Lutte contre le terrorisme : le CNRS présente les conclusions de ses travaux

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 28 novembre 2016 - 19:45
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Les projets, mis en lumière par le CNRS, vont des sciences humaines et sociales à la chimie en passant par l'informatique ou la biologie.
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Des chercheurs du CNRS ont présenté ce lundi les premières conclusions d'une série de travaux visant à contribuer à la lutte contre le terrorisme. C'est après les attentats d u 13 novembre que l'organisme avait annoncé le financement de 66 projets pour offrir "sinon des solutions, du moins de nouvelles voies d'analyse et d'action".

Mieux comprendre les phénomènes de radicalisation, se protéger des attaques biologiques, améliorer la traque des terroristes: des chercheurs du CNRS ont présenté ce lundi 28 les premières conclusions d'une série de travaux visant à contribuer à la lutte contre le terrorisme. Peu après les attentats parisiens du 13 novembre 2015, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) avait annoncé le financement de 66 projets pour offrir "sinon des solutions, du moins de nouvelles voies d'analyse et d'action" dans la lutte anti-terroriste. Des projets allant des sciences humaines et sociales à la chimie en passant par l'informatique ou la biologie.

A titre d'exemple, le sociologue William Gasparini et son équipe enquêtent depuis 8 mois en Alsace dans le monde du football amateur. Un travail visant à vérifier ou non l'existence de prosélytisme religieux dans les clubs de sport, après des accusations en ce sens relayées en octobre 2015 par une note des services de renseignement. "Nous avons noté des pratiques religieuses dans certains clubs d'Alsace mais rien qui fait le lien avec la radicalisation", explique à l'AFP le chercheur, qui a présenté ses premières conclusions lundi lors d'un colloque organisé au siège du CNRS. "Les clubs de football ne sont pas des vecteurs de communautarisme et de radicalité, c'est plutôt dans d'autres activités pratiquées hors club comme le futsal (football en salle)" ou dans les salles de fitness, explique-t-il.

Un autre sociologue, Sebastian Roché, auteur du livre De la police en démocratie s'est penché sur la pré-radicalisation chez les collégiens, sur les raisons qui peuvent les rendent réceptifs à la propagande extrémiste. Il a mené deux études complémentaires sur des échantillons de 22.000 et 11.000 collégiens en France et en Allemagne. Selon lui, deux facteurs doivent être "empilés" pour entraîner une radicalisation. Tout d'abord, le fait pour un jeune d'avoir une religion, quelle qu'elle soit, a tendance à éloigner le sujet d'une "identification" à la France: "religion et nation se repoussent", constate-t-il. Ensuite, le fait pour un jeune de penser que "la violence est juste" et d'être passé par un "apprentissage dans la violence".

En matière de lutte contre le terrorisme, les sciences "dures" sont aussi appelées à la rescousse. Alexandra Ter Halle et Emile Perez, chimistes au Laboratoire IMRCP de Toulouse, développent des matériaux - appelés organigènes microporeux - qui ont la capacité de piéger des substances. Après les attentats, ils ont eu l'idée d'utiliser ces matériaux "pour capter des odeurs corporelles de façon à avoir une signature olfactive d'une personne" et "faire une correspondance entre les odeurs qu'on capte sur une scène de crime ou d'attentat et un suspect", explique Émile Perez.

On peut porter des gants pour éviter les empreintes mais "on n'échappe pas à son odeur" même en utilisant du parfum. Jusqu'ici les chercheurs avaient utilisé ces "capteurs" dans le domaine de l'environnement pour doser des polluants ou pour le diagnostic médical. Les chercheurs, comme la plupart de leurs confrères présents lundi, sont en quête de nouveaux financements pour améliorer leurs prototypes.

Le domaine des attaques biologiques et chimiques est également au programme de ce vaste programme, afin d'"envisager le pire pour pouvoir l'éviter". La biologiste Martine Caroff établit des biomarqueurs de bactéries classées dans le cadre du bioterrorisme pour permettre une détection rapide en cas d'attaque. "Nous ne sommes pas des spécialistes de la +biodéfense+ mais nous sommes spécialistes de certaines bactéries", dit la chercheuse, souhaitant "apporter sa pierre à l'édifice".

Globalement, dans le cadre de cette initiative multi-disciplinaire inédite du CNRS née du choc des attentats du 13 novembre 2015, "un certain nombre de projets mettent en lien les chercheurs et les acteurs de terrain, les ministères, la défense, la police, en France, cela ne se fait pas trop", constate Fabrice Boudjaaba, historien au CNRS et membre du comité de pilotage de ce programme "Attentats-Recherche".

 

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