Audience en appel de Natacha Rey et Delphine Jégousse : un procès sous tension face à Brigitte Macron et Jean-Michel Trogneux


Les 14 et 15 mai 2025, la Cour d’appel de Paris a examiné l’appel de Natacha Rey et Delphine Jégousse, poursuivies pour diffamation par Brigitte Macron, née Trogneux, et son frère Jean-Michel Trogneux. Ce procès, qui fait suite à une condamnation en première instance, a ravivé les débats autour d’une affaire judiciaire et médiatique controversée, marquée par des accusations de diffamation et des spéculations sur l’identité de Brigitte Macron. Voici un compte rendu des origines de l’affaire, de la décision de première instance et des moments clés de ces deux jours d’audience, enrichi par les témoignages exclusifs des avocats de la défense, Me Maud Marian et Me François Danglehant, recueillis par France-Soir à la sortie de l’audience.
Contexte et décision de première instance
L’affaire a débuté avec une vidéo de plus de quatre heures diffusée le 10 décembre 2021 sur la chaîne YouTube de Delphine Jégousse, alias Amandine Roy. Dans cette vidéo, Natacha Rey, se présentant comme journaliste indépendante, émettait avec fermeté l’hypothèse que Brigitte Macron serait en réalité son frère Jean-Michel Trogneux, ayant effectué une transition de genre. Visionnée des centaines de milliers de fois, la vidéo a conduit Brigitte Macron et Jean-Michel Trogneux à porter plainte pour diffamation publique contre ces deux femmes. Cependant aucune autre plainte n’a été portée contre le journaliste Xavier Poussard qui a mené une enquête approfondie et auteur du livre bestseller « devenir Brigitte », pas plus qu’ils ne l’ont fait contre la présentatrice américaine Candace Owens.
Le 12 septembre 2024, le tribunal correctionnel de Paris a jugé Natacha Rey et Delphine Jégousse coupables de diffamation. Elles ont été condamnées à une amende de 500 euros avec sursis chacune et à verser solidairement 8 000 euros à Brigitte Macron et 5 000 euros à Jean-Michel Trogneux pour préjudice moral. La défense a interjeté appel, arguant que les propos incriminés avaient été sortis de leur contexte et que le jugement reposait sur des motifs non mentionnés dans l’ordonnance de renvoi.
Dans une interview à France-Soir le 15 mai, Me François Danglehant, avocat de Natacha Rey, a qualifié le jugement de première instance d’« extravagant ». « Rey et Jégousse ont été condamnées pour des faits non visés par l’ordonnance de renvoi, comme des accusations de falsification d’actes d’état civil ou de jugement de divorce, qu’elles n’ont jamais tenues », a-t-il dénoncé, suggérant que ces inexactitudes pourraient caractériser un « faux en écriture publique ».
14 mai 2025 : une journée consacrée aux nullités
L’audience s’est ouverte le 14 mai, après un rappel du président à éteindre les téléphones portables et à respecter le silence. Les débats se sont concentrés sur les causes de nullité soulevées par la défense. Me François Danglehant a critiqué l’extraction de trente passages de la vidéo de quatre heures et demie, arguant que, sortis de leur contexte, ils ne pouvaient constituer une diffamation, faute de ciblage précis de Brigitte Macron ou Jean-Michel Trogneux. Me Maud Marian, représentant Delphine Jégousse, a également plaidé la nullité, reprochant au jugement de première instance d’avoir ajouté un motif de condamnation non initialement invoqué, rendant la décision incohérente.
Me Jean Ennochi, avocat des parties civiles, et l’avocat général ont rejeté ces arguments, défendant la validité de la procédure. L’après-midi, une vidéo de trente minutes regroupant les extraits incriminés a été projetée, mais sa présentation désordonnée a semé la confusion. Me Maud Marian, dans une interview à France-Soir, a déploré ce chaos : « Le montage vidéo de Me Ennochi était incompréhensible, ce qui risquait de détourner l’attention de l’essentiel. » Malgré des distractions extérieures, comme des sirènes audibles par les fenêtres ouvertes, la séance s’est conclue vers 16 h, avec l’annonce des temps de plaidoirie pour le lendemain : trente minutes pour la partie civile et une heure pour chaque prévenue.
15 mai 2025 : des plaidoiries marquées par la controverse
L’audience du 15 mai a débuté à 14 h, avec un léger retard, dans une salle toujours pleine. Me Jean Ennochi a ouvert les plaidoiries pour les parties civiles, demandant la confirmation du jugement de première instance et 15 000 euros de dommages et intérêts par prévenue. Son intervention, jugée décousue, s’est appuyée sur les extraits vidéo pour dénoncer le préjudice subi par Brigitte Macron, dont « la généalogie a été revisitée », tout en qualifiant l’enquête de Natacha Rey de peu sérieuse et les prévenues d’animées par une prétendue animosité.
L’avocat général, dans un réquisitoire de trois minutes, a repris les arguments de Me Ennochi, qualifiant les prévenues de « complotistes » et demandant la confirmation du jugement. Ce parti pris a été vivement critiqué. Me Maud Marian, dans son interview à France-Soir, a jugé le réquisitoire « superficiel », estimant que l’avocat général n’avait ni visionné la vidéo ni lu les conclusions de la défense. Me Danglehant a dénoncé son refus d’examiner les irrégularités du jugement de première instance, notant que le président avait lui-même relevé que les condamnations portaient sur des faits non visés par l’ordonnance de renvoi.
