Explosion d'AZF à Toulouse : 15 ans après, l'émotion et la colère

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 21 septembre 2016 - 15:17
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L'usine AZF de Toulouse après l'explosion.
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©Eric Cabanis/AFP
Le 21 septembre 2001 à 10h17, 300 tonnes d'ammonitrates stockées dans un hangar en plein Toulouse explosent.
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Toulouse a commémoré ce mercredi l'explosion de l'usine AZF du 21 septembre 2011 qui a fait 31 morts. Quinze ans après les faits, la justice ne s'est toujours pas définitivement prononcée, ce qui suscite la colère des victimes et de leurs proches. D'autant plus que le prochain procès aura lieu à Paris et non à Toulouse.

Des gerbes et une minute de silence: Toulouse a commémoré ce mercredi l'explosion du complexe chimique AZF, qui avait fait 31 morts et plus de 2.500 blessés le 21 septembre 2001, à l'approche d'un troisième procès qui rouvre une plaie déjà difficile à cicatriser et réveille le sentiment d'injustice. Plus de 200 personnes étaient réunies en milieu de matinée devant le mémorial installé sur le site de l'ex-usine AZF. Il s'agit de la plus grande catastrophe industrielle en France depuis 1945.

Le maire LR de Toulouse Jean-Luc Moudenc a allumé une bougie au pied d'un des 31 cyprès, qui mènent au mémorial et représentent les victimes. A 10h17, heure précise de l'explosion, les sirènes ont retenti puis les noms des 31 personnes décédées ont été égrenés avant une minute de silence devant le mémorial et la stèle.

Plusieurs gerbes d'élus et de certaines associations de victimes ont été déposées au pied du monument. "C'était il y a 15 ans mais la justice ne s'est toujours pas prononcée", a indiqué à l'AFP le maire de Toulouse. "J'aurais préféré que le procès se tienne à Toulouse car les familles sont ici", a-t-il ajouté. Un nouveau procès en appel est prévu en janvier à Paris.

Un peu plus tôt, à l'appel de l'association "Mémoire et solidarité", qui regroupe d'anciens salariés de Total, quelque 200 personnes s'étaient recueillies. "Nous n'avons jamais renoncé à l'exigence de vérité. Nous restons déterminés et mobilisés", a déclaré Jacques Mignard, le président de l'association, sans plus de précision, lors d'un bref discours.

A environ deux kilomètres de cette cérémonie officielle, un autre rassemblement a regroupé quelques dizaines de personnes, à l'appel notamment de l'Association des sinistrés du 21-septembre, radicalement opposée à Total. Sur une banderole, on pouvait lire: "nouveau procès AZF à Paris: les victimes TOTALement bâillonnées".

"C'est le rêve de toute dictature: réussir à faire un procès sans victime", a assuré à l'AFP le président de l'association Jean-François Grelier. "A Paris, la quasi-totalité des victimes ne pourra pas y aller, or à Toulouse lors du 2ème procès il y avait 400 à 600 personnes tous les jours. C'est insupportable pour tous", a-t-il ajouté.

"A Paris, ils vont faire ce qu'ils veulent. Il n'y aura pas les gens avec les séquelles", a dénoncé pour sa part Anne-Marie Capgras, 70 ans. "Je ne pourrai pas y aller car j'ai du mal à tenir debout. Il y a beaucoup d'injustice là-dedans", a-t-elle insisté, les larmes au bord des yeux.

Mme Capgras, une résidente des alentours d'AZF, avait été projetée dans son appartement par l'explosion. Elle n'a pas pu marcher pendant 28 mois et depuis "je titube beaucoup, j'ai des vertiges et de l'hyperacousie (dysfonctionnement de l'audition)".

Le 21 septembre 2001 à 10h17, 300 tonnes d'ammonitrates stockées dans un hangar en plein Toulouse explosent. La gigantesque déflagration souffle l'immense complexe chimique AZF (AZote Fertilisants, filiale de la société Grande Paroisse, elle-même filiale du groupe Total). L'explosion est ressentie à des dizaines de kilomètres à la ronde.

Quinze ans plus tard, la plaie reste vive et s'est récemment rouverte avec la perspective d'un troisième procès, à partir du 24 janvier  2017, qui devrait durer quatre mois, et à Paris.

Le premier procès, en 2009 à Toulouse, avait relaxé "au bénéfice du doute" Serge Biechlin, le directeur du site, et Grande Paroisse. Mais en septembre 2012, la cour d'appel de Toulouse condamne Serge Biechlin à trois ans de prison, dont un ferme, et 45.000 euros d'amende, et à 225.000 euros d'amende pour Grande Paroisse.

La Cour de cassation a toutefois annulé cette condamnation en janvier 2015, notamment en raison des doutes pesant sur l'impartialité de l'une des magistrates de la Cour d'appel de Toulouse. La Cour décide donc d'un troisième procès mais, cette fois-ci devant la Cour d'appel de Paris, au grand dam des victimes.

 

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