Appeler son enfant Jihad, est-ce légal ?

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 23 octobre 2017 - 13:03
Image
Un nouveau-né.
Crédits
©Jorge Silva/Reuters
Les prénoms portant atteinte à l'intérêt de l'enfant sont interdits, mais c'est au juge de définir cette notion.
©Jorge Silva/Reuters
Un officier d'Etat civil toulousain a signalé début août au procureur de la République le cas de parents souhaitant appeler leur fils Jihad. La justice peut en effet refuser l'octroi de certains prénoms contraires à l'intérêt de l'enfant. Mais dans les faits, il s'agit aussi d'une interprétation des juges au cas par cas, avec donc des règles difficiles à définir.

Le cas de parents voulant appeler leur fils Jihad  va devoir être tranché par la justice. C'est en effet le prénom que ce couple originaire de Léguevin (Haute-Garonne) a choisi pour leur fils né le 2 août dernier à Toulouse. Mais ce choix suscite des interrogations en raison l'utilisation du terme par les terroristes islamistes.

La justice peut interdire aux parents de donner tel ou tel prénom à leur enfant. Toutefois, le simple mauvais goût ou le fait qu'il puisse choquer certaines personnes n'est pas censé entrer en ligne de compte. Il n'est prévu que deux cas d'interdiction.

Le premier est si le prénom nuit à l'intérêt de l'enfant parce qu'il est par exemple ridicule ou grossier. Il s'agit là d'éviter à l'enfant les moqueries. Cas beaucoup plus rare, il est interdit de donner un prénom qui méconnaît le droit d'un tiers à voir protéger son nom de famille. Utiliser le nom de famille d'une autre personne, même célèbre, est donc interdit.

Mais ces principes sont soumis à l'interprétation humaine. En effet, il appartient à l'officier d'Etat civil qui établit l'acte de naissance de transférer ou non la question au procureur de la République. Il s'agit donc d'un premier filtre qui implique une appréciation personnelle.

Le procureur peut ensuite -encore une fois s'il le juge nécessaire- saisir le juge aux affaires familiales qui rend une décision. Mais l'affaire peut aller jusqu'en cassation si les parents tiennent vraiment au prénom en question.

Difficile donc de tracer une ligne au-delà de laquelle le prénom porterait atteinte à l'intérêt de l'enfant. Nutella, Titeuf, ou les jumeaux Patriste et Joyeux ont par exemple été censurés sans grande surprise. Mais ce fut aussi le cas de Fraise quand Prune est autorisé. Ravi a également été retoqué, mais les prénoms Khaleesi, Bilbo ou Tokalie ont été acceptés.

Quant à Jihad, la question s'était déjà posée par le passé et le prénom avait été accepté, mais reste à savoir si cela suffira pour faire jurisprudence.

A noter qu'une personne majeure peut demander à changer de prénom s'il justifie d'un intérêt légitime. Il peut s'agir du ridicule qu'implique sa jonction avec un nouveau nom de famille ou d'une volonté d'intégration par exemple. Mais la simple convenance personnelle d'une personne qui n'aime pas son patronyme ne suffit pas.

À LIRE AUSSI

Image
Jumeaux bébés
Louise, Emma, Gabriel… découvrez les prénoms qui seront les plus donnés en 2018
"L'officiel des prénoms" sort jeudi dans les librairies françaises. Mais ce mercredi, deux tops 10 des prénoms qui devraient être les plus donnés aux petits bébés en 2...
18 octobre 2017 - 14:45
Lifestyle
Image
Marseille.
Paris : la mairie refuse d'enregistrer "Marseille" comme troisième prénom d'un petit garçon
En hommage à sa ville de coeur, un père de famille voulait donner "Marseille" comme troisième prénom à son fils. La mairie du XIXe arrondissement de Paris s'y est fina...
30 septembre 2017 - 12:37
Société
Image
Isabelle Le Bal, à Ouessant le 9 août 2013
La région Bretagne demande l'autorisation du "ñ" dans les prénoms
Le conseil régional de Bretagne a voté vendredi un vœu demandant au ministère de la Justice de permettre l'usage du tilde (signe en forme de S couché) dans les prénoms...
13 octobre 2017 - 16:41
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.