Maëlys : 12 semaines depuis sa disparition, l'enquête piétine et la défense de Nordahl L. contre-attaque
Les jours se suivent et l'enquête ne parvient toujours pas à formellement savoir ce qui est arrivé à la petite Maëlys de Araujo. Ce samedi 18 et dimanche 19 marquent la douzième semaine depuis la disparition de l'enfant sur le parking de la salle polyvalente de Pont-de-Beauvoisin, en marge d'une fête de mariage.
Si l'instruction s'avère particulièrement prudente et verrouille l'information –le tout sous fond de plainte contre les gendarmes soupçonnés d'avoir laissé fuiter des informations– l'enquête semble pour l'instant impuissante à faire la lumière sur les faits. Les très nombreuses fouilles sur les plans d'eau de la région, que ce soit en Isère ou en Savoie, n'ont pour l'instant rien donné. Le suspect principal Nordahl Lelandais, s'il est toujours au centre des suspicions du fait d'éléments troublants sur son comportement et son emploi du temps, clame toujours son innocence depuis la prison de Saint-Quentin-Fallavier où il est incarcéré depuis sa mise en examen du 3 septembre. Et surtout, aucun élément à charge ne l'accuse formellement, hormis une trace ADN de la fillette dans son Audi A3 qui l'a amené à reconnaître que Maëlys était bien montée à bord de son véhicule, mais uniquement à l'arrêt pour vérifier la présence de chiens à bord, un animal que l'enfant aimait particulièrement.
Les premières semaines de l'enquête, de nombreux détails –short tâché introuvable, nettoyage maniaque de la voiture, allers-retours entre la salle et un endroit inconnu, profil instable et avec casier judiciaire du suspect– ont accablé Nordahl Lelandais, qui n'a pourtant pas varié dans ses déclarations (hormis sur la présence de la fillette dans sa voiture qu'il a nié dans un premier temps). Mais aucun élément n'est apparu comme une évidence de l'implication de l'ancien militaire et maître-chien de 34 ans, qui n'a participé qu'au vin d'honneur et au "dessert" et qui n'aurait été invité au mariage, dans des conditions encore mal éclaircies, que pour sa capacité à ravitailler certains invités en produits stupéfiants.
Et cette treizième semaine de disparitions pourrait être celle de la contre-attaque pour le trentenaire en prison depuis deux mois et demi. La chambre de l'instruction examinera le 21 novembre prochain la requête en nullité déposée par Me Alain Jakubowicz au sujet de certaines auditions de Nordahl Lelandais. Une erreur de procédure viendrait entacher les trois premiers interrogatoires du trentenaire, car ces dernières n'auraient pas été filmées par les forces de l'ordre contrairement à ce que prévoit la loi.
L'article 64-1 du code de procédure pénale précise bien en effet que "les auditions des personnes placées en garde à vue pour crime (...) font l'objet d'un enregistrement audiovisuel". La loi prévoit également qu'en cas de problème technique rendant l'enregistrement impossible, il doit en être fait mention dans le procès-verbal de l'audition qui manque également.
C'est cette procédure notamment qui explique pourquoi Nordahl Lelandais n'a pas été entendu de nouveau par les juges en charge de l'instruction depuis sa mise en examen, ce qui a empêché les magistrats de lui demander des explications précises sur les éléments les plus troublants de cette affaire.
Toutefois, si la requête en nullité est validée par la chambre d'instruction, celle-ci ne remets pas en cause l'ensemble de l'enquête et les charges qui pèsent sur le suspect. La procédure permet uniquement l'annulation des auditions concernées. Il suffirait donc aux enquêteurs ou aux juges de procéder à une nouvelle audition du suspect, qui aura eu le temps au passage de préparer avec précision sa version des faits.
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