Suicide en direct sur Periscope à Egly : ce que l'on sait

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 11 mai 2016 - 22:04
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Un téléphone portable.
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©Mike Segar/Reuters
Un utilisateur de Periscope a prévenu les gendarmes de l'imminence du drame mais trop tard.
©Mike Segar/Reuters
Une enquête a été ouverte mercredi suite au suicide d'une jeune femme diffusé en direct grâce à l'application Periscope. La victime explique notamment avoir été violée, nommant son agresseur présumé qui a été entendu par la justice. Le drame relance le débat autour de ce réseau social qui a déjà connu plusieurs polémiques.

Une jeune femme de 19 ans s'est suicidée en se filmant en direct sur Periscope, une application de vidéos instantanées au succès fulgurant, dont les images sans filtre ont déjà provoqué plusieurs polémiques.

La victime s'est jetée mardi après-midi, vers 16h30, sous un RER à Egly (Essonne), en région parisienne. Un utilisateur de Periscope, qui visionnait sa vidéo en direct, a prévenu les gendarmes, qui n'ont pu empêcher le suicide.

Quelques heures avant son passage à l'acte, la jeune femme, "au profil psychologique fragile selon ses proches", a envoyé un SMS à un ami de son ex-compagnon dans lequel elle évoque "des violences et un viol" que celui-ci lui aurait fait subir, a déclaré ce mercredi 11 à la presse le procureur d'Evry Eric Lallement. "L'audition de cette personne est en cours", a-t-il précisé, ajoutant que l'enquête, confiée à la brigade de gendarmerie de Palaiseau, serait "réorientée" si les faits de violences et viol étaient avérés.

Enregistrées peu après l'heure du déjeuner, les cinq vidéos - dont deux tests - de la jeune femme, d'une durée cumulée d'environ deux heures, ont depuis été supprimées du flux de Periscope. "Ce qui va se passer risque d'être très très choquant. S'il y a des gens qui sont mineurs, ne restez pas", avertit-elle dans une séquence, tout en rassurant: "non mais je ne vais pas me suicider, arrêtez-vous!"

Ces vidéos "sont en cours d'exploitation", a dit Eric Lallement, à l'exception de la dernière, juste avant le passage à l'acte, qui sera remise aux enquêteurs "dans les prochaines heures". Un extrait où elle se filme avant son suicide, republié par des internautes, était encore toutefois visible mercredi sur YouTube. Assise, elle se confie à la caméra et dit que sa vidéo "n'est pas faite pour faire le buzz" mais "pour faire réagir les gens, ouvrir les esprits".

Puis, l'écran devient noir pendant un long moment et l'on perçoit, difficilement audibles, les voix de secours venus au chevet du corps. La séquence s'achève sur les images d'un secouriste qui semble saisir le téléphone.

"Nous ne faisons pas de commentaires sur les comptes individuels pour des raisons de vie privée et de sécurité", a réagi un porte-parole de Twitter, qui a racheté Periscope en 2015, précisant simplement que "le contenu a été signalé et retiré".

Periscope permet de diffuser gratuitement avec un smartphone un flux vidéo en direct, relayé par Twitter et visible par tous. La vidéo reste accessible pendant 24 heures puis disparaît. Ni les images ni les commentaires en direct ne sont contrôlés au préalable par Twitter qui, comme les autres réseaux sociaux, fonctionne sur le système du signalement a posteriori par les internautes de contenus jugés illégaux ou choquants.

Ses équipes vérifient alors ces contenus, en fonction de la loi du pays et de ses propres critères, qui bannissent les images violentes ou sexuellement explicites. Elles décident alors soit de diffuser un avertissement, soit de les retirer. Sur Twitter, un formulaire permet aussi de signaler des menaces de suicide ou d'automutilation. Le réseau peut alors contacter l'utilisateur. "Nous lui communiquons des ressources en ligne et des contacts téléphoniques et l'encourageons à solliciter de l'aide", explique Twitter sur son site.

Periscope revendique plus de dix millions d'utilisateurs dans le monde, qui ont tourné plus de 200 millions de vidéos. Ces images brutes ont déjà suscité des controverses dans plusieurs pays. Notamment en France, devenue l'un des premiers pays utilisateurs, quand en février sur Periscope, Serge Aurier, un joueur du Paris Saint-Germain, a insulté son entraîneur Laurent Blanc.

En avril, deux adolescents ont été mis en examen pour avoir giflé et fait chuter en direct sur l'application un jeune homme ivre qui sortait d'une discothèque à Bordeaux.

En mars, le président François Hollande a été pris à partie dans des commentaires en direct sur un flux Periscope posté par l'Elysée.

En février, une enquête a été ouverte à Béziers après qu'un jeune détenu s'est filmé dans sa cellule, alors que les téléphones sont interdits en prison.

 

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