Le président a rappelé que le procès se limiterait à la diffamation, excluant les spéculations sur le transgenrisme, ce qui a laissé l’audience frustrée sur certains points.
Me Maud Marian a plaidé pour Delphine Jégousse, soulignant que sa cliente, dépassée par l’affaire, n’avait fait qu’ouvrir sa chaîne à Natacha Rey sans endosser ses propos. Invoquant la bonne foi, elle a demandé la relaxe, contestant la précision des accusations de transphobie ou d’usurpation d’identité. Elle s’est interrogée sur la stratégie de Me Ennochi, un avocat réputé en droit de la presse : « Pourquoi des erreurs de qualification dans la plainte et une présentation désordonnée des propos ? Cette logique floue semble destinée à brouiller l’évaluation des propos et à détourner l’attention de l’identité des plaignants, du narratif officiel des Macron et de ses incohérences. »
Dans son interview, elle a ajouté que la cour semblait sensible à la bonne foi et a critiqué la disproportionnalité de la plainte : « Les Macron ont étalé leur vie privée dans plus de 30 unes de magazines. On ne peut se plaindre quand quelqu’un s’y intéresse. »
Me François Danglehant a conclu par une plaidoirie percutante, défendant le sérieux de l’enquête de Natacha Rey, menée sur plusieurs mois, notamment à Amiens, où Jean-Michel Trogneux aurait évité tout contact. Il a insisté sur l’intérêt général de cette enquête, les Macron ayant exposé leur vie privée publiquement. Dans son interview, il a affirmé : « Natacha Rey n’a pas diffamé. Elle a critiqué une biographie officielle, instrument de la campagne de 2017, en qualifiant la relation entre Brigitte Macron et un élève mineur de détournement de mineur. C’est un débat d’intérêt général. On cherche à la faire taire. » Il a relevé l’incohérence de l’accusation de « pédocriminalité », notant que l’ambiguïté sur qui, de Brigitte Macron ou Jean-Michel Trogneux, se sentait visé fragilisait la plainte.
Approché par France-Soir à la sortie de l’audience, qui a duré 3 h 45, Me Ennochi, visiblement marqué, a refusé de commenter.
Enjeux et anomalies procédurales
Le procès a révélé des tensions entre liberté d’expression et droit à la vie privée. L’absence physique des parties – Natacha Rey, gravement malade, et les plaignants, représentés par Me Ennochi – a accentué les interrogations, et ce, d’autant plus que la Cour avait le pouvoir d’ordonner la comparution personnelle des parties civiles, Madame Brigitte Macron et Monsieur Jean-Michel Trogneux mais n’en a pas usé.
D’ailleurs, la Cour n’a pas plus jugé utile de contraindre Tiphaine Auzière pourtant citée comme témoin à comparaître.
Enfin, l’avocat général, alors qu’il en avait le pouvoir, n’a pas sollicité la production des actes de naissance et de mariage litigieux, alors que pourtant, c'est bien le Parquet qui est en charge de la tenue correcte des registres d’état civils (article 34-1 du Code civil).
La question se pose donc de savoir pourquoi le ministère public n’a pas entamé dans cette affaire les démarches utiles à la manifestation de la vérité ?
Pourquoi la Cour n’a pas usé de toutes ses prérogatives pour disposer de tous les éléments lui permettant de statuer de manière éclairée ? Serait-ce parce que son intime conviction était déjà formée avant cette audience ?
Une affaire aux répercussions potentielles
L’issue de ce procès, dont le délibéré est prévu le 10 juillet 2025, pourrait influencer la liberté d’enquête journalistique et la protection des personnalités publiques. Me Marian a insisté sur l’importance d’une décision motivée : « Pour un tel dossier, la cour doit prendre le temps. »
La cour aura donc plusieurs choix, mais ne voudra peut-être pas s’avancer sur le fond du sujet qui est délicat et qui demanderait probablement des éléments factuels qui manquent à la procédure. Malgré le réquisitoire de l’avocat général qui a visiblement pris faits et causes pour le narratif de la conformité à la « biographie officielle », si la cour veut se débarrasser de cette procédure encombrante, elle pourrait juger nulle la citation en diffamation délivrée par Brigitte Macron et Jean-Michel Trogneux à Mesdames Rey et Jégousse pour imprécision des faits reprochés au titre de la diffamation. Dans un tel cas, la procédure serait totalement annulée dont la condamnation de Mesdames Rey et Jégousse. Cependant, dans une telle hypothèse, la décision serait limitée à ce constat de nullité et le fond de l’affaire ne serait pas abordé. Ceci aurait néanmoins le mérite de montrer un certain courage de la part de la Cour à une période, ou bien des Français doutent de l’indépendance de la justice. En effet, dans ce cas, Brigitte Macron et Jean-Michel Trogneux ne pourraient pas entamer de nouvelles procédures
L’affaire continue de susciter des débats passionnés à l’international, où des figures comme Candace Owens suivent son évolution alors que c’est l’omerta en France ou la désinformation comme l’a dénoncé Me Danglehant ciblant un article « calamiteux » de CNews du 14 mai qui attribuait à tort à Rey des propos transphobes. « On lui fait tenir des propos qu’elle n’a pas tenus, sur des motifs hors plainte », a-t-il déclaré, envisageant une action en diffamation.
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