Espace : portrait de Thomas Pesquet, le seul astronaute français en activité

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Pierre Plottu
Publié le 27 octobre 2014 - 17:37
Mis à jour le 13 novembre 2014 - 17:17
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Thomas Pesquet.
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©ESA/M. Koell
Thomas Pesquet sera le 10e Français à être allé dans l'espace.
©ESA/M. Koell
Ingénieur aérospatial, pilote et sportif accompli, Thomas Pesquet a été choisi, en mars dernier, pour une future mission de six mois à bord de la Station spatiale internationale. Un rêve d’enfant qui se réalise pour ce Normand, qui deviendra le plus jeune Européen à être allé dans l’espace.

Agé d’à peine 36 ans, il est le plus jeune spationaute européen. Le seul Français également. Thomas Pesquet a été désigné par l’Agence spatiale européenne pour s’envoler vers la Station spatiale internationale en décembre 2016. 

Il deviendra ainsi le 10e Français à partir dans l’espace, huit ans après Léopold Eyharts, et marchera dans les pas de Jean-Loup Chrétien ou encore des époux Claudie et Jean-Pierre Haigneré.

"L’espace a toujours été un rêve d’enfant… Mais je disais cela un peu comme d’autres peuvent dire qu’ils veulent gagner la Coupe du monde, je n’y croyais pas", assure à FranceSoir Thomas Pesquet. Tout petit déjà, dans la maison familiale de Beauval-en-Caux, près de Dieppe (Seine-Maritime), son frère et lui s’imaginaient parcourant l’immensité étoilée à bord de la navette –en carton– fabriquée par leur père.

Ce fils d’enseignants confie qu’il avait un accord avec ses parents: du moment que ses résultats scolaires étaient bons, ils le "laissaient tranquille". Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le jeune Thomas a rempli sa part du contrat. Bac S en poche, il enchaîne avec une prépa scientifique (les fameuses "maths sup/maths spé") puis Supaéro, une grande école d’ingénieur. Un diplôme qu’il décroche en 2001, avec l’option Espace, forcément.

Il gagne ainsi une tranquillité qu’il met à profit pour faire du saxophone et du sport. Ou plutôt des sports: judo (il est ceinture noire), course à pied, basket, rugby, VTT, mais aussi alpinisme, plongée, parachutisme... Impressionnant! "Oui, mais je ne suis vraiment bon dans rien", tempère-t-il, modeste.

La tête dans les étoiles

Côté carrière, une fois son diplôme d’ingénieur en poche en 2001, Thomas Pesquet passe deux ans au Centre national d’études spatiales (CNES) puis rejoint ensuite les rangs d’Air France en 2006. Aviateur amateur chevronné, il décroche sa licence de pilote de ligne à tout juste 28 ans et cumule aujourd’hui plus de 2.500 heures de vol et un statut d’instructeur sur A320 au sein de la compagnie française.

Mais, si voler est une passion, Thomas Pesquet avoue avoir toujours gardé dans un coin de sa tête son envie de quitter la Terre pour les étoiles. "J’ai toujours tendu vers cet objectif: devenir ingénieur aérospatial, pilote, faire du parachutisme… Je ne l’ai pas fait en me disant que ça me permettrait d’être un jour astronaute, c’est juste que, dans ces activités, je touchais mon rêve du doigt", explique-t-il.

Un rêve qui prend forme lorsque l’Agence spatiale européenne ouvre, en 2008, une nouvelle session de sélection de spationautes, la première depuis 1992. Car l’agence ne recrute que tous les 16 ans, tant la formation des heureux élus est longue et difficile. 

Sur plus de 8.000 candidats remplissant les pré-requis pour se présenter au concours (avoir entre 27 et 37 ans et être titulaire d’un bac+5 en médecine, biologie, recherche, ingénierie ou pilotage), seuls 6 ont été retenus. Dont Thomas Pesquet, qui assure pourtant y être allé "sans illusions, persuadé que beaucoup d’autres étaient meilleurs".

Le spationaute à l’entrainement, à Houston (Etats-Unis). ©NASA/ESA/J.Blair

Cela ne l’a pas empêché de jouer sa chance à fond, lui qui affichait un CV impressionnant pour son âge et idéal pour un aspirant spationaute. Le tout doublé du caractère recherché: quelqu’un de calme, sachant garder la tête froide, ayant les pieds sur terre et l’esprit d’équipe.

Car, non content d’afficher une carrure d’athlète (1,85m pour 85kg), de beaux yeux bleus et une tête bien faite (il parle six langues), l’astronaute est également quelqu’un qui ne cherche pas à se mettre en avant. "Je ne suis pas Superman", disait-il récemment à La Dépêche

Une anecdote, survenue lors des sélections de l’ESA, tend également à le prouver: "Je me souviens avoir été l'un des seuls postulants à répondre correctement à cette question pendant les tests: “Dans l'espace, ton collègue spationaute casse une antenne. Le centre de contrôle t'appelle pour te dire que certains paramètres ne lui parviennent plus. Il demande pourquoi. Ton collègue répond qu'il ne s'est rien passé. Que fais-tu?” Naturellement, j'ai répondu que c'était moi qui avais cassé l'antenne. L'essentiel, c'est que le centre de contrôle ait l'information", a-t-il raconté au Parisien

Noël en apesanteur

Très actif sur les réseaux sociaux, travailleur acharné (il dit réviser tous les soirs jusqu’à "23h-minuit") et dévoreur de livres, le spationaute est actuellement accaparé par la préparation de sa mission.

A la Cité des Etoiles, près de Moscou, d’où il a répondu par téléphone aux questions de FranceSoir, il enchaîne les entraînements: simulations de sortie extravéhiculaire, passages en centrifugeuse, procédures, stages de survie, protocoles des expériences scientifiques qu’il devra réaliser à bord de l’ISS...

De décembre 2016 à mai 2017, le spationaute tricolore séjournera à plus de 450km de la Terre. Une mission de six mois durant laquelle il fêtera Noël, le Jour de l’an et son 39e anniversaire (le 27 février) à 450km en orbite. "Ce sera sans alcool, malheureusement", plaisante Thomas Pesquet, mais pas sans menu spécial, d’autant que c’est Alain Ducasse qui prépare les rations des français.

Accaparé par un entraînement intense, il concède que sa compagne (chercheuse à l’INRA) et ses proches lui manquent, mais assure vivre un rêve éveillé. D’autant que, si tout se passe bien, sa carrière peut encore durer une vingtaine d’années.

"Ca tombe bien car 20 ans, ce devrait être le temps nécessaire pour que des vols vers Mars ou un astéroïde aient lieu… Ce sera peut-être bon pour moi", sourit-il, avant de préciser: "mais même si ce n’est pas moi, l’important c’est que cela se fasse".

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