Marseille : il est accusé d'avoir abattu un adolescent à la kalachnikov, 30 ans de prison requis

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 30 novembre 2016 - 20:28
Eddy Tir risque trente ans de prison, malgré ses dénégations.
Eddy Tir, le petit-fils d'un parrain de la pègre marseillaise, est accusé d'avoir, un soir de décembre 2011, abattu à la kalachnikov un jeune homme de 17 ans, pour "laver son honneur". Il aurait été aidé par le meilleur ami de la victime, également dans le box.

Trente et vingt ans de réclusion criminelle ont été requis mercredi 30 devant les assises des Bouches-du-Rhône contre les deux jeunes meurtriers présumés d'un adolescent de 17 ans tué en 2011 à Marseille, qualifiée de "nécropole des gamins perdus".

L'avocat général Olivier Couvignou a demandé aux jurés un "verdict sans concession". Il a requis 30 ans de réclusion criminelle avec une peine de sûreté des deux-tiers contre Eddy Tir, 25 ans, accusé d'avoir "rafalé" à la kalachnikov Kamel El Mehli, 17 ans, en bas de son immeuble de la cité de la Castellane, le 22 décembre 2011 à l'aube. Vingt ans de réclusion criminelle ont été requis contre Seyni Demba, 23 ans.

Dans son réquisitoire, le magistrat a évoqué un "drame comme il y en a tous les jours", des drames qui selon lui dessinent dans la cité phocéenne "une nécropole des gamins perdus". Il a rappelé que 1.286 personnes, pour beaucoup des jeunes, ont été tuées dans les Bouches-du-Rhône entre 1996 et 2015.

"Je demande un verdict sans concession pour condamner la bêtise et la terreur homicide", a lancé Olivier Couvignou, évoquant un meurtre "prémédité" et "en bande organisée". Il a estimé que Kamel "est mort pour rien" ou pour donner à Eddy Tir "un diplôme en plus sur (son) CV de criminel".

Le petit-fils de Saïd Tir, "parrain" de la cité Font-Vert assassiné en 2010, a été condamné à 32 reprises depuis ses 12 ans. Sa présence, son éloquence, ses larmes aussi, ont éclipsé au cours du procès l'autre accusé présent dans le box, le discret Seyni Demba.

Mais l'avocat général a tenu à les présenter comme un "tandem criminel" qui avait tous les deux eu un différend avec Kamel, décrit comme un "gêneur inconscient". L'accusation soutient que Seyni Demba, "rabatteur", "chauffeur complaisant", a attiré son ami de toujours dans un piège, pour le laisser ensuite exécuter par Eddy Tir, qui possédait une kalachnikov.

Le soir du meurtre, la victime avait fait une tournée des bars avec Seyni Demba et Eddy Tir, qui fréquentait depuis quelques mois seulement la cité de la Castellane. Une soirée présentée comme "un simulacre de réconciliation" par l'accusation.

Trois mois plus tôt, Eddy avait été blessé par Kamel d'un coup de couteau à la cuisse, devant d'autres jeunes. Seyni Demba, décrit comme "un frère, un fils", par la famille de la victime qui l'hébergeait souvent, s'était quant à lui battu avec son ami d'enfance deux jours avant le meurtre, et en avait gardé une balafre au visage. Deux humiliations publiques pour lesquelles Eddy et Seyni devaient "laver leur honneur" selon l'accusation.

Impeccablement peigné, chemise foncée sous un pull blanc, Eddy Tir a tenté devant la cour de se faire plaindre, lui l'enfant abandonné, victime de sa lourde hérédité, qui devait "voler à 11 ans pour remplir le frigo". Il s'est dit "victime d'un complot" ourdi par les habitants de La Castellane, lui qui n'est pas du quartier. "Tout le monde me veut du mal: les médias, la justice, les gens", a-t-il soutenu.

Il assure que Seyni Demba le "collait depuis qu'il s'était fait planter par Kamel". "Il me disait: donne-moi une arme, donne-moi une arme", raconte-t-il, ajoutant avoir offert à Demba une kalachnikov "trouvée dans une cave", "mais pour lui arracher les jambes". L'accusation a relevé que l'arme avait servi dans plusieurs règlements de compte ayant impliqué Saïd Tir, le grand-père d'Eddy.

Le jeune homme assure ne pas avoir raccompagné Kamel chez lui, mais être retourné sans ses amis au bar à l'heure du crime. Une version démentie par les deux autres occupants de la voiture, et par son ADN, retrouvé sur un gant jeté à 100 mètres de la kalachnikov, et imprégné de résidus de tirs.

Dans le box des accusés, Seyni Demba, souvent impassible, vêtu d'un survêtement gris, dépeint une amitié fraternelle avec la victime, et assure avoir cru à la réconciliation le soir du 21 décembre 2011. "Dans la voiture ça rigolait, je croyais que l'abcès était crevé", affirme-t-il.

Tout au long de l'instruction, il a accumulé incohérences et mensonges. "Au début je voulais mettre personne en cause", justifie-t-il, pour ensuite avouer avoir inventé des charges contre Eddy Tir pour mieux "l'enfoncer".

Le verdict est attendu jeudi.

 

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