Afrique : les faux médicaments responsables de la mort de milliers d'enfants
Après Ebola, l'Afrique est de nouveau frappée par un fléau tout aussi meurtrier: celui des faux médicaments. Réunis la semaine dernière à Dakar, au Sénégal, à l'initiative de la fondation Chirac, des spécialistes ont fait le point sur le danger de ces contrefaçons, qui tuent chaque année des milliers de personnes sur le continent africain.“Les faux médicaments sont vendus comme des tomates ou des oignons sur les marchés”, a confié l'une des responsables de l’Organisation ouest-africaine de la Santé, Sybil Yeboah.
Afin de trouver des solutions à ce fléau, les experts se sont appuyés sur un rapport publié récemment dans The American Journal of Tropical Medicine and Hygiene. Selon les résultats de l'étude, plus de 122.000 enfants africains de moins de cinq ans seraient morts en 2013 à cause de deux faux antipaludéens. En Afrique, le tiers des médicaments contre le paludisme, maladie la plus mortelle du continent, sont des faux, une proportion qui peut monter à 40% au Ghana et au Cameroun, voire près de 64% au Nigeria, selon les experts.
Toutefois, le continent africain ne serait pas le seul touché par le trafic de faux médicaments. Au total, 15% des médicaments qui transiteraient dans le monde seraient des contrefaçons, contre 30% sur le continent africain. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un tiers de ces médicaments seraient fabriqués en Inde et en Chine.
Pour les criminels, ce trafic, favorisé par une offre médicamenteuse inférieure à la demande, des prix élevés et une absence de laboratoires de contrôle, est très lucratif et les risques d'être arrêté sont faibles. En mai 2014, par exemple, 42 personnes ont été arrêtées au Sénégal pour ces délits. Chacune a été condamnée à 15 jours de prison seulement.
Afin d'enrayer cette pandémie qui fait des ravages en Afrique, la Fédération internationale des fabricants et associations pharmaceutiques (IFPMA) souhaite désormais “renforcer la coopération internationale entre Etats et acteurs de la santé”, a déclaré son directeur général, Eduardo Pisani. Mais pour que cela puisse se faire, l'Inde et la Chine doivent "jouer un rôle" pour empêcher cette circulation, a souligné un autre participant à la conférence de Dakar.
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