Fin de vie : Jean Mercier jugé pour avoir aidé sa femme à mourir
C'est un nouveau procès qui alimente le débat sur la fin de vie qui s'ouvre ce mardi à Saint-Etienne (Loire). Sur le banc des accusés, un homme de 87 ans poursuivi pour non-assistance à personne en danger, après avoir un temps été accusé d'homicide volontaire.
Le 10 novembre 2011, Jean Mercier avait aidé sa femme malade à mettre fin à ses jours. Agée de 83 ans, elle était atteinte d'ostéoporose, une maladie des os qui lui causait des souffrances, voire des fractures, au moindre déplacement.
Ce jour là, elle demande à son mari de lui apporter ses médicaments: "j'ai tout de suite compris ce qu'elle voulait," raconte Jean Mercier à BFMTV. Il lui apporte tout de même ses pilules habituelles. "Non, pas ceux-là, je n'en peux plus", aurait-elle répondu. Il restera à ses côtés jusqu'à ce que les médicaments fassent leur effet.
Jean Mercier aurait peut-être pu éviter le procès. Après le décès de sa femme, il avait contacté un médecin. Alors que celui-ci s'apprêtait à certifier le décès, le mari lui a avoué les faits. Le médecin a alors prévenu les autorités. Face à l'accusation il estime "ne pas être lâche. Pour moi, ne pas porter assistance à une personne en danger relève de la lâcheté".
Membre de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), et lui-même atteint de la maladie de Parkinson, Jean Mercier assume son geste et espère que son procès permettra de faire évoluer le débat sur l'euthanasie. Une association à laquelle adhérait également sa femme selon l'avocat de la défense. Elle aurait d'ailleurs planifié un départ en Suisse où le suicide assisté est légal, un dernier voyage annulé car elle n'était plus transportable.
La loi sur la fin de vie de 2005 autorise l'arrêt des traitements "déraisonnables", "inutiles, disproportionnés ou n'ayant d'autre effet que le seul maintien artificiel de la vie", d'où l'expression de "droit à laisser mourir". Une nouvelle loi est actuellement débattue au Parlement, elle prévoit un "droit à la sédation profonde et continue jusqu'au décès, à la demande du patient", si le patient souffre d'une "affection grave et incurable".
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