Des cerveaux de souris endommagés réparés grâce à des greffes de neurones
C’est une première mondiale et une avancée prometteuse pour l’homme. Une équipe de chercheurs franco-belges a réussi à réparer les cortex endommagés de souris de laboratoires grâce à des greffes de neurones, selon les résultats d'une étude publiée début mars dans la revue scientifique Neurons.
Le cortex est une zone particulièrement complexe du cerveau, divisée en plusieurs parties (cortex visuel, cortex auditif…). Jusqu’ici, quand le cortex d’une personne subissait des dégâts, il était impossible de le réparer. Le patient n’avait d’autres choix que de suivre une longue rééducation, espérant que son cerveau trouve un circuit alternatif pour remplir les mêmes fonctions.
Réalisant que certaines zones du cerveau essayaient de s’autoréparer en cas de lésion, les chercheurs ont eu l’idée de stimuler cette autoréparation. Ils ont donc greffé des cellules de neurones visuels obtenues en cultivant in vitro des cellules-souches embryonnaires des souris adultes dont le cortex était endommagé au niveau de la zone responsable de la vue.
"Notre approche est d’essayer de greffer des neurones en bonne santé pour remplacer la région du cerveau lésée. On appelle cela une thérapie cellulaire par transplantation," explique Afsaneh Gaillard, professeur à l’université de Poitiers et responsable d’une équipe de recherche Inserm qui fait partie du projet.
Un an après le début des tests, le cortex visuel s’était remis à fonctionner normalement chez 61% des bêtes ayant reçu une greffe. En revanche, des tumeurs et des amas de cellules non différenciées sont apparus chez les autres.
Cette découverte laisse rêveur. Peut-être pourra-t-on un jour alors réparer le cerveau humain, remplacer des neurones abîmés par un AVC ou par des maladies comme Alzheimer, par exemple? "Plusieurs équipes dans le monde essaient de voir la possibilité de réparation dans différents types de lésions. On a montré, sur des animaux, qu’il est possible de réparer les lésions traumatiques, ou celles causées par la maladie de Parkinson. Ce sont des sujets de recherche en cours et les recherches essaient de voir la faisabilité de cette approche dans d’autres maladies," indique Afsaneh Gaillard.
Mais attention à ne pas s'enflammer trop vite: ces greffes sont encore loin de pouvoir s’appliquer à l’homme. Pour l’heure, les tests n’ont été effectués que sur des souris et rien ne dit qu’ils pourront avoir lieu de façon identique chez les êtres humains. Car ces recherches ont démontré que le cerveau de l’homme était encore plus compliqué que ce que l’on supposait, constitué de centaines de types de neurones différents. Aussi, pour réparer une zone précise, il faudrait fabriquer des neurones correspondants. "La difficulté est d’obtenir des neurones appropriés pour réparer le cortex visuel et voir la fonctionnalité des cellules à long terme et vérifier l’absence de formation de tumeur," explique encore Afsaneh Gaillard.
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