Les animaux moches davantage menacés d'extinction que les autres
Les humains réussissent mieux dans la vie quand ils sont beaux. Ce constat semble également s'appliquer aux animaux. En effet, d'après une étude australienne publiée le 6 mars la Mammal Review, les animaux jugés moches par les humains seraient d'avantage menacés d'extinction que les autres.
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs des universités de Murdoch et de Curtin ont répertorié 331 mammifères terrestres australiens et les ont classés en trois catégories: les beaux, les méchants et les moches. Ils ont ensuite comparé le nombre d'études consacrées aux différentes espèces. Le résultat est sans appel: les beaux animaux (kangourous, koalas) sont étudiés principalement sur leur physiologie et leur anatomie et les méchants (le lapin australien, les renards) sur leur place dans l'écosystème. Mais les moches (les chauves-souris, les rongeurs), qui représentent pourtant 45% des espèces prises en compte, intéressent beaucoup moins.
"Les Australiens seraient étonnés de savoir combien d’espèces de chauves-souris et de rongeurs vivent dans leur pays. Mais on ignore tout de ces animaux, alors que tout le monde sait à quoi ressemble les kangourous ou les koalas", déplore le docteur Patricia Fleming, coauteur de l’étude, citée par Le Monde. Car pour recevoir des financements pour leurs études, les scientifiques préfèrent se pencher sur des animaux qui séduisent le grand public. Quant aux espèces invasives, elles coûtent à l'économie australienne plus de 180 millions d'euros liés à des pertes agricoles chaque année, ce qui explique qu'on s'y intéresse.
Mais force est de constater qu'une bonne partie des animaux moches et ignorés sont en voie de disparition. Comme l'explique Le Monde, 14 des 30 mammifères disparus en Australie depuis 1788 sont des rongeurs. Et, aussi laids soient-ils, ces animaux sont nécessaires à l'écosystème. "Il est bien plus facile de surveiller les koalas que les microchiroptères (un sous-ordre de chauve-souris), mais quand on réalise que les microchiroptères mangent des insectes pour nous alors que les koalas sont plus susceptibles de tuer des arbres, cela fait réfléchir", note la revue The Conversation.
Or il est difficile de protéger les espèces moches de l'extinction quand on ignore tout d'elles: "leur habitat est à peine cartographié et les informations concernant leur biologie sont trop peu nombreuses", souligne Le Monde. Ainsi, les recherches mondiales "ne reflètent pas forcément l'évolution des besoins de la recherche mais ont tendance à suivre l'argent'", dénoncent les scientifiques.
D'après The Conversation, l'Australie figure parmi les 40 Etats consacrant le moins d'argent à la préservation des espèces animales. Peut-être serait-il donc temps de créer, comme au Royaume-Uni, une association pour protéger les animaux laids, avance la revue.
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