Papillomavirus : les autorités de santé s'inquiètent d'une vaccination encore trop faible
Suscitant la méfiance, le vaccin contre les infections à papillomavirus humains (HPV), responsables de plusieurs cancers, n'attire pas grand monde. En 2020, les autorités sanitaires se sont alarmées quant à la couverture vaccinale jugée trop faible en France, considérant que des cancers auraient pu être évités par le biais de la vaccination.
Un vaccin anti-HPV "recommandé" qui n'inspire pas confiance
En 2020, la vaccination anti-HPV a largement chuté : moins de 274 000 doses administrées, soit une baisse d’un tiers par rapport aux objectifs fixés. Sur cette année, 41% des adolescentes avaient reçu une dose à 15 ans et un tiers un schéma vaccinal complet à 16 ans, loin derrière l'objectif de 60% établi par l’Institut national du cancer dans le cadre de la stratégie de lutte contre les cancers 2021-2030. Les vaccins disponibles contre le HPV, s’adressant aux femmes et aux hommes, sont recommandés pour les adolescents de 11 à 14 ans. D’après Santé Publique France, le schéma complet correspond à trois doses pour les jeunes filles nées avant les années 2000, et deux doses pour celles nées après.
"Une dose c'est bien mieux que rien, mais c'est peut-être un peu moins bien que deux doses", a relaté le mardi 12 avril le pédiatre François Vié Le Sage, sur France Info.
Comme le souligne la Haute Autorité de santé (HAS), le virus des papillomavirus humains se transmet par contact des muqueuses ou de la peau, le plus souvent lors de rapports sexuels, avec ou sans pénétration.
Le scandale de l'hépatite B, cause de la défiance des Français envers la vaccination ?
Le Pr Robert Cohen, un pédiatre-infectiologue de l'hôpital intercommunal de Créteil, déclarait sur France info le jeudi 28 avril, que la défiance des Français envers la vaccination contre les infections HPV provient également de la "crise de l’hépatite B", un scandale survenue dans les années 1990.
En 1994, la France organisait un vaste programme de vaccination contre l'hépatite B, une infection du foie qui peut s’avérer mortelle. Cette campagne visait notamment les collégiens. Cependant, au bout de quelques mois, un nombre élevé de signalements d’effets indésirables, avec des cas de scléroses en plaque et de maladies auto-immunes, avait été relevé sur l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), ce qui avait conduit à l'ouverture d'une enquête judiciaire d'ampleur nationale en 1998. Le scandale fut tel que la méfiance envers les vaccins est de mise chez de nombreux Français depuis lors.
"Il faut que l’État prenne des positions fortes, comme pour le Covid-19"
Aussi, le pédiatre Robert Cohen estime, toujours sur France info "qu’il faut que l’État prenne des positions fortes, comme pour le Covid-19" pour inciter à la vaccination auprès des adolescents, grâce à des campagnes de publicité. Il alerte sur le fait que beaucoup de médecins ont peur d’un refus de la part des parents, qui l’acceptent "dans 60% et 70% des cas". Le Pr Cohen ajoute que "ce n'est pas plus dangereux que les autres vaccins, c'est efficace non seulement contre les infections à papillomavirus, mais aussi contre des lésions précancéreuses".
À ce sujet, Jean-Luc Prétet, le professeur de carcinogenèse associé aux papillomavirus humains à l’université de Bourgogne Franche-Comté, l'affirme sur BFM TV : "On aurait pu éviter tous ces cancers". Chez les hommes et les femmes, 1 100 décès en France seraient liés aux papillomavirus humains, révèle la Ligue contre le cancer. Également directeur du Centre national de référence papillomavirus, il estime que, s’il le faut, cela pourrait passer "par une obligation vaccinale".
Assurant que le vaccin anti-HPV ne provoque pas de maladies auto-immunes comme la sclérose en plaque, la Ligue contre le cancer regrette que la vaccination soit largement "insuffisante". L’association estime que cette vaccination HPV pourrait prévenir des cancers du col de l’utérus, de l’anus, de l’oropharynx chez les deux sexes, du vagin et de la vulve chez la femme, et du pénis chez l’homme. Pourtant, en ce qui concerne les vaccinations "de rattrapage", il est nécessaire d'obtenir une réelle évaluation des résultats cancérologiques attribués par les autorités de santé.
Voir aussi : Gardasil : résultats cancérologiques actuels des vaccins anti HPV
En avril, le ministère des Solidarités et de la Santé a publié un calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales pour 2022.
On peut noter également que la vaccination contre le Covid-19 y est inscrite comme "obligatoire pour les professionnels de santé". L'explosion des effets indésirables suite aux injections contre le Covid-19 pourrait venir entraver la stratégie vaccinale de l'État pour les prochaines années.
Voir aussi : "Effets secondaires : la face cachée des vaccins" le documentaire de Raphaël Berland
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