Procès : le propriétaire de la plus grande planche à faux billets et son beau-frère devant la justice

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 06 juin 2016 - 09:53
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Le procès se tient jusqu'au 10 juin.
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Le propriétaire de la plus grosse fabrique de faux billets jamais découverte en France et son beau-frère comparaissent à partir de ce lundi aux assises de Paris. Ils risquent l'un et l'autre jusqu'au 30 ans de réclusion criminelle et 450.000 euros d'amende.

La bâtisse un peu défraîchie, à Courtry, en Seine-et-Marne, ne payait pas de mine. C'était la plus grosse fabrique de faux billets jamais découverte en France. Le maître des lieux, Dominique Patrom, 59 ans, comparaît à partir de ce lundi 6 aux assises de Paris, avec son beau-frère. Les enquêteurs de l'Office central pour la répression du faux monnayage (créé en 1929) travaillaient depuis longtemps pour remonter à la source de ces faux billets de 20 euros qui circulaient depuis 2007, lorsqu'au printemps 2012 ils perquisitionnent un entrepôt loué par Patrom.

Pour eux, cet imprimeur reconverti dans la mécanique automobile est une vieille connaissance. Il a déjà été condamné, en 2006, à cinq ans de prison dans une affaire de fausse monnaie. En 1999, c'était dans une affaire de faux coupons de "carte orange", les titres de transports jadis utilisés en région parisienne. A la première perquisition, ils ne trouvent pas grand-chose. Lors de la seconde, quelques jours plus tard, les enquêteurs s'intéressent de plus près à un petit bâtiment qui semble faire office de débarras.

Un mur attire leur attention. Derrière une double cloison et sous une dalle de béton, ils découvrent un atelier avec plusieurs imprimantes, une chaîne graphique avec quinze ordinateurs, des milliers de planches à billets. Les policiers baptiseront leur trouvaille la "cave à vingt" de Patrom. Cette fabrique a craché les 327.000 contrefaçons de billets de 20 euros retrouvés entre 2007 et 2012, dont 310.000 en France, selon les enquêteurs. Les investigations établiront qu'en sont également sortis des billets de 50 euros. Mais la priorité pour la police, c'est de fermer le robinet sans attendre. Et d'interpeller. Si bien que les investigations sur l'écoulement de ces faux billets n'ont pas pu aller jusqu'au bout.

Pour les commerçants et les particuliers bernés, le préjudice financier s'élève à environ 10 millions d'euros, selon une estimation de source policière. Patrom reconnaît les faits qui lui valent d'être mis en examen, raconte son parcours d'imprimeur, licite, puis illicite. Les tarifs ? Cinq euros le billet de 50, deux euros celui de 20. Il ne donnera qu'un nom, celui d'un homme qu'il présente comme un unique client. Celui-ci nie. Et rien ne vient étayer les dires de Patrom. Aucune filature, aucune écoute n'incrimine cet homme, qui au terme de l'instruction bénéficiera d'un non-lieu. En revanche, le beau-frère de Patrom, Marceau Baum-Gertner, 63 ans, est soupçonné d'être son complice. Il conteste.

Face à l'accusation, il a ses explications. Qui n'ont toutefois pas convaincu pendant l'instruction. Sa présence constante aux côtés de Patrom ? C'était pour voir sa soeur Liliane, dépressive, compagne de l'imprimeur. Les talkies-walkies ? Pour signaler son arrivée, afin qu'il lui ouvre le portail. Mais Marceau Baum-Gertner venait voir son beau-frère surtout le matin, où Liliane généralement n'était pas là, souligne l'accusation. Et, selon les enquêteurs, là où il passe les signalements de faux billets se multiplient. Ses revenus étaient issus, dit-il, d'activités non-déclarées, de commerce de ferraille, pneus, voitures, tapis, mais pas de fausse monnaie.

Patrom est placé sur écoutes par des enquêteurs intéressés par ses conversations avec Baum-Gertner. Ils sont convaincus que derrière leur gouaille se cachent des commandes de fausse monnaie, en langage codé. Il y est question de "lovés", de l'argent en argot gitan, de "tiercé", d'invitation à "venir prendre un café"... "Ramène-moi des gros pneus parce que j'ai 10.000 kilomètres à faire"... Selon Baum-Gertner, ils parlaient jeans, cornes de rhinocéros, faux lingots d'or, alcool, diamants... Contrairement à Patrom, il est libre, sous contrôle judiciaire. Ils risquent l'un et l'autre jusqu'au 30 ans de réclusion criminelle et 450.000 euros d'amende. Le procès se tient jusqu'au 10 juin.

 

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