Aux États-Unis, multiplication des suicides et des plaintes à cause de l'addiction aux réseaux sociaux
En janvier dernier, une plainte contre Meta et Snapchat a été déposée aux États-Unis, car ces réseaux sociaux sont tenus responsables de la mort tragique d’une fille de onze ans. D’autres parents suivent cet exemple et souhaitent responsabiliser ces plateformes. Ils mettent en avant "la conception défectueuse, la négligence et les caractéristiques dangereuses déraisonnables" de ces réseaux.
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Anxiété et hausse des suicides chez les jeunes
De nombreux chercheurs affirment que la santé mentale s'est détériorée au cours des deux dernières années, non seulement à cause de la pandémie, mais aussi à cause de l'augmentation de l'activité des médias sociaux chez les adolescents. Selon le journal américain de l’Académie de médecine, en dix ans, les tentatives de suicides et les suicides chez les moins de 15 ans ont augmenté de 300 % au niveau mondial. Dans ce contexte, les plateformes et leurs algorithmes, où les adolescents mènent une vie très active, jouent un rôle clé. Il y a non seulement le cyberharcèlement, mais aussi les addictions, la dépression et le stress liés à l’utilisation des réseaux sociaux qui entrent en jeu.
Deux procès aux États-Unis
Pour le Dr Yalda Uhls, fondatrice et directrice du Center for Scholars and Storytellers de l'UCLA, Internet et les réseaux sociaux n'ont pas été inventés en pensant aux jeunes. Pour certains spécialistes, ces plateformes sont défectueuses, entraînant d’horribles conséquences chez les enfants, dont elles sont légalement et moralement responsables. La dernière poursuite en date concerne le suicide tragique d'un garçon de 17 ans. Sa famille affirme que Meta et Snapchat ont "sciemment et délibérément" créé des produits nocifs et addictifs qui ont conduit ce garçon au suicide. La plainte affirme que la mort par suicide du jeune, en janvier 2015, a été en partie causée par sa dépendance aux "produits de médias sociaux déraisonnablement dangereux et défectueux".
En janvier dernier, une autre plainte accusait ces deux sociétés d’être responsables du suicide d'une fillette de onze ans, qui souffrirait aussi d'une "dépendance extrême à Instagram et Snapchat" depuis plus de deux ans. Un porte-parole du second a déclaré à ABC News que l'application travaille en étroite collaboration avec "de nombreuses organisations de santé mentale pour fournir des outils et des ressources intégrées aux Snapchatters dans le cadre de notre travail continu pour assurer la sécurité de notre communauté."
Les réseaux sociaux sont la cause principale, tout autour du globe
Si ces plaintes attirent l’attention par leur rapprochement dans le temps, depuis plusieurs années, les réseaux sociaux semblent impliqués dans le suicide de jeunes et adolescents, sans forcément être déclarés coupables après les poursuites. En mai 2019, une adolescente malaisienne avait publié un sondage sur son compte Instagram, demandant si elle devait vivre ou mettre fin à ses jours. Elle s'est donné la mort après avoir vu que la majorité de ses abonnés avaient voté pour son suicide. À l’époque, le député Ramkarpal Singh avait demandé l’ouverture d'une enquête pour éviter d'autres abus sur les réseaux sociaux dans des circonstances semblables.
En France, le 1er mai 2021, une fille de 15 ans victime de cyberharcèlement s’est donné la mort. Sa mère, Alexandra Joris Bouvier, lutte depuis pour la sensibilisation aux dangers des réseaux sociaux. Pour Mathilde Husky, professeure de psychologie clinique et psychopathologie, afin d'éviter ces drames, des études approfondies sur la question sont nécessaires : "Il y a urgence à rechercher les liens entre l’usage des réseaux sociaux et la santé mentale, entre le temps passé sur les réseaux, le sommeil et les affects anxio-dépressifs, à diagnostiquer ce qui fait basculer les jeunes les plus vulnérables."
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