de prison ferme pour avoir demandé à ses codétenus de "rejouer" l'attaque du Bataclan dans la cour de la maison d'arrêt.
La maison centrale de Condé-sur-Sarthe, "l'un des deux établissements français les plus sécuritaires", accueille 110 détenus pour 195 places, selon la ministre de la Justice.
Cette agression intervient dans un contexte de climat social tendu dans les prisons françaises. Des surveillants ont aussitôt débrayé mardi devant des établissements et un appel a été lancé par des syndicats pour une mobilisation nationale dès mercredi.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.