Essai clinique à Rennes : les volontaires découragés après le drame

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 16 janvier 2016 - 16:58
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Les urgences.
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©Gelebart/20Minutes/Sipa
"Après avoir entendu ce qui c'est passé (à Rennes) je ne serai plus candidate", a déclaré un volontaire.
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Suite à l'essai clinique à Rennes, qui a viré au drame, les volontaires s'interrogent désormais sur leur participation à ces expériences. Au total, six personnes, dont un homme en état de mort cérébrale, sont hospitalisées.

Des volontaires d'essais thérapeutiques se disent ébranlés par l'accident qui a laissé un homme en état de mort cérébrale et cinq autres hospitalisés à Rennes et s'interrogent sur leur participation à ces expériences.

"Je vais réfléchir. C'est sûr que ça va refroidir", dit à l'AFP Louis-Marie Durel, un étudiant de 23 ans qui a subi un test étalé sur deux week-ends pour un anti-diabétique dans le centre d'essais cliniques privé de Biotrial à Rennes. Là même où l'essai clinique d'une molécule du laboratoire portugais Bial sur des adultes sains a tourné au tragique.

Le drame de Rennes? "Ca refroidit, je ne suis pas sûr d'accepter à nouveau de faire un test. Je ne cours pas après cela", réagit Michel Spievak, 60 ans, à Paris, responsable sécurité incendie d'une société, qui a fait un test à la Pitié Salpêtrière à Paris de septembre 2013 à juin 2014.

"Là je n'en ferai plus et je vais le déconseiller", souligne un doctorant en sciences humaines de l'université rennaise, 33 ans, qui souhaite rester anonyme, et dit "avoir réalisé une quinzaine de tests depuis 2005 avec Biotrial à Rennes, contre la douleur, la sclérose en plaques, le paludisme...". "Ma motivation, c'est l'argent, c'est évident. C’est de l'argent facile" mais avec "une limite de 4.500 euros par an maximum", relève-t-il, en précisant qu'il essayait d'évaluer les risques à chaque fois.

"Après avoir entendu ce qui c'est passé (à Rennes) je ne serai plus candidate", assure Aissata Sissoko, résidente de la région toulousaine. Inscrite pour un essai sur le site du Medes (Institut de médecine et de physiologie spatiales), elle avait appris par mél que "seules deux ou trois personnes étaient retenues". "Je n'en faisais pas partie", ajoute-elle.

Beaucoup d'étudiants participent aux essais, par le bouche à oreille, mais on peut aussi s'inscrire sur internet, où l'on trouve une carte des centres de l'Hexagone qui font des tests de médicaments ainsi que de produits cosmétiques. Des candidats y laissent des messages, demandent les conditions. D'autres vantent leur bonne santé, "je ne fume pas, je ne bois pas" ou donnent leur numéro de téléphone.

Louis-Marie Durel lui, y est venu car son frère en avait déjà fait un. "Pour moi cela s'est bien passé. Les gens, des médecins, des infirmières sont très compétents, +sympas+". "J'aurais bien aimé en refaire un autre bientôt". "Cela fait des sous. On n'a pas grand chose à faire, tout est pris en charge", relève-t-il précisant qu'il a reçu 700 euros pour les deux week-ends de test. Mais "comme c'était en double aveugle je ne sais pas si j'ai eu le placebo ou le médicament".

"Il y a un test d'urine à l'entrée pour voir si on n'a pas pris de toxiques, de drogues et ils ne prennent pas les fumeurs", poursuit-il. "Mon frangin était resté trois semaines dans le centre pour 3.500 euros". "Rester dans le même bâtiment, cela devient vite pesant, même s'il y a des jeux de société, des ordis", explique-t-il. "Mon frère, au bout de trois semaines, n'en pouvait plus."

Michel Spievak a, lui, participé à des tests pour maigrir. "Je devais prendre le produit tous les matins dans une petite gourde fournie". "J'y allais deux fois par mois pour des examens sanguins, des prélèvements de tissus adipeux". Il y a eu aussi deux journées entières d'examens. Mais les kilos sont revenus. Et même après la fin du test, il n'a pas su s'il avait reçu le produit ou le placebo. "On ne sait pas non plus ce qu'il y avait dans le produit", ajoute-t-il.

"Evidemment, il faut vérifier qu'il n'y a pas eu d'abus du laboratoire dans cette histoire de Rennes", dit Pablo Paredes, 40 ans, qui s'était prêté à un test lorsqu'il était étudiant pour se "payer de belles vacances". Mais, pour lui "il faut continuer" les tests "encadrés" conduits "pour une bonne cause": soigner. "Il ne faut pas arrêter le progrès", lance-t-il.

 

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