Lyon : jugé pour viols, Kamel Abbas, un ex-chauffeur de bus, accuse "l'alcool"
Employé modèle le jour, prédateur sexuel la nuit: Kamel Abbas, 39 ans, le "violeur du 8e" jugé depuis lundi 19 devant les assises du Rhône à Lyon, a dévoilé une personnalité double, due selon lui à l'alcool. "Pour moi, l'alcool a été le combustible qui m'a fait passer à l'acte", s'est défendu l'ancien chauffeur de bus des transports en commun lyonnais, reconnaissant tous les faits qui lui sont reprochés - et aussi avoir été de plus en plus violent.
Pourtant, selon la partie civile, les victimes n'ont pas décelé d'emprise alcoolique chez leur agresseur, mais au contraire une froide détermination. La série d'agressions sexuelles, tentatives de viols et viols dont répond l'accusé avait provoqué une psychose dans le 8e arrondissement de Lyon entre 2012 et 2013.
Kamel Abbas avait été interpellé en flagrant délit de viol de sa sixième victime présumée début janvier 2014, dans un parking, à l'endroit même où, un an plus tôt, il aurait déjà violé, sous la menace d'un couteau, une quatrième femme. Cet homme sans casier judiciaire et habitant toujours chez sa mère avait été mis en examen pour sa dernière agression.
Des analyses génétiques avaient ensuite établi que son profil était identique à celui d'un violeur en série, surnommé par la presse "le violeur du 8e", qui avait agressé cinq jeunes femmes de 22 à 26 ans, dont trois étudiantes, entre le 18 octobre 2012 et le 31 janvier 2013.
Confondu par son ADN, l'accusé, né en août 1977 de parents d'origine algérienne et aîné d'une fratrie de cinq enfants, avait ensuite admis la plupart des agressions pendant l'instruction, sauf celle de la deuxième victime, en novembre 2012.
"Je reconnais tous les faits", a-t-il affirmé d'emblée lundi quand la présidente de la cour lui a donné la parole, suscitant les larmes de la jeune victime, assise au premier rang avec les autres plaignantes. "Je regrette sincèrement. Je n'ai pas d'explication", a-t-il ajouté, se disant "inconscient" lors des faits.
Cheveux ras, lunettes sévères et mince silhouette, pâle, mal à l'aise en début d'audience, ce père d'un enfant avec lequel il n'a plus de relations, a ensuite gagné en assurance, jusqu'à agacer la présidente en répétant à plusieurs reprises: "Je ne suis pas psychologue, moi."
Vêtu de noir et le visage masqué, parfois ganté, le violeur présumé agissait toujours de nuit, sur un même "territoire de chasse", agressant par surprise des jeunes femmes seules sous la menace d'un couteau. En plus des violences sexuelles, il les menaçait ("je vais te planter"...), leur posait des questions intimes, affirmant "sortir de prison et n'avoir rien à perdre", et dérobant le plus souvent leur téléphone portable.
L'accusé, qui a arrêté sa scolarité en 1995 à la mort de son père, a admis avoir consommé beaucoup de cannabis, puis être passé à l'alcool. Pour certaines victimes, "c'était comme si elles n'avaient pas de visage, comme s'il n'y avait personne en face de moi", a-t-il expliqué.
Cité comme témoin, son ancien supérieur hiérarchique a dressé de lui un portait très élogieux. "Tout le monde l'appréciait, on lui avait confié des responsabilités", a raconté son chef, avouant avoir été abasourdi quand Kamel Abbas a été arrêté. "C'était incroyable de se dire qu'il pouvait arriver au boulot à 04h00 du matin, frais et dispo, alors qu'il avait peut-être fait... tout ça quelques heures plus tôt", a-t-il ajouté, la gorge nouée.
Une de ses petites amies a évoqué à la barre "une personne très gentille, un ange". Le procès doit durer jusqu'à vendredi. L'accusé encourt 20 ans de réclusion criminelle. Son plus jeune frère, sorti récemment de prison, a été condamné à deux reprises pour viol. "Un tabou dans la famille", a dit Kamel Abbas.
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