Comment l'Union Européenne veut contrôler l'information grâce aux Big Techs. Partie 2) La toute-puissance financière des Big Techs
- Retrouvez la première partie de cette enquête : Comment l'Union Européenne veut contrôler l'information grâce aux Big Techs. Partie 1) Politique et info, un vieux couple français
Du fact-checking aux agences de renseignements américaines : aux origines d’une prison digitale.
INTRODUCTION - Pendant la crise du Covid-19, les principaux médias français ont relayé, sans réelle distanciation, la communication gouvernementale et les positions de l'industrie pharmaceutique. La défense des confinements et du “tout-vaccin” est devenue un axiome inattaquable, défiant toute approche scientifique raisonnable et équilibrée. Au lieu d'enquêter, de vérifier et de varier les sources afin de nourrir un débat contradictoire, des cellules de "fact-checking", intégrées au sein des rédactions de presse et financées par les Big Techs, ont court-circuité le rôle du journaliste et ont torpillé tout débat critique et complexe. Sous prétexte de lutte contre la désinformation, ces partenariats invasifs ont été appuyés par l'Union Européenne, y compris avec des subventions. Ils font apparaître un nouveau mécanisme capable d’influencer les opinions publiques sur n’importe quel sujet. En coulisses, d’autres acteurs troubles modèlent l’information, des think-tanks mais aussi diverses agences internationales du renseignement. Au sein de ce décor, le journalisme se transforme peu à peu en un inquiétant outil de contrôle et de surveillance des idées, avec des velléités de museler la liberté d’expression. L'Europe est-elle en train de devenir une prison digitale de l'information ? Enquête en plusieurs parties.
PARTIE 2 - Bien connues sous le sigle GAFAM, les Big Techs regroupent en premier lieu les américains Google-Alphabet, Apple, Facebook (désormais “Meta”), Amazon et Microsoft. Auxquels on peut rajouter quelques mastodontes transnationaux comme Twitter (États-Unis), Yandex (Russie, avec des investisseurs étrangers, dont américains), ByteDance, détenteur de TikTok (Chine, mais détenu à 53% par des intérêts américains).
En deuxième lieu, moins connues en Europe, faisant davantage partie des concurrents “outsiders” ou nouveaux venus et reprises sous le sigle de BATX : Baidu (Chine, le Google chinois), Alibaba (Chine, l'Amazon chinois), Tencent (Chine, mais avec un actionnariat sud-africain, propriétaire de WeChat) ou Xiaomi (Chine, détenteur de la plateforme Weibo, équivalente à Meta-Facebook). Au sens large, dans un paysage économique mouvant, aux actionnariats internationaux complexes, les GAMAM (avec “Meta”) ajoutées aux BATX forment ce que l'on nomme les Big Techs.
La plupart ont acquis une puissance financière jamais vue, ont détrôné les mammouths de l'industrie pétrolière, dépassé de la tête des épaules les grands groupes de médias (Disney, ATT, Comcast), mis en joue les groupes de télécoms et même concurrencé sans retenue le secteur bancaire.
Ces conquêtes leur octroient des positions quasi hégémoniques : elles sont notamment devenues un passage obligé pour la production et la diffusion de l'information au sein de nos sociétés. Fin 2020, les GAMAM dépassaient les 6000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Les BATX dépassent désormais les 1300 milliards (dont près de 500 milliards pour Tencent). À elle seule, Microsoft a dépassé début 2021 les 2 000 milliards.
Fortunes équivalentes au PIB de certains pays
Les dirigeants ou fondateurs de Big Techs sont devenus des personnalités de premier plan, starifiées, intervenant dans le débat politique et économique de nombreux pays. Leur enrichissement et leur influence sont colossaux. Jeff Bezos (Amazon) a tellement gagné d'argent ces trois dernières années que sa richesse personnelle est en passe de rivaliser avec les produits intérieurs bruts de pays comme la Nouvelle-Zélande ou la Grèce.
Nolens volens, les multiples services du numérique promus par les Big Techs et leurs diverses entreprises ont colonisé notre quotidien, de YouTube (hébergement vidéo et média social, 80 000 vidéos vues à la seconde dans le monde, propriété de Google-Alphabet) à toutes les formes possibles de micro-blogs et réseaux sociaux comme LinkedIn (dédié aux professionnels, 774 millions d'inscrits, propriété de Microsoft) en passant par Facebook (près de 2 milliards de connexions quotidiennes). La mise au point et la prépondérance progressive de ces services particulièrement addictifs ne doit rien au hasard. En occident, peu de courageux parviennent à s'en passer complètement.
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