Obsèques du père Jacques Hamel : des milliers de personnes réunies pour lui dire adieu
Des milliers de personnes étaient rassemblées ce mardi 2 en début d'après-midi à la cathédrale de Rouen pour les obsèques du père Jacques Hamel, une semaine exactement après son assassinat par deux djihadistes dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime). Porté par quatre personnes, le cercueil en bois a fait son entrée dans l'édifice, précédé et suivi par une procession de nombreux prêtres en aube blanche et étole violette, avant d'être posé sur un tapis, à même le sol, devant l'autel.
Près d'une heure avant le début de la cérémonie, l'accès à l'immense vaisseau religieux, qui peut accueillir 2.000 personnes, était déjà fermé, la cathédrale étant remplie de fidèles, ont constaté les journalistes de l'AFP. Plusieurs centaines d'autres suivaient sous la pluie la cérémonie, sur un écran géant installé sur le parvis. Les obsèques du père Hamel se déroulent sous haute sécurité: une vingtaine de camions de CRS sont en place, tandis que des dispositifs de filtrage avec fouille des sacs ont été installés. Le ministre de l'Intérieur et des Cultes, Bernard Cazeneuve, assiste à l'office funèbre.
"Je suis arrivé le premier à 8h. J'ai pris ma journée. Un prêtre qui est assassiné, ça me touche comme chrétien. C'est normal de lui faire un au revoir", a expliqué Jean 59 ans, magasinier. "J'ai ressenti le besoin de venir. J'ai été touchée tout au long de la semaine par les gestes des musulmans", a ajouté Isabelle, une habitante de Rouen, en référence à la venue de fidèles musulmans dimanche dans les églises de France en signe de solidarité avec les catholiques.
Des musulmans sont également présents aux obsèques, parmi lesquels Hassan Houays, un professeur de mathématiques de Saint-Etienne-du-Rouvray. "Je suis venu ici pour marquer ma solidarité avec la communauté chrétienne. C'était un devoir. On est là pour le vivre ensemble. Il faut se rappeler que le père Hamel nous a aidés dans le processus de la construction de la mosquée", a-t-il dit. "Je suis triste. Nous sommes tous frères, nous sommes tous unis dans la même douleur. C'est important de s'épauler contre la barbarie", a résumé Marie-Françoise, une Rouennaise âgée de 60 ans. Pendant la célébration, présidée par l'archevêque de Rouen Dominique Lebrun, devait être lu le passage de l'évangile de St Matthieu, connu comme "le sermon sur la montagne", dans lequel Jésus dit: "Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent". A l'issue de la cérémonie, le prêtre sera inhumé "dans la plus stricte intimité familiale", dans un lieu tenu secret.
Le père Hamel, 85 ans, prêtre discret durant son long sacerdoce, a été égorgé alors qu'il célébrait une messe matinale pour cinq fidèles, trois religieuses et un couple d'octogénaires dont l'homme, grièvement blessé à la gorge et au thorax, devait assister à la cérémonie. L'assassinat du prêtre à l'arme blanche par deux djihadistes de 19 ans se réclamant de l'organisation Etat islamique (EI), Adel Kermiche, habitant Saint-Etienne-du-Rouvray, et Abdel Malik Petitjean, originaire d'Aix-les-Bains (Savoie), a causé un émoi international.
L'attentat est le dernier d'une série qui a endeuillé la France depuis un an et demi. Il a été commis 12 jours après le massacre de Nice (84 morts) perpétré par un djihadiste au volant d'un camion. Les deux assassins ont été tués par les policiers juste après le meurtre, quand ils sont sortis de l'église. Ils avaient chacun tenté, sans y parvenir, de se rendre en Syrie pour rejoindre les hommes de l'EI. Ils étaient entrés en contact quelques jours seulement avant l'attentat via la messagerie chiffrée Telegram.
Les enquêteurs cherchent à établir les complicités. Trois hommes ont déjà été mis en examen et écroués. Le dernier en date, dimanche est Farid K., 30 ans, cousin d'Abdel Malik Petitjean, pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle", selon le parquet antiterroriste de Paris.
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