Vaccination contre le Sars-CoV-2 : l’abus des mathématiques nuit à la complexité du vivant
TRIBUNE - Comment faire pour convaincre les non-vaccinés que les vaccins fonctionnent… et en même temps expliquer aux vaccinés de ne pas approcher un non-vacciné parce que les vaccins ne fonctionnent pas ? Tel pourrait être l’intitulé de l’article paru le 25 avril 2022, dans le Canadian Medical Association journal. Mais, pour honorer le travail des chercheurs, nous allons nous efforcer de rester sérieux, ce qui ne va pas être simple.
L’article intitulé Impact du mélange de populations entre les sous-populations vaccinées et non vaccinées sur la dynamique des maladies infectieuses : implications pour la transmission du SARS-CoV-2 affirme que la mise au point du vaccin a été une réussite, "réussite qui ne peut être entravée selon les chercheurs que par les non-vaccinés qui feraient courir un risque d’infection aux vaccinés si ces derniers se mélangeaient à eux."
À partir de cette affirmation, un scientifique objectif ne peut-il pas en déduire que "le vaccin ne protège pas de la contamination" ?
Pour étayer leur démonstration, les chercheurs écrivent avoir constaté "qu’à mesure que le mélange de personnes semblables augmentait, les taux d'attaque chez les personnes vaccinées diminuaient de 15 % à 10 % (et augmentaient de 62 % à 79 % chez les personnes non vaccinées)".
Un telle affirmation et son raisonnement associé, ne peuvent qu'amener à comprendre l'utilité du passe sanitaire !!
Des modèles mathématiques à l'apparence scientiste
De prime abord, les mathématiques constituent une science puissante pour résoudre les problèmes. Noblesse des courbes, beauté des équations, splendeur des axiomes, semblent assurer la logique du raisonnement. La discipline donne de l’assurance et impressionne ceux qui n’y comprennent rien et qui, de fait, se retrouvent réduits à acquiescer à un raisonnement logico-déductif qui leur est proposé, voire imposé.
Toutefois, l’utilisation des mathématiques peut tomber dans le giron d’idéologues qui vont utiliser cet outil pour appréhender des phénomènes biologiques complexes comme l’apparition d’une nouvelle maladie, pour affirmer à la fois le caractère scientifique de leur démonstration, l’exactitude de leurs affirmations et le caractère intangible des lois qui découlent de leur raisonnement.
Ainsi, l'utilisation des mathématiques a déjà largement été dénoncée par le mathématicien Vincent Pavan, qui avait produit un violent réquisitoire contre une étude non revue par les pairs (Preprint), intitulée "Estiming the burden of Sars-CoV-2 in France". Il estimait être de la fausse science épidémiologique. C'est pourtant cette base contestable, qui a servi de justification à la mise en place du passe sanitaire, après l'avis favorable du Conseil scientifique.
Le phénomène n’est pas nouveau. Depuis le début de la pandémie, on entend parler de modèles mathématiques appliquées à des phénomènes biologiques complexes. Or, la notion de modèle peut se révéler très vite stérile, surtout lorsqu'il s'agit d'une nouvelle maladie ; en niant la nature de la complexité du vivant, un modèle mathématique est une coquille vide.
Cet usage des mathématiques afin de démontrer une hypothèse qui restera à l'état de modélisation, car non observable de manière empirique, est fort pernicieux parce qu'elle mène le commun des mortels à perdre confiance dans la science. De la même manière, s'il s'avérait que les vaccins n'étaient pas efficaces, méfiance et scepticisme grandiraient au sein de la population. Rappelons que la science doit faire usage de principe de réplicabilité dans le réel et qu'un modèle n'est qu'un outil de conceptualisation pour assister à une décision. Il ne se passe d'une étape de calibration qui amène à valider le modèle au réel.
Des interprétations qui nient tous les phénomènes biologiques, biochimiques et physiologiques
Prenons quelques-unes des affirmations pour les commenter.
" On s'attend à ce que la non-vaccination entraîne une amplification de la transmission des maladies dans les sous-populations non vaccinées, mais la nature transmissible des maladies infectieuses signifie que cela augmente également le risque pour les populations vaccinées, lorsque les vaccins confèrent une immunité imparfaite qui reconnaissent que l’immunité collective ne peut plus être atteinte depuis l’apparition des nouveaux variants. "
"L'émergence de la variante Omicron, très envahissante sur le plan immunitaire, pourrait compromettre certains de ces progrès, bien que l'administration de doses de rappel du vaccin puisse rétablir un haut niveau d'efficacité".
" L’'efficacité des vaccins contre le SRAS-CoV-2 pour ce qui est de réduire la gravité de la maladie et de perturber la transmission ultérieure, même en cas de percée de l'infection, a probablement sauvé de nombreuses vies."
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