Burkini : phénomène minoritaire mais les musulmans redoutent une stigmatisation

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 17 août 2016 - 15:51
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Une femme en burkini sur une plage de Marseille.
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En pleine polémique sur le burkini, des voix s'élèvent pour déplorer un emballement dangereux, notamment chez les musulmans.
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En pleine polémique sur le burkini, des voix s'élèvent pour déplorer un emballement dangereux, notamment chez les musulmans qui redoutent une nouvelle stigmatisation autour d'une pratique minoritaire.

Plusieurs maires, essentiellement dans les Alpes-Maritimes, ont pris ces derniers jours des arrêtés interdisant le port de ce maillot de bain recouvrant le corps et la tête. Le maire LR du Touquet (Pas-de-Calais) Daniel Fasquelle a justifié sa décision mardi par la volonté de "lutter contre le prosélytisme religieux" -même si, de son propre aveu, "il n'y a pas de burkini pour le moment au Touquet".

Justifiés par le maintien de l'ordre public, ces arrêtés provoquent la consternation chez les musulmans. "Ca suffit maintenant. On est en train de monter en épingle" une pratique qui "ne représente qu'une goutte d'eau" chez les femmes musulmanes, déplore Abdallah Zekri, le président de l'Observatoire contre l'islamophobie au CFCM.

"Je suis excédé par tout ce que j'entends, les musulmans, le halal, la burqa... Ce climat n'est pas bon, pas propice au calme ni au vivre ensemble, et il faudrait à un moment siffler la fin de la récréation", ajoute le responsable du Conseil français du culte musulman.

Même son de cloche chez le blogueur "orthodoxe" Fateh Kimouche (Al-Kanz), qui juge "incroyables et inquiétantes les proportions que prend cette affaire" à partir d'un phénomène "ultra-minoritaire". Car il y a là, selon lui, une "manifestation d'islamophobie" à peine cachée: "la femme en combinaison de plongée ne sera pas verbalisée alors que sa voisine en burkini le sera, parce qu'elle est musulmane".

"Il faut raison garder sur un bout de tissu", estime pour sa part la sénatrice UDI Nathalie Goulet, auteure d'un rapport sur l'organisation de l'islam en France, en déplorant qu'"avoir un discours rationnel sur l'islam est quasiment impossible" dans le "climat de suspicion" actuel.

Avec son arrêté anti-burkini, le maire du Touquet a emboîté le pas à ses collègues de Cannes, Mandelieu et Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes), et de Sisco en Haute-Corse, où des incidents violents ont eu lieu ce week-end.

Pour le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), qui a annoncé son intention de saisir le Conseil d'Etat, l'arrêté de Cannes "sert désormais de +modèle d'exclusion+ pour d'autres municipalités" qui trouvent "l'opportunité d'exprimer leur rejet et de satisfaire les groupes les plus racistes".

Le risque étant, selon certains, de jouer le jeu des extrêmes: "Puisque le lien avec le contexte terroriste est fait par les promoteurs de cet arrêté, rappelons que ce que recherche Daech après chacun de ses attentats, c'est +la malveillance envers les populations arabo-musulmanes+", affirme SOS Racisme.

Dans ce contexte, les propos de Jean-Pierre Chevènement, pressenti pour prendre la direction de la Fondation pour l'islam de France, ne sont pas passés inaperçus lorsqu'il a conseillé aux musulmans la "discrétion" lundi.

"Être discrets sur quoi? On doit se cacher sous terre comme des rats? Nous sommes des citoyens français, pourquoi on ne nous demande pas d'être discrets quand on dénonce le terrorisme?", estime M. Zekri. "C'est d'un mépris extraordinaire", renchérit Fateh Kimouche.

Au printemps déjà, le débat s'était enflammé autour des vêtements islamiques développés en Europe par certaines marques, que la ministre des Droits des femmes Laurence Rossignol avait fustigées comme "irresponsables".

Le burkini est "profondément archaïque", a estimé Mme Rossignol lundi. Mais "pour combattre cet archaïsme, il faut des personnalités (...) sans arrière-pensées", a-t-elle ajouté, dénonçant "la droite dure" qui "veut faire de l'islam le sujet des mois à venir". "Dès qu'il s'agit de l'islam, le débat s'hystérise et Marine Le Pen compte les points", estime M. Kimouche. "Elle n'a pas besoin de s'exprimer: d'autres font le travail pour elle".

Les musulmans risquent de s'"en prendre plein la figure", à l'approche de la présidentielle, avertit M. Zekri, car "on va rester sur l'identitaire au lieu de parler du chômage et des souffrances des Français".

 

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