Médicaments : danger pour les seniors, qui seraient victimes de prescriptions abusives
Une enquête de l'UFC-Que Choisir publiée mercredi 28 s'alarme des fortes quantités de médicaments prescrits aux seniors français. L'enquête de l'association, intitulée "Halte à l'overdose pour les personnes âgées", pointe ainsi jusqu'à 21 médicaments quotidiens que doivent ingurgiter certains patients. Un cocktail qui serait "potentiellement dangereux" et parfois injustifié.
L'analyse porte sur 347 ordonnances de patients âgés de plus de 75 ans et "polymédicamentés", c'est-à-dire devant suivre des traitements "d'au moins 5 lignes". L'objectif est de quantifier le phénomène de surprescription médicamenteuse chez les seniors, ainsi que ses effets.
En moyenne, l'UFC constate que ces ordonnances contiennent 8,6 médicaments différents, avec un record de 21 pour une seule personne. Ce qui l'amène à s'interroger: "à ces niveaux de prescription, les médecins sont-ils encore en mesure de s’assurer que chaque médicament est justifié et n’est pas plus dangereux que bénéfique?". Clairement non, répond l'association.
Selon cette enquête, "40 % (des ordonnances étudiées) contiennent un médicament déconseillé aux personnes âgées". Un constat "alarmant" pour l'UFC, qui rappelle que "en vieillissant, l’organisme devient de moins en moins apte à éliminer les substances absorbées (…). En outre, les effets indésirables liés à la prise d’un médicament sont souvent plus graves pour les personnes âgées".
L'association érige ainsi au rang d'enjeu sanitaire la "déprescription", c'est-à-dire le fait de passer à des ordonnances moins pléthoriques. Pour cela, elle demande aux pouvoirs publics d'inscrire ce critère dans les indicateurs de rémunération à la performance des médecins. De plus, toujours selon l'UFC, promouvoir ces bonnes pratiques pourrait également être une source d'économies pour la Sécurité sociale, dont les dépenses de médicaments ont atteint 33,5 milliards d'euros en 2013.
Pour autant, cette étude, bien que sérieuse et utile, n'est pas à prendre pour argent comptant. En effet, analyser des ordonnances des patients les plus âgés (le dernier décile de la pyramide des âges française) et, surtout, qui se voient prescrire des ordonnances "d'au moins 5 lignes", comme le précise par l'UFC, maximise les chances de constater des moyennes de traitement élevées.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.