Pédophilie : un Français jugé pour avoir abusé de 66 enfants

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 21 juin 2016 - 16:54
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©Damien Meyer/AFP
Un Français comparaît depuis lundi devant les assises à Versailles pour avoir abusé d'au moins 66 garçons, dans trois pays étrangers, sur plus de dix ans.
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Un Français de 52 ans, engagé dans des missions humanitaires, comparaît depuis lundi devant les assisses à Versailles pour avoir agressé sexuellement 66 garçons de 6 à 17 ans en Egypte, en Tunisie et au Sri Lanka. Le verdict est attendu mercredi ou jeudi.

Au moins 66 garçons abusés, dans trois pays étrangers, sur plus de dix ans. Un accusé "très croyant", "humanitaire". Des sévices "à la limites des actes de torture et de barbarie". Devant les assises à Versailles, l'enquêtrice résume: "un dossier hors normes". Regard noir, immobile dans le box, Thierry Darantière fixe l'écran où témoigne, par visioconférence, la patronne du groupe central des mineurs victimes à l'Office central pour la répression des violences aux personnes, le service de police qui l'a interpellé en 2012. Un service spécialisé, rompu aux affaires de tourisme sexuel, aux images pédopornographiques.

Mais "on peut le dire", affirme la commandante, l'affaire est "hors normes". Par le nombre de victimes recensées, 66 garçons de 6 à 17 ans. De pays, le Sri Lanka, la Tunisie, l'Egypte. Par la période, plus de 10 ans. Par cette "ambivalence" de l'accusé, 52 ans, ancien directeur d'une maison de retraite catholique des Yvelines, "quelqu'un de très croyant", "qui s'investit dans l'humanitaire" au Sri Lanka après le tsunami de 2004 et n'hésitait pas à se réclamer de l'organisation Caritas pour se donner une contenance. Par les images, "particulièrement dures". Sur cette "production personnelle", des centaines de films et des milliers de photos repérés sur internet par le FBI puis saisis chez l'accusé, des viols, agressions sexuelles, et "des choses qu'on n'avait jamais vues".

Une "gradation", raconte l'enquêtrice, "des agressions beaucoup plus dures sur les clichés du Sri Lanka", "à la limite des actes de torture et de barbarie" avec emploi d'objets sexuels ou injections à la seringue dans le pénis des enfants. Sur des images apparaissent deux frères agressés au même moment, yeux bandés. Certaines vidéos durent 45, 60, 70 minutes. Des actes répétés sur plusieurs années - "on voyait que les victimes vieillissaient" - contre une rémunération "dérisoire", "de l'équivalent de quelques centimes d'euros à quelques euros", ou des cadeaux.

L'accusé assure que les garçons étaient consentants, qu'ils connaissaient "les gestes"? "Des enfants grimaçaient, essayaient de se défendre", rétorque la policière. "C'est toujours M. Darantière qui leur montrait, il les guidait, voire les forçait. Pour les plus jeunes, on sentait que c'était la première fois, on les voyait décontenancés, démunis". "Pas de coups mais de la contrainte, c'est sûr".

Il raconte qu'ils venaient à lui? Un Sri-Lankais a été identifié comme "rabatteur" pour le compte de l'accusé. Qu'il n'a jamais abusé de très jeunes enfants? "Nombre d'enfants étaient prépubères, manifestement moins de 13 ans", note la policière. Et puis, "enfiler une chevalière autour du pénis d'un enfant... ça donne une idée de l'âge de l'enfant". Devant la police, l'accusé s'était décrit comme "bisexuel à tendance pédophile".

Le tsunami de 2004 a "favorisé de manière indirecte le phénomène" avec l'arrivée sur place de nombreuses ONG occidentales, constate la spécialiste. "Malheureusement, au sein de ces ONG, il y a des pédophiles" qui "profitent de leurs missions sur place pour approcher des habitants et entrer plus facilement au contact d'enfants". La policière observe un phénomène comparable après le séisme meurtrier survenu au printemps 2015 au Népal. Et, de manière plus générale, décrit-elle, parce que les pédophiles recherchent "du jamais vu", "au quotidien, la nature des fichiers et des actes commis est de plus en plus grave", les victimes de plus en plus jeunes, "parfois des bébés".

Seul le Sri Lanka a coopéré avec la justice française, déplore l'enquêtrice. Si l'Egypte et la Tunisie avaient participé à l'enquête, "on aurait certainement pu identifier davantage de victimes". Mardi matin, devant son frère qui témoigne à la barre, l'accusé sanglote: "Mes actes, je les ai reconnus, j'essaie de les assumer". Verdict mercredi ou jeudi.

 

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