Incendie au "Cuba Libre" : "tout est de ma faute", affirme l'un des deux gérants du bar
"Tout est de ma faute": l'un des deux responsables du bar de Rouen "Au Cuba libre", détruit début août par un incendie causant la mort de 14 personnes, a fait son mea culpa devant les enquêteurs et reconnu une série d'erreurs, rapporte ce lundi 31 Le Parisien. Nacer Boutrif, 45 ans, qui exploitait l'établissement avec son frère Amirouche, 37 ans, confirme toute une série d'irrégularités sur la sécurité incendie du bar, qu'il avoue complètement méconnaître.
Il dit son ignorance sur la nature du matériau d'isolation phonique dont il avait recouvert la cave et qui a pris feu instantanément au contact de bougies, provoquant la mort par asphyxie de 14 jeunes hommes et jeunes filles, venus fêter le 5 août dernier l'anniversaire de l'une d'entre elles. La mousse en polyuréthane qui tapissait murs et plafond de la cave "je l'ai achetée sans regarder l'étiquette" dit-il, ajoutant qu'il n'avait jamais pensé à un risque d'incendie. L'important pour lui était de réduire le bruit de la musique, après avoir été, dans le passé, mis à l'amende pour tapage nocturne.
"Si je n'avais pas fait ces travaux, rien ne serait arrivé. Si je n'avais pas donné la bougie (d'anniversaire, NDLR), rien ne serait arrivé. Tout est de ma faute", s'accable-t-il. S'agissant de l'issue de secours de la cave qui était fermée, l'exploitant raconte que son frère Amirouche, devenu gérant depuis l'année dernière, avait oublié de la déverrouiller, ce qu'il faisait chaque fin de semaine. Quand l'incendie a éclaté Amirouche se trouvait sur la terrasse du bar. Il a réalisé que l'issue de secours est fermée et s'apprêtait à descendre dans la cave avec un extincteur. "Je l'ai retenu", raconte Nacer selon qui son frère aurait dit par la suite: "j'aurais préféré mourir avec eux".
A la mi-septembre, Nacer et Amirouche Boutrif, ont été mis en examen pour "homicides et blessures involontaires aggravées par violation délibérée d’une obligation de sécurité" et remis en liberté sous contrôle judiciaire. A la suite du drame, la ville de Rouen a fait multiplier les contrôles dans les bars musicaux dits de 5e catégorie, ceux où le passage d'une commission de sécurité n'est pas obligatoire.
A la mi octobre elle avait indiqué qu'une dizaine de bars avaient été partiellement fermés dans l'attente de travaux et que trois avaient fait l'objet d'une fermeture administrative totale. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a demandé que les contrôles soient étendus à l'ensemble du pays dans les quelque 200.000 établissements du même type.
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