Commissariat du 18e : enquête sur le parcours du terroriste présumé
Avec cette attaque survenue devant le commissariat de la rue de la Goutte-d'Or à Barbès, "la menace s'est rappelée au pays" un an jour pour jour après l'attentat contre Charlie Hebdo, souligne la presse ce vendredi.
A 11h30 jeudi, un homme d'une vingtaine d'années porteur "d'une arme blanche de type feuille de boucher" et d'un dispositif explosif factice "s'est présenté devant le commissariat du XVIIIe arrondissement, a exhibé son arme et crié +Allah Akbar+ (Dieu est le plus grand, en arabe, NDLR) avant d'être abattu par les policiers en faction", selon le procureur de la République de Paris, François Molins.
Arrivé en courant, il a sorti le hachoir de la poche intérieure de son manteau devant deux policiers en faction, a détaillé une source proche de l'enquête. "Il a refusé d'obéir aux sommations d'usage et les policiers ont fait feu", a ajouté cette source, qui précise que six douilles ont été retrouvés. Il était porteur d'une "revendication manuscrite non équivoque en langue arabe" et d'un téléphone portable, selon le procureur. Pour autant, "ce qui apparaît très clairement de ce qui est connu de cette personne, (c'est qu'elle) n'a aucun lien avec la radicalisation violente, aucun", a affirmé la ministre de la Justice Christiane Taubira sur i>Télé.
Sous son manteau sombre, une petite pochette scotchée d'où sortait un fil. Un robot de déminage a permis de s'assurer que ce dispositif était factice. L'agresseur, "en cours d'identification", selon le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve est connu des services de police pour une affaire de vol en réunion en 2013 à Sainte-Maxime (Var), a appris l'AFP de sources proches de l'enquête. A l'époque des faits, l'homme avait déclaré aux gendarmes chargés de l'enquête s'appeler Sallah Ali. Il se présentait comme un sans-domicile fixe, né en 1995 à Casablanca au Maroc. Ses empreintes avaient alors été enregistrées et elles correspondent à celles de l'homme tué jeudi, selon ces sources.
Du 5e étage d'un immeuble situé face au commissariat, Reka Polonyi, une professeure d'université de 30 ans, a vu deux policiers "crier sur un homme qui avançait très vite vers eux. Comme il continuait à avancer, les policiers ont tiré sur lui alors qu'il n'était peut-être plus qu'à 2 ou 3 mètres". Cette agression "a fait passer un frisson désormais bien connu sur Paris" et confirme que "le risque zéro est une chimère", insiste Le Parisien de ce vendredi.
Pour La Voix Nord, "la menace s'est rappelée au pays" à travers cette attaque qui s'est produite alors que François Hollande présentait ses vœux aux forces de sécurité à la préfecture de police de Paris, lieu symbolique où il s'était incliné l'an dernier sur les cercueils des trois policiers figurant parmi les victimes des frères Kouachi et d'Amedy Coulibaly, auteurs des attentats du 7 au 9 janvier 2015.
Ces attentats ont été suivis tout au long de l'année 2015 par d'autres attaques ou projets d'attentats, souvent avortés, et ont culminé le 13 novembre dans des attaques multiples qui ont fait 130 morts. Dans son discours, le président a rendu hommage aux forces de l'ordre, rappelant que toute agression d'un policier, d'un gendarme ou d'un sapeur-pompier constituait une "atteinte à la République". Il a confirmé un prochain projet de loi pour renforcer la procédure pénale en matière de terrorisme et de crime organisé. Parmi les mesures envisagées, l'assignation à résidence hors état d'urgence ou encore l'évolution des "conditions d'emploi" de leurs armes par les policiers.
Les attaques contre des policiers ou militaires ne sont pas une première.
Le 20 décembre 2014, un jeune converti de 20 ans, Bertrand Nzohabonayo, était abattu dans un commissariat de Joué-les-Tours (Indre-et-Loire), après avoir blessé à l'arme blanche trois policiers en criant "Allah Akbar".
Le 1er janvier, des militaires en faction devant la mosquée de Valence ont ouvert le feu sur un automobiliste qui leur fonçait dessus, le blessant grièvement. La qualification terroriste n'a pas été retenue à ce stade, l'auteur, un Français de 29 ans d'origine tunisienne, ayant des motivations confuses.
Depuis plusieurs années, Al-Qaïda et l'EI exhortent leurs recrues à passer à l'action en Occident. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a affirmé jeudi 7 que les Etats-Unis et la France "se tiendr(aient) toujours ensemble" face au terrorisme.
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