Mort de Naomi Musenga : l'opératrice du Samu refuse de "porter le chapeau"
Visée par une enquête pour non-assistance à personne en péril depuis vendredi 11, l'opératrice du Samu qui a reçu l'appel à l'aide de Naomi Musenga en décembre dernier a témoigné pour la première fois dimanche 13.
Cette femme qui travaille pour le 15 depuis quatre ans, et qui a été ambulancière pendant une vingtaine d'années, est aujourd'hui suspendue le temps de l'enquête autour de la mort de la jeune strasbourgeoise de 22 ans.
Elle s'est exprimée par téléphone dans l'émission 66 Minutes. "Ça suffit de porter toujours le chapeau pour le système", s'est-elle défendue. La journaliste lui a aussi demandé si elle regrettait de ne pas avoir pris en considération les propos de la jeune Naomi Musenga.
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L'opératrice lui avait en effet rétorqué "oui, ben, vous appelez SOS Médecin. Oui, vous allez mourir, certainement un jour, comme tout le monde", alors que la jeune femme venait de lui faire part des fortes douleurs dont elle souffrait.
"On est sous pression en permanence. On travaille en douze heures d’affilée. Ce sont des conditions de travail qui sont pénibles. Je peux rester deux ou trois heures accrochée à mon téléphone, parce que je n’ai pas le temps de me lever tellement ça déborde de partout. Quand on passe en procédure dégradée parce qu’il y a beaucoup plus d’appels que de monde censé les gérer, on n’y arrive pas. On raccroche et on décroche!", a expliqué l'opératrice en critiquant ses conditions de travail.
Elle est aussi revenue sur les menaces dont elle fait l'objet. Elle est en effet la cible d'insultes très violentes sur les réseaux sociaux. "Je suis lynchée sur la place publique. Je pense que si les gens connaissaient mon visage et mon nom, je ne serais plus de ce monde aujourd’hui".
Ses collègues aussi sont la cible d'appels malveillants et de menaces depuis la médiatisation de l'affaire. "J’ai des collègues qui ont eu des menaces, bien sûr. Les équipes qui vont intervenir sur le terrain risquent aussi de se faire caillasser", a-t-elle poursuivi. En effet, certaines équipes d'urgence du Samu de Strasbourg sont maintenant escortées par des patrouilles de police de peur de tomber dans des guet apens.
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Prise de très fortes douleurs au ventre le 29 décembre dernier, Naomi Musenga avait appelé le Samu pour la secourir. Mais l'opératrice qu'elle avait eu au téléphone lui avait (très) sèchement conseillé de plutôt faire appel à SOS médecins.
La jeune femme de 22 ans et mère d'une petite fille d'un an avait finalement appelé SOS médecins… qui avait demandé au Samu d'intervenir. Elle avait été transportée au CHU de Strasbourg où elle était morte des suite d'une défaillance multiviscérale.
La famille de la victime cherche aujourd'hui à savoir si la jeune femme aurait pu être sauvée si elle avait été secourue à temps. Ils demandent aussi des réponses quant à la tenue de son autopsie. L'examen a en effet été pratiqué cinq jours après la mort sur un cadavre "en putréfaction".
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