Elle maltraitait ses élèves de maternelle : 18 mois requis contre "maîtresse Delphine"
L'affaire "maîtresse Delphine" continue. Relaxée en première instance, cette institutrice et directrice d'école de Haute-Vienne accusée de violences morales et physiques sur une vingtaine de ses élèves de maternelle âgés de 3 à 5 ans a été jugée à nouveau à Limoges mercredi 30 mars. Le ministère public a requis contre la maîtresse, toujours sous suspendue par l'Education nationale, une peine de 18 mois de prison avec sursis et l'interdiction à vie d'exercer une profession en lien avec des enfants. La décision a été mise en délibéré au 27 mai.
Les faits se sont déroulés à Feytiat, près de Limoges, entre 2011 et 2015. Cette année-là, après avoir constaté des comportements étranges (peur irrationnelle, refus de manger, terreurs nocturnes, draps souillés...) chez leurs enfants, plusieurs parents s'étaient constitués en collectif et avait organisé un groupe de parole au sein duquel enfants et personnels enseignants pouvaient s'exprimer. Les petits élèves avaient alors raconté avoir été "secoués", traités de "nuls", de "nouilles", d'"incapables", avoir été "giflés", "bousculés", enfermés dans le dortoir plusieurs heures ou dans le "placard aux sorcières". Des faits confirmés par les assistantes maternelles elles-mêmes.
Alarmés, les parents avaient alors alerté la hiérarchie de "Maîtresse Delphine". Face à l'absence de sanctions disciplinaires, ils avaient porté plainte en février 2015. S'en était suivi une enquête menée par la brigade des mineurs, au terme de laquelle le Procureur de la République avait décidé de poursuivre l'intéressée et de la placer sous contrôle judiciaire. En juin 2015, elle avait alors été mise à pied à titre conservatoire par sa hiérarchie.
Au cours du procès de mercredi, des assistants maternels, des agents territoriaux et des instituteurs ont raconté les violences dont ils avaient été témoins, se rappelant avoir vu des enfants jetés dans le couloir, en larmes et terrorisés par une maîtresse qui hurlait et les insultait à longueur de journée. "Tous les matins, j’avais sept ou huit petits qui pleuraient et refusaient d’entrer en classe", a notamment raconté l'ancienne ATSEM (Agent Territorial Spécialisé Des Ecoles Maternelles) qui travaillait au quotidien avec l'enseignante, citée par Le Populaire. "J'ai vu des élèves en souffrance, souffrance psychologique et relatant des souffrances physiques graves (...), des enfants qui avaient peur de montrer leur travail de peur qu'on les gronde, des régressions très importantes chez d'autres enfants (...) J'estimais qu'il était important que la parole des enfants qui ne peut pas être relayée dans un tribunal le soit au moins pour ce que j'avais vu et entendu", a quant à lui expliqué Antoine Guillaumie à France Bleu Limousin. Il avait remplacé "maîtresse Delphine".
Scandalisée par ces dires, "maîtresse Delphine" a assuré être sous le coup d'une machination. "Il y a énormément de choses fausses, et d’autres très exagérées, c’est ignoble, c’est effarant!", s'est-elle emportée, perdant son sang froid pour la première fois depuis le début de l'affaire. Se disant, selon France 3 Limousin, "atterrée par tant d'agressivité et de haine" de la part des parents d'élèves et des ATSEM avec qui elle était en conflit, elle à nouveau contesté ou minoré les faits qui lui étaient reprochés, mettant en avance "sa rigueur et son exigence".
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