De l'oxygène sur "Tchouri" : la bouleversante découverte de Rosetta
Certains pouvaient croire que la comète 67P/ Tchourioumov-Guérassimenko avait fini de nous surprendre. Mais c'était sans compter sur le fin nez de Rosetta. La sonde en orbite autour de "Tchouri" a surpris le monde entier, même la communauté astronomique, en relevant des traces de dioxygène (O2, celui là même que nous respirons) dans le sillage de la comète: "Nous avons multiplié les vérifications pour être sûrs de notre coup" a témoigné Kathrin Altwegg, physicienne à l'université de Berne et responsable principale de Rosina, le spectromètre embarqué à bord de Rosetta.
Le dioxygène est bien là, et en quantité importante: en moyenne 3,85% par rapport à la vapeur d'eau, le principal gaz présent dans la trainée des comètes. Mais inutile de fantasmer, cela ne signifie toujours pas qu'il y a de la vie sur ce caillou glacé et aride de quatre kilomètres de long.
En revanche, la découverte est très importante car si l'oxygène sous forme d'atome libre (O) est le troisième élément le plus commun dans le cosmos, le dioxygène est lui très rare dans l'espace interstellaire. Il en avait déjà été détecté sur les lunes de Jupiter ou Saturne mais jamais sur une comète.
Mais d'où peuvent provenir ces émanations de dioxygène? Une certitude, le gaz ne se forme pas à la surface de la comète car alors les mesures auraient montré une forte variation des taux. Tout suggère qu'il provient du noyau de la comète. Reste à savoir à quel moment il y a été emprisonné.
La théorie qui semble tenir la corde pour l'instant est que ce dioxygène a été piégé lors de la formation de la comète, soit il y a 4,6 milliard d'années. A l'époque, un immense "nuage" de matière s'est effondré sur lui-même créant le Soleil et son cortège planétaire. C'est d'ailleurs ce qui rend les comètes si intéressantes. Elles sont le vestige intact de la naissance de notre système solaire. De l'oxygène aurait donc été présent dans le "nuage", ce qui boulverse les projections faites sur la création de notre système.
Une autre théorie suppose que le gaz se soit formé peut après la formation de la comète, sous l'action du soleil sur d'autres molécules. Le rayonnement aurait pu casser des molécules d'eau (composée d'hydrogène et d'oxygène), permettant la création de dioxygène.
La composition du "nuage" est aussi un élément dans la recherche de l'origine de la vie. "La question c'est qu'est-ce qu'il s'est passé il y a 4,5 milliards d'années et ce qui a donné naissance à notre système? (...)Est-ce qu'il y a eu des éléments particuliers qui ont fait que notre système est devenu notre système et notre Terre est devenue notre Terre avec la vie qu'elle porte?", expliquait en août dernier à France Inter l'astrophysicien Jean-Pierre Bibring, responsable scientifique de du robot Philae.
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