Non-dénonciation d'actes pédophiles : un évêque en correctionnelle
Selon le prélat, la victime ne souhaitait pas que les actes pédophiles qu'il a subis soient rendus publics. André Fort, ancien évêque d'Orléans, mis en examen en 2017 pour ne pas avoir dénoncé des faits de pédophilie dont est soupçonné l'abbé Pierre de Castelet, un prêtre de son diocèse, a été renvoyé en correctionnelle jeudi 28 par le parquet d'Orléans.
Le prêtre a également été renvoyé devant la même juridiction pour "agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans par personne ayant autorité".
La victime, Olivier Savignac, avait écrit en 2008 une lettre à l'évêque pour dénoncer des faits d’attouchements qu’il dit avoir subis en 1993 lors d’un camp dans le sud-ouest de la France du Mouvement eucharistique des jeunes (MEJ) où officiait l’abbé de Castelet en tant qu’aumônier. Le prêtre s’était octroyé le rôle d’infirmier et aurait usé de cette fonction pour faire subir des attouchements à plusieurs jeunes garçons.
Sans réponse du prélat, il l'avait ensuite rencontré. Au cours de l'entrevue, Olivier Savignac avait signalé à monseigneur André Fort une dizaine d'autres personnes qui auraient pu être abusé par le prêtre au cours de la même période.
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A nouveau, les autorités ecclésiastiques n'avaient pas souhaité judiciariser l'affaire. En désespoir de cause, Olivier Savignac avait de nouveau dénoncé les faits dont il dit avoir été victime au successeur de Mgr Fort, parti en retraite en 2010, l'évêque Jacques Blaquart. Le nouvel prélat avait alors aussitôt saisi le parquet et une instruction a été ouverte. Pierre de Castelet avait reconnu les faits lors de sa garde à vue et devant le juge d'instruction.
"Mon client a pensé que ce jeune homme ne souhaitait pas que les faits qu’il dénonçait soient rendus publics, mais qu’il voulait juste s’assurer que Pierre de Castelet n’avait plus de ministère auprès d’enfants", a expliqué Benoit de Gaullier, avocat d'André Fort.
Selon l’ordonnance du tribunal, consulté par La Croix, il ressort des éléments de l’enquête que l’évêque émérite "participait de la dissimulation d’agissements pédophiles gravement préjudiciables à plusieurs mineurs, comme d’autres avant lui qui ont pu avoir connaissance de ces actes, en ne portant pas ces faits à la connaissance de la justice, préférant préserver la réputation et l’image de l’Église et de ceux qui la servent, plutôt que de permettre à ce que la justice soit rendue aux victimes".
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