Installation de douches pour les migrants à Calais : la mairie condamnée pour avoir bloqué l'accès
La justice administrative a condamné lundi 13 la mairie de Calais, qui avait bloqué avec une benne l'accès à un des bâtiments du Secours catholique pour empêcher l'installation d'un conteneur équipé de douches destinées aux migrants, a-t-on appris auprès du tribunal de Lille. La Ville doit retirer la benne sous 24 heures.
Son installation, le 8 février, n'était "pas justifiée par un motif tiré des nécessités de la conservation du domaine public ou de l'entretien de la voie", a considéré le juge dans son ordonnance, dont l'AFP a obtenu copie. "En faisant procéder à son installation, alors qu'il lui appartenait, s'il estimait que la mise en place des constructions modulaires contrevenait aux règles d'urbanisme en vigueur, d'ordonner par arrêté motivé l'interruption des travaux (...), et en empêchant ainsi l'accès de tout véhicule à une partie du terrain dont le Secours Catholique est propriétaire, le maire de Calais a porté une atteinte grave et manifestement illégale au droit de propriété", a estimé le juge.
"L'ordonnance marque le caractère honteux et incompréhensible d'une municipalité qui s'oppose à une association voulant simplement donner accès à des douches à quelques jeunes migrants vivant dans des conditions effroyables", s'est félicité Didier Degrémont, président du Secours catholique dans le Pas-de-Calais, auprès de l'AFP.
"On ne peut pas réclamer le démantèlement de la +Jungle+ de Calais (il y a trois mois, NDLR) pour ensuite retrouver un lieu de vie en plein coeur de ville que serait ce mini-centre organisé par le Secours Catholique, où des douches, peut-être de la nourriture, vont être distribuées, dans des conditions spartiates", a dénoncé de son côté Emmanuel Agius, premier adjoint à la maire (Les Républicains), Natacha Bouchart. L'élu a rappelé que la mairie de Calais avait déposé un recours contre l'installation des douches, qui devrait être examiné sur le fond par le tribunal administratif dans les prochains mois.
"Depuis quelques semaines, de nombreux exilés sont de retour sur le Calaisis et ils se trouvent dans des conditions dramatiques, affamés, fatigués et ils ne se sont pas lavés depuis plusieurs semaines", avait raconté à l'audience de lundi Me Lionel Crusoé, avocat du Secours catholique. Face à "une situation d'urgence sanitaire", le Secours catholique "a donc dégagé des solutions pour permettre à ces personnes de bénéficier d'un minimum d'hygiène et donc d'un minimum de dignité", a ajouté Me Crusoé.
"On ne peut pas laisser dire qu'il n'y a rien de mis en place, toutes ces personnes peuvent être acheminées dans des centres où elles peuvent être logées et où elles ont la possibilité de se doucher", avait rétorqué Me Paul-Guillaume Balaÿ, l'avocat de la mairie. Dans son arrêté daté du 8 février, la mairie de Calais avait, entre autres, décidé de la pose d'une benne à matériaux devant l'accès des véhicules desservant les locaux, propriétés de l'association humanitaire. Celle-ci avait pu faire entrer dans ses locaux deux modulaires équipés de douches, avant que la "mairie" ne fasse "obstacle à l'entrée du 3e", avait affirmé Vincent De Coninck, chargé de mission au Secours Catholique.
Fin janvier, la mairie de Calais avait également porté plainte contre X après la découverte de ce qu'elle considérait être un squat de migrants qui séjournaient sous des modulaires d'un autre local du Secours catholique, en périphérie de la ville.
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