Maltraitances animales : "il y a tellement de choses à montrer", explique L214
Depuis plusieurs années, l'association L214 milite pour le droit des animaux. Habituée à publier des vidéos chocs pour tenter de provoquer une prise de conscience chez les consommateurs de viande et les politiciens, l'association a mis en ligne il y a quelques jours une nouvelle séquence montrant les sévices infligés aux animaux dans deux établissements de l'Hérault et des Alpes-Maritimes. La porte-parole de l'association, Brigitte Gothière, s'est exprimée lors d'un entretien accordé à FranceSoir sur les actions qu'elle mène au quotidien et sur les prochaines étapes à franchir.
> Votre dernière vidéo a été beaucoup relayée dans les médias mais les réactions politiques ont été moins nombreuses qu'à l'accoutumée. N'avez-vous pas peur que ces vidéos provoquent un effet de lassitude sur la population ce qui pourrait être contre-productif pour votre action militante?
"Cette dernière vidéo a été la plus visionnée, la plus partagée de toutes les vidéos que nous avons faites. Au niveau du public, je pense qu'il n'y a pas de lassitude. Au contraire, je crois que ceux qui avaient regardé les trois premières séquences tournées dans les abattoirs en se disant que c'était des exceptions, se rendent compte que ce ne sont pas des cas isolés et que les maltraitances se produisent toujours alors que des contrôles ont été mis en place. C'est toujours une question d'actualité. Au niveau politique, il y aussi une espèce d'attente concernant la commission d'enquête parlementaire sur les conditions d'abattage qu'Olivier Falorni (député de Charente-Maritime, NDLR) préside. Mais la situation échappe complètement aux politiques".
> Comment faire pour interpeller la population et le gouvernement dans la durée? Comment voyez-vous l'avenir et quelles sont les prochaines étapes à franchir?
"Je pense que nous allons continuer notre action d'information autour de ce qui se passe dans les abattoirs. Ca nous semble vraiment important. Il n'y a aucun moyen aujourd'hui de rassurer la population sur la question des abattoirs. Chaque fois que nous sortons des images, non seulement nous montrons de quelles façons ça se passe mais aussi la non-conformité de plusieurs pratiques. Notre action militante va continuer dans le même sens. Nous nous sommes donnés pour mission de montrer la réalité et la réalité ne s'arrête pas à quelques vidéos. Nous n'avons pas fait le tour de toutes les pratiques. Nous-mêmes, nous sommes à chaque fois un peu choqués de voir que nous sommes encore en-dessous de la réalité. A la lecture de plusieurs rapports d'inspections (menées en avril dans 259 abattoirs, NDLR), j'ai encore les yeux écarquillés.
"Plus nous montrons d'images, plus nous avons des personnes qui nous appellent pour nous avertir de ce qui se passe ailleurs. Dans un premier temps, nous allons prendre connaissance de l'ensemble des rapports puis nous allons voir ce qui se passe dans les abattoirs mais aussi dans les élevages. La question de la pêche nous intéresse aussi. Tous les domaines sur la consommation alimentaire nous interpellent. Il y a tellement de choses à montrer".
> Depuis la diffusion de vos premières vidéos, le gouvernement a pris certaines mesures comme la suspension récente de trois abattoirs. Trouvez-vous que l'exécutif soit assez dans l'action? A l'approche de l'élection présidentielle, quelles sont les valeurs que vous aimeriez retrouver chez un candidat?
"Le gouvernement ne le sera jamais assez pour nous. Nous sommes très méfiants envers l'exécutif. Par contre, nous ne nous attendions pas à ce que Stéphane Le Foll publie l'ensemble des rapports. Ca va dans le bon sens. Après, il y a la suite. Nous ne savons pas ce qui a été mis en œuvre derrière. Ces actions immédiates ne sont pas suffisantes. Aujourd'hui en France, le gouvernement est là pour soutenir les filières de production animale et ce n'est pas son rôle. Ce serait le rôle du gouvernement de se poser la question de l'intérêt général et non pas de défendre des intérêts particuliers. C'est un système qui marche sur la tête.
"Nous sommes en train de travailler à la prochaine élection présidentielle avec une trentaine d'autres associations sous l'impulsion de Laurence Abeille et de Géneviève Gaillard. Cette dernière est la fondatrice du groupe +Protection animale+ à l'Assemblée nationale. Elles ont très envie que les candidats aient dans leur radar la question animale. Nous sommes en trains de travailler sur différentes propositions au niveau des productions animales et dans tous les autres domaines. Il a vraiment un gros chantier. Il y a déjà eu un colloque le 2 juin et puis il y aura à nouveau au mois d'octobre, novembre, des sollicitations après des candidats y compris des candidats aux primaires. Il faut challenger les candidats sur ce domaine là".
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