Intelligence artificielle dans les écoles : une transformation de l'éducation mondiale
TECH - L'intégration de l'intelligence artificielle (IA) dans les écoles à travers le monde s'accélère, marquant une nouvelle ère. Porté par l'agenda 2030 des Nations unies avec la collaboration de l'Unesco, ce projet vise à transformer l'apprentissage en exploitant les capacités de l'IA.
En septembre 2015, lors du sommet des Nations unies pour le développement durable à New York, les États membres ont formellement adopté l'agenda 2030. Il regroupe 17 nouveaux objectifs, parmi lesquels figure celui du développement durable propre à l'éducation. Cet objectif vise à "garantir une éducation de qualité, inclusive et équitable, et à promouvoir les opportunités d'apprentissage tout au long de la vie pour tous".
L'Unesco occupe une position centrale dans la promotion de l'IA éducative dans le contexte de l'agenda 2030 des Nations Unies. Les pays participants s'engagent activement à investir dans les technologies éducatives et à favoriser l'accès à l'éducation grâce à l'IA, marquant ainsi une étape significative vers une transformation éducative mondiale.
La Chine, un des pays pionniers de l'intelligence artificielle éducative
Certains pays ont déjà intégré l'IA dans leurs systèmes éducatifs. La Chine, par exemple, a mis en place des programmes d'apprentissage personnalisé basés sur l'IA. Le gouvernement a investi massivement, notamment par le biais d'allégements fiscaux et d'autres incitations, dans des outils tels que la plateforme de tutorat adaptatif Squirrel AI, qui reposent sur des ensembles de données à grande échelle et la surveillance par caméra.
À Kumamoto, au Japon, des robots sont utilisés pour combattre l'absentéisme scolaire. Les élèves peuvent utiliser des appareils depuis chez eux pour contrôler à distance des robots les représentant à l'école. Ce processus leur permet de participer aux cours et aux discussions malgré les taux d'absentéisme croissants liés à l'anxiété et au harcèlement.
Outre-manche, une école, la Cottesmore School, a nommé un robot doté d'intelligence artificielle, Abigail Bailey, comme directeur principal. Développé en collaboration avec un spécialiste en IA, ce robot assiste le directeur de l'école, Tom Rogerson, en lui fournissant des conseils sur divers aspects, de la gestion du personnel à la rédaction des politiques scolaires, fonctionnant de manière similaire à ChatGPT.
MIA Seconde en France à partir de 2024
D'autres pays investissent également massivement dans des programmes de préparation des enseignants à l'IA et dans des exigences nationales en matière de programmes d'études. Singapour a récemment annoncé une initiative nationale visant à développer la culture de l'IA chez les étudiants et les enseignants afin de s'assurer qu'ils comprennent les risques et les avantages de la technologie. D'ici 2026, une formation sur l'IA dans l'éducation sera proposée aux enseignants de tous niveaux, y compris ceux en formation.
La Corée du Sud alloue également des ressources substantielles pour la préparation des étudiants. D'ici 2025, le pays vise à intégrer des cours sur l'IA dans son programme national à tous les niveaux scolaires, à commencer par le lycée. L'unité Keris du ministère coréen de l'Education conçoit et pilote un vaste programme de formation des enseignants à l'IA et à d'autres technologies. Le centre de l'avenir de l'éducation du ministère propose des salles de classe modèles où les visiteurs peuvent découvrir l'utilisation des technologies de pointe dans l'enseignement.
À partir de la rentrée 2024, en France, l'Éducation nationale introduira MIA Seconde, un outil d'intelligence artificielle pour personnaliser l'apprentissage du français et des mathématiques au lycée. Cette initiative, annoncée par le ministre de l'Éducation Gabriel Attal le mardi 5 décembre 2023, représente un nouveau cap dans le système éducatif français.
Restriction de la liberté de pensée
L'introduction de l'intelligence artificielle (IA) dans les écoles suscite des inquiétudes éthiques, notamment en matière de confidentialité des données, de biais algorithmique et de dépendance excessive à la technologie. Outre ces préoccupations, l'utilisation de l'IA dans l'éducation comporte des risques lié à la pensée unique et à la restriction de la liberté de pensée.
Les systèmes d'IA peuvent tendre vers une uniformisation de l'apprentissage, introduire des biais culturels, restreindre la diversité intellectuelle et influencer l'opinion en la manipulant. Cette orientation vers la conformité soulève des inquiétudes quant à la capacité des élèves à développer un esprit critique et à remettre en question les informations présentées.
L’accord trouvé par le Parlement européen et le Conseil de l’Union Européenne sur la réglementation de l’intelligence artificielle en Europe, baptisée AI Act, vendredi 8 décembre à Bruxelles, pourrait potentiellement poser des limites supplémentaires. En exigeant des développeurs des garanties plus strictes, la réglementation pourrait favoriser une convergence de pensée au lieu de promouvoir la diversité.
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