Zika : l'angoisse des femmes enceintes devant l'avancée du virus au Guatemala
A huit mois de grossesse, Yolanda Tobar, 19 ans, attend son tour au milieu d'une centaine de ventres arrondis dans un hôpital guatémaltèque: cette visite médicale de routine a pris un tour angoissant devant l'avancée du virus Zika en Amérique latine. Des premiers cas ont également été signalés en Europe, alors que l'OMS s'alarme d'une épidémie "se propage de manière explosive" et estime le niveau d'alerte "extrêmement élevé".
"Je suis vraiment inquiète à l'idée que mon bébé puisse avoir une malformation. Nous, on peut supporter la fièvre et tout, mais les malformations et les conséquences sont pour le bébé", s'alarme cette jeune femme qui attend son premier enfant. Le virus Zika, contre lequel il n'existe aucun traitement ni vaccin, se transmet par piqûre de moustique. Il est présent dans 21 des 55 pays du continent américain, selon l'Organisation mondiale de la santé.
Si les manifestations sont le plus souvent de type grippal (fièvre, maux de tête, courbatures), chez les femmes enceintes, le virus peut être transmis au fœtus et entraîner des malformations congénitales, comme la microcéphalie, une malformation de la tête qui altère le développement intellectuel, voire entraîne la mort.
A l'image des autres femmes enceintes qui patientent dans cet hôpital public de la capitale du Guatemala, Yolanda Tobar dit avoir reçu peu d'informations sur cette maladie et ses symptômes, qui se déclarent dans les trois à douze jours après la piqûre de moustique, ni sur les risques pour les futurs bébés. En dépit d'un appel à la vigilance dans les hôpitaux publics du pays, aucun panneau d'information n'est visible dans cette salle.
Pour l'heure, ce pays d'Amérique centrale a enregistré, fin 2015, 68 cas d'infection alors que son voisin le Salvador recense 5.397 malades et le Honduras 608. Ailleurs sur le continent, le pays le plus touché par le Zika est le Brésil, où l'on dénombre près de 4.200 cas suspects de microcéphalie (dont quelque 70 décès) depuis octobre 2015 et la poussée du virus, contre seulement 147 bébés touchés en 2014.
Même si le lien causal direct entre virus et complications n'a pour le moment pas été établi, la Colombie, le Salvador, l'Equateur, le Brésil et la Jamaïque recommandent désormais aux femmes de ne pas tomber enceintes.
A quelques chaises de Yolanda, une autre femme semble au contraire tout ignorer du virus: "je n'ai rien entendu là-dessus. Je ne sais pas ce que c'est", affirme-t-elle. Les autorités sanitaires du pays estiment que le Guatemala est fortement exposé au virus mais se veulent rassurantes. "Avec des mesures préventives, le virus pourra être contrôlé", assure ainsi à l'AFP René Marroquin, un des responsables du service de gynécologie et obstétrique de cet établissement.
Selon l'épidémiologiste Karen Giron, si un patient est atteint du virus Zika, il sera placé à l'isolement durant cinq jours pour éviter qu'il soit piqué à son tour par un moustique qui pourrait infecter d'autres personnes.
Parmi les mesures pour lutter contre la propagation du virus au Guatemala, il est prévu de surveiller particulièrement les cas suspects de femmes enceintes présentant de la fièvre, de quantifier le nombre de nouveau-nés avec des malformations ou des complications neurologiques et de renforcer les mesures de prévention.
Comme la dengue et le chikungunya, Zika, qui tire son nom d'une forêt en Ouganda où il a été repéré pour la première fois en 1947, se transmet par piqûre de moustique du genre Aedes aegypti ou Aedes albopictus (moustique tigre).
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